Biographie

Corinne HOEX

Oeuvre(s)

" Le grand menu "

Roman

Editions l'Olivier

Corinne Hoex vit à Bruxelles. Historienne d'art, elle a publié plusieurs études relatives aux arts et aux traditions populaires. Depuis quelques années, elle se consacre principalement à l'écriture. Le Grand Menu est son premier roman.
Le Grand Menu propose un récit au présent, fiction plus qu'autobiographie, qui place une petite fille au coeur de la vision ; une petite fille dont le lecteur ne connaîtra même pas le nom car «mon nom, Papa et Maman l'ont choisi pour ne pas le vouloir».
Sans aucun dialogue, sans autre point de vue que celui de sa narratrice, Corinne Hoex enferme son lecteur entre les quatre murs d'une maison bourgeoise, dans un monde inquiétant où la petite fille ne trouve pas sa place. Dans cette maison bouclée à triple tour, la narratrice observe avec cruauté et tendresse les moindres faits et gestes de Papa et Maman.
Elle décrit leur vie d'aliénation hautaine, leur désir, leur manie, les rêves de ce père qui l'embrasse si peu souvent, les persécutions de cette mère qui «ne tolère pas les caprices, les enfantillages, les états d'âme, l'attendrissement».
On voudrait croire que la petite fille invente alors qu'elle ne fait que patiemment décrire ce couple narcissique qui pense, sait, décide pour elle. Seule au milieu d'eux, elle semble appréhender le monde au travers de leur regard et servir de faire valoir à l'ego du père et à la froideur de la mère : «C'est dans mes yeux à moi qu'il s'admire tendrement et s'éprend de lui-même (...) Papa et Maman sont à l'aise. Il n'y a devant eux qu'une spectatrice muette. Leur témoin nécessaire. (...) Une fois encore, j'aurais été la spectatrice du spectacle. Sitôt l'aventure finie, je serai à nouveau une fillette niaise aux oreilles décollées et aux coudes pointus dont on n'est pas content».
Naïf dans sa formulation, car restreint aux impressions enfantines et au langage de l'enfant, le discours de la petite fille est pourtant empreint d'une gravité douloureuse ; les mots les plus simples se gonflent de densité, d'un sentiment d'oppression. Dès les premières pages, une atmosphère étrange, inquiétante, intrigue le lecteur, comme si Le Grand Menu cachait entre ses lignes un secret de famille monstrueux. Désir d'inceste de ce père qui mire ses émois dans le regard de sa fille ?
Cauchemar charnel d'une fillette qui s'éveille à la sexualité ?
Dans ce roman, poétique et pervers, se déroule une tragédie muette qui donne le frisson ; mais il n'y aura pas de dénouement, le lecteur restera avec son malaise, ses questions sans réponse. Seuls, résonneront encore à son oreille les mots de la petite fille, ces phrases qui portent la torture de n'être pas aimée : «Tout ça, je le regarde dans les yeux de Maman qui rêvent. Mais ensuite ils durcissent, ils rentrent dans la pièce, ils redeviennent sévères, exigus, verrouillés, reprennent leur couleur sombre, leur bleu impénétrable et je sais qu'ils ne me veulent pas.»