Biographie

François-Xavier MOLIA

Oeuvre(s)

" Fourbi "

Roman

Editions Gallimard

François-Xavier Molia est né en 1978 à Bayonne. Après hypokhagne et khagne au Lycée Henry IV, à Paris, il intégre l'Ecole Normale supérieure. Il s'est mis, cette année, en congé de la rue d'Ulm pour préparer un DEA sur la littérature de la Renaissance. L'an prochain, il suivra sa dernière année à l'Ecole Normale tout en préparant l'agrégation de lettres modernes.
Fourbi est le premier roman de François-Xavier Molia. Il a publié, par ailleurs entre 1996 et 1998, quatre nouvelles qui, primées lors d'un Concours National jeunes écrivains, ont pu être éditées. Il vient d'achever une pièce de théâtre et travaille actuellement sur un second roman.
Mettant en scène une étrange confrérie d'inquisiteurs qui enquêtent sur un habitué de la
Bibliothèque de Beaubourg (Gaspard Fourbi), Fourbi se présente comme un faux polar. Au roman policier, il emprunte sa construction narrative, son suspense, ses thèmes, mais le propos est tout autre : «J'ai voulu déplacer le centre de gravité, -explique François-Xavier Molia-, glisser de l'objet de tous les regards [Gaspard Fourbi] à ceux qui regardent eux-mêmes [les inquisiteurs], montrer la dérive psychologique de tous ces personnages apparemment ordinaires, en proie à leurs fantasmes, leurs illusions, leurs désillusions, leur folie».
Le récit est construit à l'aide de lettres ou rapports d'inquisitions qui déroulent l'histoire. Il s'agit de réunir les preuves subjectives qui légitimeront la liquidation de Gaspard Fourbi, victime désignée. Le ton est plutôt drôlatique mais, et c'est une des forces du livre, diffuse une atmosphère assez angoissante. Le décalage entre les détails anodins du quotidien et l'interprétation qui en est faite par les rapporteurs, est grinçant (le portrait de Lady Di est interprété comme l'effigie de Diane, "la figure tutélaire des sorcières depuis l'Antiquité"). Le portrait de chaque inquisiteur est bien campé : Martin, l'apprenti zélé et obsessionnel; François, l'écrivain "pilleur d'âme" qui pense que «tremper sa plume dans le sang revigorera [s]on style» ; Abel, le mythomane paranoïaque ; Alexia, ancienne professeur, qui «possède cette sensibilité esthète qui fait les grands assassins» et Maître Ivan-Alexis Cormiarof (anagramme parfait de François-Xavier Molia), hiérarque de l'inquisition dépositaire du souvenir de ses propres Maîtres, cynique de désabusé, qui attend «la lame de fond qui enverra l'Inquisition rejoindre le cimetière des noyés».
Fourbi est aussi une sorte de canular qu'annonce, d'entrée, la fausse note de l'éditeur. «C'est un livre qui est lui-même un artifice» ; tout y est faux, y compris les références historiques sur l'Inquisition , les documents produits, les thèses faisant de Sartre un plagiaire et de Hugo un existentialiste... Fourbi est «une construction intellectuelle, un jeu» dans la lignée de Georges Perec, écrivain auquel François-Xavier Molia a consacré son mémoire de maîtrise.