Biographie

Didier DUPRAT

Oeuvre(s)

" Dernières nouvelles des oubliés "

Roman

Editions Arléa

Didier Duprat est né en 1962. Il vit dans la région de Bordeaux où il travaille de nuit dans différents foyers d’accueil social et hospitalier. Dernières nouvelles des oubliés est son premier livre inspiré de son expérience.
« Ils n’ont pas de noms, ni même de prénoms… Ils sont infirmes, drogués, sans domicile fixe, enfants abandonnés ou femmes à la dérive. Ce sont des oubliés ». Le narrateur est l’observateur unique des trente-quatre scènes qu’il décrit sans complaisance, ni voyeurisme. Il propose de « brefs portraits, comme des instantanés. (…) Cette femme « qui a tué ses gosses et son mari » n’est pas en prison, mais a-t-elle un avenir? (Chocolat) De certains de ces centres, l’espoir de sortir est ténu, voire inexistant. D’autres sont des refuges, accueillant des éclopés de la vie quotidienne, comme ce foyer maternel, autour duquel « la nuit, il se passe de drôles de choses. (Fait divers) » (J. Savigneau, Le Monde des Livres du 9 janvier 2004)
En deux, trois ou maximum cinq pages, Didier Duprat, pudique et attentif, nous fait partager la détresse de ces « malchanceux de la vie ». Comme dans Les ombres où une fillette de douze ans vient le trouver: « Elle est venue un soir te dire, catastrophée, qu’elle avait des larmes qui lui coulaient des yeux, elle ne savait pas pourquoi. (…) Elle avait peur des ombres. (…) Dans sa cité, une autre ombre s’introduisait toutes les nuits dans sa chambre: l’ombre du père. Elle venait de la cuisine et faisait grincer sa porte. Une ombre est une sorte d’ogre sombre. Elle savait cela. (…) Est-ce qu’il existe des médicaments qui guérissent les larmes qui coulent sans raison? Qui protégent des ogres et des ombres?
A ces questions à répétition, tu ne savais plus quoi répondre. Tu découvrais que tu ne savais pas grand-chose au fond. Est-ce qu’il existe des médicaments pour ralentir la rotation de la terre? » Ou encore, dans Une vie nouvelle, le récit de ce jeune garçon amené un soir au foyer par une de ses professeurs: « La nuit, son père surgit dans sa chambre, et il tire, il fait des cartons sur le mur, juste au-dessus de sa tête. Cela dure comme ça un quart d’heure: il tire, il recharge, et, lorsqu’il en a marre, sans un mot, il disparaît. (…) Va-t-il vraiment apprendre à vivre sans le claquement du fusil ?»
Violence, désespoir, folie, mais aussi tendresse, besoin de l’autre, humour, tous les sentiments affleurent sans jamais que l’un prenne le pas sur l’autre. « Surveillant de nuit dans ces refuges de solitude, Didier Duprat nous restitue, en textes courts et bouleversants, ces bribes de vie qui finissent par composer un vaste chant d’amour. Comme si son regard leur rendait ce dont ils ont le plus besoin, leur humanité. » (Quatrième de couverture)