Biographie

Fanny SAINTENOY

Oeuvre(s)

" Juste avant "

roman

Flammarion

Professeur de français langue étrangère, puis responsable du centre d'apprentissage des langues de la Cité internationale universitaire de Paris, Fanny Saintenoy travaille aujourd'hui au Cabinet du Maire de Paris.

« Voici un texte qui alterne poésie douce et drôlerie franche. Par la voix d'une très vieille dame sur son lit de mort et par celle de son arrière-petite-fille, une jeune femme que la vie moderne bouscule, cinq générations parlent. Face aux duretés de la vie, face à la mort qui sème la zizanie, leurs histoires transmettent une gaieté indéfectible. Un premier roman, un récit court qui traverse le siècle, réussite rare de vigueur et de simplicité.» (présentation de l’éditeur)

« Ce qui pourrait être une histoire sinistre devient, grâce à la sobriété, à l'élégance et l'humour de Fanny Saintenoy, tendre et drôle. On traverse le XXème siècle, ses guerres, ses espoirs, ses tragédies, et l'on suit une famille, avec ses malheurs liés à l'Histoire, ses bonheurs et ses désastres intimes. » (Josyane Savigneau, Le Monde des Livres, 19 août 2011)

Ma vieille pomme, dans le couloir, quand je venais te voir à la Madeleine, j'avais toujours l'appréhension d'en prendre un coup, il faut se gonfler un peu les épaules avant de pénétrer dans une maison de retraite, se faire une petite carapace de protection. Rien que l'odeur, et puis pousser la porte du service, on entrait dans un autre monde, celui de la désespérance. J'avançais lentement, la décrépitude impose le silence. Je jetais des coups d’œil à droite et à gauche, toutes les deux portes. Les vieilles dans leurs fauteuils, le fauteuil ou le lit, regards vides et perdus devant la télé allumée seulement pour faire du bruit, une pure tristesse de chien dans les yeux quand elles se tournaient pour me voir passer. Des bras secs et pendants au-dessus des couvertures miteuses, éventail d'odeurs âcres et fades. Un autre genre de couloir de la mort. Comme un film au ralenti, je vois ta silhouette tout au bout, frêle, accoudée à la barre, l'épaule qui traîne un peu le long du mur. Ton visage se transformait tout doucement, le temps que tu plisses les yeux plusieurs fois pour nous reconnaître. J'aimais que tu oublies toujours les dates de nos visites, comme ça tu avais l'air surpris, à chaque fois, c'était ma récompense.