Biographie

Soizig AARON

Oeuvre(s)

" Le non de Klara "

Roman

Editions Maurice Nadeau

Soazig Aaron est née à Rennes. Elle a travaillé quelques années dans une librairie parisienne et vit aujourd’hui à la campagne. Elle a attendu d’avoir cinquante ans pour publier son premier récit Le Non de Klara.
« Dimanche 29 juillet 1945. Klara est revenue. Voilà, c’est écrit. Il faut que je l’écrive pour que ce soit vrai et pour y croire ». Ainsi commence le journal d’Angelika qui consigne, du 29 juillet au 13 septembre 1945, les épisodes de ce retour.
« Klara est revenue, mais ne nous est pas rendue ». Méconnaissable physiquement et
psychiquement, Klara n’est plus qu’un champ de ruines qui refuse d’imposer ce qu’elle est devenue à sa fille de trois ans : « A l’intérieur je ne suis que mort, j’ai un goût de mort (…). Les enfants le sentent. Je ne veux pas qu’elle renifle cette odeur qu’elle n’a pas encore eu dans le nez. Nous avons eu, nous, des enfances heureuses. Pourquoi pas elle ? »
Alors Klara dit Non ; des non physiques, des non de résistance et de renoncement. Et après un mois passé à Paris, le temps de régler quelques affaires, elle confie son enfant, sans l’avoir revue, à ses meilleurs amis et part pour toujours.
« Je n’avais pas entendu la voix de Klara depuis longtemps (…) Une vraie voix de revenante : hachée, fragile, impérative, violente, pleine de tendresse, à l’orée toujours du silence, inépuisable.
Une voix de survivante d’Oswiecim, voix évanescente comme la fumée des fours sur la plaine de Pologne ; coupante, aiguë comme une lame affûtée, un diamant de larmes à jamais asséchées.(…)
J’ai retrouvé le ton de cette voix, sa froide détermination, sa violence radicale, sa lucidité
impitoyable, désespérée, en lisant Le Non de Klara. Le récit de Soazig Aaron, pourtant, n’est pas un témoignage, c’est une fiction. C’est là que se situe le miracle. C’est là que s’enracine et que prolifère le bonheur abominable et lumineux de cette lecture. C’est ce qui en fait le prix incalculable.(…)
J’attendais une fiction, une prise de pouvoir romanesque sur la mémoire des camps. Car nous sommes à l’orée de la disparition des témoins, de l’évanouissement de la mémoire directe de l’expérience du Mal radical dans les camps nazis.(…) Seule la fiction – c’est le paradoxe, le mystère de la littérature – pourra bientôt non seulement faire vivre, mais aussi enrichir cette mémoire. » (Jorge Semprun, Le Nouvel Observateur n°1951)
Car, comme le dit Klara : « Si on ne croit pas les victimes, tout est permis aux bourreaux. »