Biographie

Sylvie TAUSSIG

Oeuvre(s)

" Prison "

Roman

Editions Ecarts

Née en 1969 à Paris, Sylvie Taussig intègre l'Ecole Normale en 1988. En 1991, elle est reçue à l'agrégation de Lettres classiques et entre comme lectrice auprès de plusieurs maisons d'édition aussi bien en littérature française qu'étrangère. En 1995, elle soutient une thèse de doctorat sur Les lettres latines de Gassendi. Depuis 1999, Sylvie Taussig est chargée de recherches en philosophie au CNRS.
Outre ses publications universitaires, elle publie régulièrement dans la revue le Nouveau Recueil et le magazine Bonne Soirée. Prison est son premier roman.
Roman sans concession, Prison nous fait pénétrer dans la prison pour femmes de Saint-Maur et dans l'univers de Clarisse Soderini, condamnée à perpétuité pour un crime innommable, dont la nature sera à peine suggérée.
Prisonnière presque irréprochable, Clarisse semble accepter sa peine comme si elle avait voulu être là. Son attitude, jugée supérieure, irrite. Les prisonnières en premier lieu car «l'isolée est l'objet coutumier de leurs railleries et de leurs vexations plus sévères, comme une qui consent à sa condamnation à perpétuité et, au lieu de faire des salades, incarne le renoncement dont elles sont incapables».
Mais aussi les surveillantes car les brimades n'ont pas de prise sur elle, de même qu'elle refuse les adoucissements informels et monnayables proposés par les gardiennes. Par son attitude, elle perturbe la règle du jeu des pouvoirs implicites entre chaque détenue et leurs surveillantes.
Toute cette promiscuité absurde du monde carcéral, toutes les souffrances, toute la méchanceté et la mesquinerie de ce monde replié sur lui-même sont décrites avec froideur par un narrateur, oeil à la fois intérieur et extérieur à Clarisse Soderini. Sylvie Taussig n'épargne personne tout en justifiant de manière presque philosophique les raisons de chacun d'être là.
La honte de cette taulière dont «les deux fillettes font souvent mourir leur maman, pour éviter de dire sa profession» ; Jean, le visiteur qui rêve d'amour et de vertu et qui vit à travers ces détenues qu'il trouve extraordinaires ; Lulu, l'infanticide, elle même encore une gamine et Clarisse Soderini, l'étrangère au sens camusien du terme, qui tente de découvrir son présent, passé et avenir n'ayant plus aucune existence réelle.
En apparence détachée de tout, Clarisse ne désire qu'une seule chose : un miroir. Et lorsqu'elle en dérobe un petit morceau «elle se regarde, se voit soudain, son oeil en nénuphar explosé, sa pommette d'os ; elle hurle». A partir de ce moment tout bascule dans cette nuit de Noël qui «sent le meurtre».
Sylvie Taussig signe une fin de roman apocalyptique. Nous sommes en 1975 à la veille des grandes émeutes des prisons. Mais que s'est-il réellement passé ? L'écrivain laisse les portes ouvertes.