Biographie

Salim BACHI

Oeuvre(s)

" Le chien d'Ulysse "

Editions Gallimard

Salim Bachi est né en 1971 en Algérie. Il vit en France depuis 1997 où il prépare une thèse sur la souffrance et la mort chez Malraux. Le chien d’Ulysse est son premier roman.
Avec une parole désespérée qu ravage la syntaxe et l’ordre narratif, avec un souffle épique éblouissant et cruel, Salim Bachi nous offre une parabole lyrique et puissante sur l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui, patrie souffrante et humiliée : «Maintenant, nous avons rétabli le geste. Par une ironie de l’Histoire, nous avons à nouveau initié le cycle de la violence. Deux mille ans de guerres incessantes. De notre passé profond surgit l’appel du sang et des larmes, le cortège des veuves et des orphelins».
Dans une langue d’une beauté tranchante et âpre, Le chien d’Ulysse conte l’errance hallucinée d’un jeune homme de 20 ans dans les rues de Cyrtha, ville rêvée, fantasmée pour les dire toutes sans en dénoncer aucune. C’est l’histoire d’un voyage impossible : fuir Cyrtha. «Cyrtha, elle, cherchait à maintenir la confusion, agissant comme le soleil sur un homme perdu au milieu du désert. Je désirais de toutes mes forces échapper à la ville dont, par moments, je devenais l’amant obscur, au consentement différé».
Le chien d’Ulysse est une odyssée sans issue qui enlace le mythe et l’actualité politique, mêle la violence du fanatisme religieux et la barbarie policière à la culpabilité de l’écrivain qui n’est plus capable de trouver la moindre clarté dans la nuit de plus en plus profonde d’une ville, d’un pays : «Coupable. Je regardais les fragments de mon oeuvre, Cyrtha en ruine. Ils l’avaient anéantie. Ils s’étaient introduits à la faveur de la nuit. Les murs bâtis pierre à pierre, mot à mot, tout cela volait maintenant en éclats. Les rues s’abîmaient dans
l’eau ; et Cyrtha, renversée, voyait ses remparts crouler en écume incarnate. Des incendies, çà et là, entre les maisons de pierre, mangeaient la nuit, trouaient le ciel. Les pages se tordaient (...)
J’avais perdu le fil. Le fil de mes histoires. Je ne pouvais rebrousser chemin. La nuit m’enveloppait. Ne demeurait que l’oeil du bourreau, unique fanal dans l’obscurité».
De cette nuit suffocante, irréelle, surgit un fou merveilleux et terrible qui s’écrie «Je cherche Ithaque» avant d’être abattu d’une rafale de mitraillette par les policiers qui avaient compris «A l’attaque». On peut mourir, en Algérie, d’avoir lu Homère.
Peu après sa récompense monégasque, Salim Bachi recevait pour Le chien d’Ulysse la Bourse Goncourt du premier roman. En 2003, il publie La Kahéna (Gallimard).