Biographie

Paulina DALMAYER

© Jérôme Schlomoff - 2014

Oeuvre(s)

" Aime la guerre "

Roman

Fayard

Née en Pologne, Paulina Dalmayer est arrivée en France à l’âge de 23 ans, où elle a soutenu une thèse de doctorat consacrée au journalisme européen. Elle écrit pour Causeur et pour divers titres de la presse polonaise.

Certains corps résistaient mieux à la guerre que d’autres. Mais ceux-là non plus ne sortaient pas intacts de l’épreuve. Indépendamment du nombre de guerres qu’ils avaient supportées et auxquelles ils avaient survécu, ce n’étaient pas des corps sains ni, moins encore, des corps vainqueurs. Presque toujours c’étaient des corps redimensionnés, découpés bizarrement, des corps dont les lignes n’avaient rien à voir avec celles de corps qui n’ont connu que des parcours pacifiés. Il y avait ces corps de vieux Afghans comme faits de plâtre sec et qui marchaient lentement, courbés à l’équerre sans qu’il soit possible de deviner ce qui les animait de l’intérieur. […] Et il y avait les corps des guerriers. Celui de Robert, élastique et nerveux, toujours en alerte, jamais délassé, prompt à bondir en toute circonstance. Celui de Bastien, gonflé par mille exercices quotidiens, soumis à des régimes protéinés, vitaminés, alcanisants, bourré de caféine et de créatine, de nectar et d’ambroisie ;  un corps taillé en hercule, parfait au point de projeter une illusion d’immortalité. Il y avait le corps de Connor, couvert de tatouages propitiatoires qui devaient plaire aux dieux et effrayer les mortels.  
– Eh, Hanna…, m’avait-il dit. Tu ne connais pas encore cela… Mais une fois qu’ils t’auront tiré dessus, plus jamais tu ne ressentiras quelque chose de mieux! Le sexe, le casino, la chute libre, le fric, le premier gosse…
Rien ne vaut d’avoir été une fois sous le feu !

« Plume émérite de la revue Causeur, Paulina Dalmayer, dont le personnage de Hanna est presque le double parfait, est une perfectionniste. Elle aime détailler, éclairer et analyser. Dans son livre aux allures de microscope géant, elle scrute et décompose avec des mots choisis l'inconstance de l'amour, l'étrange fascination humaine pour le mal et la violence, l'héroïsme vertueux et vicieux à la fois, la loyauté, la trahison, la lâcheté, la peur… Pour tenter de comprendre les hommes à travers ce qu'ils font de pire : la guerre. » (Marie Rogatien, Le Figaro, 20 septembre 2013)