Biographie

Clémence BOULOUQUE

Oeuvre(s)

" Sujets libres "

Née en 1977, Clémence Boulouque a fait des études à Sciences-Po et à l’Essec, puis un « Master de relations internationales » aux Etats-Unis. Elle est aussi titulaire d’un D.E.A. de lettres. Polyglotte (anglais, italien, russe, allemand, arabe et hébreu), l’étude est pour elle « une manière de cicatriser l’incicatrisable ». Elle est actuellement journaliste au Figaro littéraire et à Lire.
Son premier récit, Mort d’un silence, qui s’ouvrait sur les attentats du 11 septembre à New York où Clémence Boulouque poursuivait ses études, évoquait avec beaucoup de sensibilité et d’intelligence son passé : la peur et l’isolement d’une fillette de dix ans, le suicide de son père, les attentats de 1986 à Paris… « Je suis la fille du juge Boulouque, du terrorisme, des années quatre-vingt, des attentats parisiens. Et je suis orpheline de tout cela. Personne ne se souvient de mon père et la vague d’attentats des années quatre-vingt à Paris se confond avec celles qui ont suivi – c’est après tout le destin des vagues de se retirer. C’était aussi le sien. (…) J’avais treize ans lorsque mon père a tiré, le 13 décembre 1990. Tiré sur lui, cette nuit-là. Et sur nos vies ».
Cette nouvelle vague de violence – « Etre rattrapée par le terrorisme là où je voulais me construire une nouvelle vie » - a été le déclencheur d’une écriture d’abord douloureuse - « En écrivant, j’ai retrouvé une mémoire que j’avais condamnée (…) Alors, je barre, je raye. Je suis l’aînée de mon père, qui rature sa vie au lieu d’y renoncer. » - et puis salvatrice : « moyen d’arracher au passé des petits moments de bonheur pour irradier le présent. De retrouver un souffle, d’essayer de chercher la lumière. Je pense qu’écrire c’est continuer d’affirmer une foi en la vie. »
Après ce premier récit autobiographique couronné par le Prix Fénéon, Clémence Boulouque passe à l’épreuve de la fiction et signe, en 2004, Sujets libres, son premier roman sur la mémoire et l’identité.
Violaine Bellassen est fille de rapatriés d’Algérie, juifs séfarades qui ont occulté un passé trop lourd à porter. Journaliste et scénariste, elle accepte tous les travaux pour oublier « les silences des familles [qui] sont toujours des blessures recousues en vitesse ». Ainsi, consent-t-elle, à contrecoeur, de travailler sur Simenon, ce « frère d’intranquillité, ce héros d’un monde gris et sans Dieu »
qu’elle considère comme son exact contraire.
Partant sur les traces de l’auteur, Violaine se lance dans une véritable quête identitaire via Paris, le Maroc - où elle espère trouver un cahier autobiographique rédigé par son grand-père, gardien de la mémoire familiale - et New York. Enquêtant sur la période new-yorkaise de Simenon, elle y retrouve une amie d’enfance, Yaël, qui n’a pas coupé les ponts avec son identité juive. Refusant peu à peu le fardeau de nostalgie qui accable ses parents, Violaine commence à se reconstruire : « Elle a demandé à d’autres fils et filles d’exilés si leurs parents ont la gorge nouée en évoquant le pays quitté, si cela les empêche de parler.. Ils l’ont, souvent. Ils choisissent le silence pour transmettre la mémoire. Parmi leurs enfants, certains s’en privent, d’autres s’en moquent. Quelques-uns, enfin, l’inventent. Sujets libres. »