Biographie

Olga LOSSKY

Oeuvre(s)

" Requiem pour un clou "

Editions Gallimard

D’origine franco-russe, Olga Lossky est née en 1981. Elle a poursuivit des études de lettres modernes et consacré son DEA à Romain Gary. Actuellement, elle suit des cours au Conservatoire Européen d’écriture audiovisuelle. Requiem pour un clou est son premier roman.
A partir d’un clou « beau et droit », que ne peut-on faire ? Tout commence lorsque le vieux Fiodor Vassiliévitch, infirme râleur, trouve un clou dans sa chaussure. Aussitôt il croit que le monde entier lui en veut ; ce monde se réduisant aux cohabitants de l’appartement communautaire assez sordide dans lequel il vit à Moscou. Jusqu’à ce jour, son univers de vieillard grincheux et solitaire se limitait aux disputes quotidiennes dues à la promiscuité, aux problèmes d’une vie matérielle difficile (la faim, le froid…) et à de chimériques espoirs de revenus inattendus. Mais ce clou va lui ouvrir un nouvel univers. Tout d’abord, il l’enfonce au milieu de son mur et admire le clou (il y a si longtemps qu’il n’en a vu un !).
Puis il se souvient d’un tableau peint par son père caché au fond d’une niche. Ce tableau
représente une église, quelques datchas, des loupiotes sur fond de neige grise, des femmes drapées dans des châles avec des enfants. Pétrifié de froid devant ce tableau, Fiodor s’ouvre à son enfance qui remonte en de vieux rêves qui finissent par occuper toute la place. C’est ici le véritable début du roman : lorsque Fiodor cède la parole au jeune Fedka (son diminutif). Né en 1894 dans une famille bourgeoise, il a connu une enfance et une adolescence heureuse et se souvient particulièrement des fêtes pascales vécues aux côtés de Ioulia dont il était amoureux - les très belles descriptions de l’office orthodoxe témoignant de l’importance que pouvait avoir, sous Staline, un Vendredi saint ou la fête de Pâques -. « La juxtaposition des deux mondes, celui du communisme et celui de l’ère précédente, est habilement construite, de même que l’opposition entre le tout jeune homme et le vieillard peu amène qu’il est devenu. » (Notes bibliographiques, juillet 2004)
Fiodor, Fedka : deux destinées, deux personnages se fondant dans un jeu de miroir et de
surimpressions. Du vieux Fiodor qui brandit sa canne et bougonne au jeune Fedka qui saute dans les flaques et batifole, les poches bourrés de cailloux et d’avenir, Olga Lossky campe de véritables personnages et nous offre un « roman d’anticipation nostalgique, où les moments d’un homme s’appellent d’un bout à l’autre de sa vie, dans un drôle de puzzle, avec des couleurs et du sombre aussi, tout un tableau. » (Antonin Iommi Amounategui, Libération du 3 juin 2004) Finalement, de peur de mourir congelé, le vieux jettera le tableau dans son poêle. « L’illusion de se réchauffer à quelques flammes, quelques instants, avant de s’endormir sans doute pour toujours. Il croit traverser les flammes. Peut-être, en effet, les traverse-t-il . » (Françoise Xénakis, Le Figaro littéraire du 8 avril 2004)