Biographie

Thomas B. REVERDY

Oeuvre(s)

" La montée des eaux "

Roman

Editions Seuil

Né en 1975, Thomas B. Reverdy est agrégé de lettres modernes. Il vit à Paris où il enseigne le français . Directeur de la revue littéraire La femelle du requin de 1995 à 1998, il choisit d’interrompre cette activité pour se consacrer à sa propre écriture. La montée des eaux est son premier roman.
Dans un univers hivernal où la pluie diluvienne rend les formes indistinctes, où un déluge de fin du monde semble vouloir submerger la ville; dans un univers liquide où la « montée des eaux » est la seule mesure du temps qui passe, Thomas B. Reverdy propose deux récits, d’abord parallèles, puis étroitement mêlés. D’une part, un narrateur, égaré dans l’alcool, qui constate, blasé, après une cuite : « La vie a repris son cours. J’avais seulement un trou de mémoire de plus à mon passif.
Jusqu’à deux ou trois par semaine, cela faisait une jolie collection. Je commençais à m’oublier. » La nécessité de fixer sa vie, le conduit à déambuler dans ses souvenirs. Alors se « dessine peu à peu les contours d’une femme, Eléonore, dont l’amour pourrait le sauver de cet univers gris, de ses lendemain de fête, de ses errances sans rêves, sans mémoire. »
D’autre part, Thomas qui revient dans l’appartement déserté de sa mère, dont la mort a transformé les lieux: « Il regarde, posée sur une étagère de la vieille bibliothèque, la photo en noir et blanc d’une jeune fille qu’il ne reconnaît pas (…), et pourtant, se dit-il, pourtant elle est morte. Il commence à s’y habituer car il le faut bien. La lumière grise, la pluie dehors, l’odeur et la forme des draps qui recouvrent les meubles, les objets familiers, les livres, les murs troués de tableaux et, plus loin, derrière des portes demeurées closes, le bureau, la chambre, la pluie certainement là-bas aussi, de tous les côtés de l’immeuble, cette pluie qui s’installe comme l’hiver, et sur la bibliothèque, le temps de reprendre ses esprits, la photo de cette jeune fille qui ne sourira plus. »
Le dédoublement du narrateur alternant le « il » (Thomas) et le « je » (le narrateur égaré dans l’alcool) donne au récit une grande fluidité, une densité, et laisse une ambiguïté volontaire sur le nombre de narrateur : s’agit-il d’une seule et même personne ? Car, « les deux récits se mêlent bientôt, inextricablement, pour dire le silence assourdissant du monde qui s’écroule, l’amour comme seul espoir et l’écriture comme ultime salut. » (Michel Abescat, Télérama du mercredi 24 septembre 2003) « Reverdy raconte avec pudeur les cris d’amour et l’errance désespérée de deux personnages en quête d’un passé irrécupérable. Les images immergées dans un hiver nocturne noyé de pluie et les sentiments décryptés avec subtilité témoignent d’une maîtrise exceptionnelle de l’écriture.
La phrase, admirable de beauté formelle, s’étire parfois en une longue plainte pour mieux dire le silence angoissant des dieux. Deux voix épuisées de solitude et de désespoir, étouffées par le vacarme sourd d’une civilisation mortifère, psalmodient le chagrin intime de deux hommes désemparés, fantômes broyés par la cruauté d’une époque futile et sans mémoire. » (Hugo Marsan, Le Monde des Livres du 7 novembre 2003)