Biographie

Yasmine GHATA

Oeuvre(s)

" La nuit des calligraphes "

Roman

Fille de la grande poétesse Vénus Khoury-Ghata, Yasmine Ghata est née en 1975. Elle a suivi les cours de l’Ecole du Louvre et est experte en histoire de l’art islamique et orientaliste. La nuit des calligraphes est son premier roman. « Il est né d’une rencontre, en 2000, lors d’une exposition de calligraphie organisée par le milliardaire Sakip Sabanci. La future romancière découvre alors, au hasard d’une vitrine, une calligraphie de sa grand-mère paternelle, une femme turque qu’elle savait artiste, mais pas calligraphe. Intriguée par ce clin d’oeil hors du temps, elle ne pourra affronter le mystère de ses origines qu’en prenant à son tour la plume pour se faire écrivain. » (Philippe Perrier, Lire, septembre 2004)
La nuit des calligraphes raconte la vie de Rikkat Kunt. Mais, pour plus de liberté, la romancière choisit de commencer par narrer la mort de sa grand-mère: « Ni cri ni larmes. Ma mort fut aussi douce que la pointe du roseau trempant ses fibres dans l’encrier, plus rapide que l’encre bue par le papier. » « Douce, paisible, comme les premières lignes de ce monologue sensible et émouvant qui semble épouser, plus que la voix de Rikkat, le souffle qui dirigea sa main et gouverna son destin. Jusqu’au crépuscule d’une existence marquée par le désamour, l’abandon, l’exil, la perte et finalement la maladie qui la priva, dans ses derniers jours, du seul don qui enlumina toute sa vie: la calligraphie. » (Christine Rousseau, Le Monde des Livres du 20 août 2004)
Cette vie s’articule sur un moment charnière, l’année 1928, date à laquelle Atatürk décrète pour son pays l’abandon de l’alphabet arabe au profit d’une version modifiée de l’alphabet latin. A partir de là, l’art ancestral de la calligraphie disparaît et les vieux calligraphes ont l’interdiction d’exercer leur art. C’est donc en secret et dans des asiles où sont retranchés ces artistes « habités par la parole de Dieu » que Rikkat apprend son art. Elle a pour maître Selim, « le marabout de Dieu », qui, avant de mourir, lui lègue son matériel et son savoir. La calligraphie est un absolu, une approche de la divinité: «Les calligraphes seuls savent établir un dialogue entre Dieu et les hommes. » Grâce à l’écritoire et à l’encre d’or de Selim, Rikkat trouve sa raison d’être.
A travers cette très belle figure de femme possédée par son art – être libre, sensible et en perpétuelle progression -, Yasmine Ghata nous initie, en des termes souvent techniques mais toujours poétiques, à l’art de la calligraphie. Celle-ci est présentée comme une sphère qui a résisté aux bouleversements de l’Histoire, préservée, suspendue dans le temps, dernier lien avec la spiritualité et les croyances ancestrales.
Au passage, la romancière en profite pour dépeindre les us et coutumes ainsi que l’identité d’une nation que nous connaissons bien mal: « dans les pleins et déliés d’une écriture toute de finesse, de délicatesse et de poésie, Yasmine Ghata livre en creux le portrait d’un pays - la Turquie - en proie aux assauts de l’occidentalisation.» (C. Rousseau, id)