Biographie

Laurent MAUVIGNIER

Oeuvre(s)

" Loin d'eux, apprendre à finir "

Roman

Editions Minuit

Né en 1967, à Tours, Laurent Mauvignier est l'auteur de deux romans : Loin d'eux, paru en 1999 et Apprendre à finir, paru en 2000.
Laurent Mauvignier est l'écrivain de la douleur, de l'incommunicabilité ; ses livres ont la force du murmure et la puissance du cri. A travers ses deux premiers romans, Mauvignier montre une maîtrise extraordinaire à exprimer l'impossible à dire. Il sait l'emploi subtil de ce que Nathalie Sarraute nommait la «sous-conversation», cette habilité à faire glisser la parole avec des mots anodins qui atteignent la violence d'un projectile. Il sait contenir le chagrin dans un flux intérieur et séquestrer à perpétuité le désespoir.
Loin d'eux dressait le tableau d'une famille disloquée par un deuil : six voix se mêlaient pour dire, à la première personne, le mystère d'une mort - le suicide de Luc - pour dire la douleur de se taire, pour hurler la désespérance de l'inconsolable.
Alternant les monologues, Mauvignier mêlait passé et présent, la voix de Luc et celles de sa famille qui ne l'a jamais compris ou plutôt qui n'a jamais été capable d'exprimer son amour ; il donnait à entendre les pensées informulables de tous ces gens brûlés par le malheur de n'avoir pas su parler lorsqu'il était encore temps, la douleur d'être «dévorés par ces mots qui manquent».
Avec Apprendre à finir, Laurent Mauvignier donne à entendre la voix d'une femme meurtrie. Son pari est déjà dans ce choix : raconter du point de vue d'une femme assez âgée l'amour qu'elle éprouve pour son mari. Traduire l'émotion qu'elle ressent à être près de lui, et la peur qu'elle a de le perdre. Déjà, il aurait dû la quitter mais un accident de voiture a différé la séparation. L'histoire commence sur un faux espoir : «Mais maintenant qu'il est revenu [de l'hôpital] je me disais qu'il reviendrait de sa colère. Qu'il réapprendrait à me voir (...). Je me disais : nous allons réapprendre.
Nous allons refaire les gestes de ceux qui apprennent, de ceux qui commencent. Nous allons faire ça, nous, à rebours, retourner vers le début...». Mauvignier restitue toute la schizophrénie qu'implique la douleur, la rupture ; il fait tenir dans un même monologue le projet et l'intuition douloureuse de son impossibilité, l'espoir et la réalité brutale, le mensonge qu'on se fait et la conscience qu'on en a. L'écriture, extraordinairement accordée à ce cheminement mental, donne littéralement à voir ce mélange d'aveuglement et de savoir ancré en elle.
Apprendre à finir est une douleur en marche, une douleur à la recherche vaine d'une sérénité résignée : «Rien ne change. Tout est déjà là. Rien, il n'y a qu'à attendre ce jour qui nous délivrera de l'illusion des autres , c'est tout.»