Biographie

Jean-Paul ENTHOVEN

Oeuvre(s)

" La dernière femme "

Né en 1949, à Mascara en Algérie, Jean-Paul Enthoven arrive très jeune à Paris, ville qu’il ne quittera plus. Après des études à Sciences-po, il devient éditeur et critique littéraire, d’abord au Nouvel Observateur puis au Point. Après un long parcours dans la presse et l’édition, il est aujourd’hui Conseiller de la Direction du Point et Directeur éditorial chez Grasset. De plus, il dirige la collection Biblio-essais au Livre de poche.
En 1996, Jean-Paul Enthoven publie son premier essai, Les enfants de Saturne, véritable hymne à la littérature. A travers une galerie de portraits d'une douzaine d'écrivains « réunis par le principe de mélancolie » (M. Ozouf) - du prince de Ligne à Hemingway, en passant par Benjamin Constant, Shakespeare, Vivant Denon, Chamfort, Stendhal, Drieu La Rochelle, Romain Gary… - l’auteur dessine les « fragments contradictoires d'un autoportrait » et un hommage au père.
Avec Aurore (2001, Prix du Livre Europe 1), Jean-Paul Enthoven signe son premier roman.
Lorsque le narrateur a rencontré Aurore, sa vie a basculé. La passion l'éveillait à la vie, gommant un passé terne et une personnalité flottante, placide, presque inerte. Aurore agissait sur lui comme un breuvage magique lui ouvrant les portes d'un autre monde. De fascinante, elle est devenue envoûtante. Une nuit, elle lui a raconté un cauchemar bizarre avant de se rendormir. Lui, est resté bouleversé, subitement conscient d'une menace. La peur remplaçant l'insouciance, son idylle a pris l'apparence d'un pacte dangereux. Il a commencé à se méfier d'Aurore. Il a décelé chez elle des signes étranges: un passé secret, un corps qui semble inhabité, une façon suspecte de deviner ses désirs et ses manques, et une voix enivrante. Il en est là de ses réflexions quand Aurore disparaît.
Dépossédé de son emprise, il trouve la solitude tellement insupportable qu'il se lance dans une enquête digne d'un polar. « Dans ce deuxième livre, Jean-Paul Enthoven contemple le miroir de l'être qui figurait déjà dans Les enfants de Saturne. Il joue avec des mots choisis, à la loupe, pour leur pouvoir évocateur et leur appartenance à différents registres (amoureux, fantastique, policier).
Ce qui lui permet de parler d'amour à partir d'un schéma classique tout en cultivant un effet de surprise. Un défi, presque une prouesse. » (I. Merckx, Lire, février 2001)
En 2005, Jean-Paul Enthoven signe la postface de Femme, fille de déesses : Ses visages
cachés en collaboration avec Laura Winckler et Mazarine Pingeot. Ce livre, richement illustré par des tableaux, sculptures et photographies de femmes à travers des siècles d'Histoire, par des portraits de femmes célèbres ou inconnues, est une exploration de la féminité et de la personnalité profonde de la femme. En chaque femme vit une déesse: Aphrodite (Vénus), l'amoureuse, la guerrière Athéna (Minerve), Déméter (Cérès), la mère, ou Héra (Junon), l'épouse…
Son dernier essai, La Dernière Femme (2006), est encore consacré aux femmes. « Stendhal ouvre la Vie de Henry Brulard sur un rébus : les initiales accolées des femmes qui, sans avoir eu forcément des bontés pour lui, avaient occupé sa vie et pu prétendre la «résumer». Il n'avait cessé de croire que ces bouleversantes - il en comptait douze - lui avaient tendu le miroir le plus propre à se déchiffrer lui-même. Telle est la conviction de Jean-Paul Enthoven, qui s'essaie lui aussi à l'acrobatie de l'autoportrait oblique, dans un livre vif et charmeur, jumeau enjuponné des Enfants de Saturne. » (Mona Ozouf, le Nouvel Observateur du 5 janvier 2006).
Dans La Dernière Femme, Jean-Paul Enthoven écrit sur neuf muses en se mettant à la merci de leurs séductions : Louise de Vilmorin ; Laure, l'égérie vénéneuse de Georges Bataille; Nancy Cunard, la muse cruelle d'Aragon; Louise Brooks, l’héroïne du cinéma muet; Marie Bonaparte ; Françoise Dorléac ; Zelda Fitzgerald, l'amour fou et l'épouse folle de Francis Scott; Françoise Sagan, la nonchalante, la romancière mythique; et une inconnue, enfin, dite La dernière femme, qui traverse l’ultime chapitre « autofictif » de cette galerie. « C'est un homme rompu aux jeux du coeur et de l'esprit; il pense avec raison avoir toujours tout à apprendre des femmes. Mais c'est aussi un personnage de roman en liberté qui se compose un «harem mental». Enthoven se glisse entre ses lignes pour entrer plus vite dans leurs bras ou dans leurs draps et cambrioler les coeurs. Le visage de la dernière femme du livre, vivante et innommée, n'est que le miroir destiné à redonner vie aux cendres des aimées disparues. » (D. Rondeau, L’Express du 5 janvier 2006).