Biographie

Amin MAALOUF

Oeuvre(s)

" Origines "

Toutes les langues, toutes les prières m’appartiennent, je n’appartiens à aucune (Léon l’Africain).
Né au Liban en 1949, ayant l’arabe pour langue maternelle, mais de confession catholique et éduqué en français, Amin Maalouf revendique la multiplicité de ses appartenances, dont il a formé une conception singulière de l’identité (Les Identités meurtrières, 1998).
D’abord journaliste au quotidien An-Nahar, il quitte son pays empêtré dans la guerre et arrive à Paris en 1976. Il entre à Jeune Afrique, devient rédacteur en chef puis décide de se consacrer entièrement à l’écriture. Entré en écriture par un essai historique, Les Croisades vues par les Arabes (1983), il se jette ensuite « à corps perdu » dans la fiction avec Léon l’Africain (1986).
Suivront Samarcande (1988), Les Jardins de lumière (1991), Le Premier siècle après Béatrice (1992).
Amin Maalouf est avant tout un merveilleux conteur, et cela explique certainement une grande partie de sa popularité confirmée, en 1993, par le Prix Goncourt pour Le Rocher de Tanios.
Bien que livres de fiction, ses romans dévoilent des pans entiers d’histoire : les aventures de Mani à
l’époque où le christianisme s’éparpillait en une multitude de sectes, l’épopée de l’Islam vue à travers les yeux du philosophe Omar Khayyam, la chute de Grenade à travers ceux du géographe Léon dit « l’Africain », le conflit des puissances occidentales et orientales dans le Levant à la fin du siècle dernier.
Grand arpenteur de mondes disparus, Amin Maalouf tente de réconcilier l’Orient musulman et l’Occident chrétien et propose dans chacun de ses livres un voyage au pays de la spiritualité humaniste en montrant l’absurdité des conflits identitaires et religieux. Son essai sur Les Identités meurtrières (1998) était un véritable plaidoyer en faveur de la tolérance, de la démocratie multiculturelle, sans exclusion ni assimilation.
Attiré par l’écriture théâtrale et les dialogues, Amin Maalouf écrit en 1999-2000 un livret d’opéra pour Kaija Saariaho, L’Amour de loin, qui a été créé à Salzburg le 15 août 2000, dans une mise en scène de Peter Sellars. Le livret narre l’amour idéal du troubadour Jaufré Rudel, au XIIe siècle, pour Clémence, comtesse de Tripoli, une muse lointaine.
Son dernier roman, Le Périple de Baldassare (2000), raconte l’épopée d’un négociant en curiosités parti sur les routes de Constantinople, de Gênes, de Lisbonne et de Londres à la recherche d’un livre mystérieux - Le Centième Nom - censé apporter le salut au moment même où de nombreuses communautés de croyants annoncent la fin du monde, car il recèle le nom ultime d’Allah, l’épithète secrète.
Baldassare est un génois d’Orient et nous sommes en 1666 ... Outre l’excellence de la description fluide du périple et l’immédiate sympathie du lecteur pour Baldassare confronté aux cataclysmes de 1666 (le grand incendie de Londres, les bouleversements prophétisés par le faux messie juif Sabbataï...), Amin Maalouf a construit son roman sur un balancement entre prodiges et réalité : « Pour connaître le monde, il suffit de l’écouter. Ce que l’on voit dans les voyages n’est jamais qu’un trompe-l’oeil. Des ombres à la poursuite d’autres ombres. »
Amin Maalouf vient de faire paraître Origines (mars 2004) où il dessine le périple des siens. « Un mutisme en héritage. Dans la famille d’Amin Maalouf, les siens n’auraient pu traverser tant de siècles hostiles s’ils n’avaient appris à cacher leur âme sous un masque. La disparition de son père laisse Maalouf dépositaire de la mémoire de ses ancêtres ; perplexe devant leurs masques et leurs silences, il décide d’aller à leur rencontre.(…)
Ecrivant ses Origines, il trace leur sillage et le sien, du dix-neuvième siècle dans l’Empire ottoman à aujourd’hui. Mais il se méfie des racines. Elles l’assigneraient à un lieu, or l’écrivain cultive l’éloignement comme on arrose à sa fenêtre une fleur triste et sa famille, entre la Montagne, le Liban, New-York ou Cuba, ne cesse de se mouvoir : Je suis d’une tribu qui nomadise depuis toujours, dans un désert aux dimensions du monde. » (in Lire, mars 2004)