Biographie

Marie-Claire BLAIS

Oeuvre(s)

" Dans la foudre et la lumière "

Roman

Née en 1939 à Québec, Marie-Claire BLAIS se fait connaître en 1959 par la publication d'un premier roman, La Belle Bête. Aussitôt remarquée, elle reçoit une bourse de la Fondation Guggenheim et, à partir de 1963, séjourne quelques années au Etats-Unis. C'est là qu'elle écrit Une saison dans la vie d'Emmanuel (1965) qui lui vaudra le Prix Médicis en 1966. Dans Parcours d'un écrivain (1993), elle retracera certains épisodes de ses années en Nouvelle-Angleterre.
Les premiers récits de Marie-Claire BLAIS, La Belle Bête et Tête blanche (1960), tiennent à la fois du conte et de la poésie et évoquent, en une suite de figures archétypales, la cruauté des rapports entre adultes et enfants. La violence et la sauvagerie de son premier roman (qui analyse avec une âpre lucidité les ressorts psychologiques d'une haine) resteront présentes dans à peu près tous ses livres et son théâtre, sans gratuité ni complaisance. Un lyrisme très personnel permet à l'auteur de traverser le miroir des apparences et de révéler les monstruosités cachées. Une saison dans la vie d'Emmanuel multiplie les points de vue et décentre un récit où se côtoient le noir et le tendre, la souffrance et la rédemption, le tragique et l'humour. Dans cet univers à la fois naturaliste et onirique, même la mort prend des allures de surréalité. Une saison dans la vie d’Emmanuel a été adapté au cinéma par Claude Weisz en 1968 et a reçu le Prix de la Quinzaine des jeunes réalisateurs.
La trilogie composée de Manuscrits de Pauline Archange (1968), Vivre ! Vivre ! (1969) et Les Apparences (1970) poursuit la dénonciation d'une société incapable de comprendre les jeunes insoumis, êtres de douceur et de révolte, que sont les personnages de Marie-Claire BLAIS.
Pauline Archange cherche dans l'écriture la seule voie possible pour apprivoiser la vie. Alors qu'Un joualonais, sa joualonie (1973) explore les particularismes langagiers et les variations de la langue québécoise dans le cadre d'une subtile transposition stylistique, Les Voyageurs sacrés, puis Une liaison parisienne (1975) déclinent, sur le mode lyrique ou réaliste, les tentations d'éternité d'errants en mal d'absolu : "L'Amour n'est-il pas le Dieu du temps perdu ?".
Un nouveau cycle romanesque commence avec Les Nuits de l'underground (1978), Le sourd dans la ville (1979) et Visions d'Ann a (1982 : Prix de l'Académie française) scènes d'apocalypse, visions éphémères émergent d'un maelstrom de lieux, de personnages, de
sensations. A partir d'une phrase souple aux tonalités multiples, le lecteur passe insensiblement d'une conscience à une autre, d'une voix à une autre, laissant entendre des accents d'une inaliénable solitude.
Le sourd dans la ville a été adapté au cinéma par Mireille Dansereau en 1987 et a reçu le Prix Mostra au Festival de Venise. La réalisatrice Paule Ballargeon travaille actuellement sur un projet d’adaptation cinématographique de Visions d’Anna.
Le vertige né de la fréquentation des extrêmes se retrouve dans Pierre (1986) et dans l'Ange de la solitude (1989).
Parallèlement à son oeuvre de romancière, Marie-Claire BLAIS poursuit une carrière de poète - Pays voilés et Existences (1964), OEuvre poétique (1997) - et dramaturge - L'Exécution (1968), Sommeil d'hiver (1986), La nef des sorcières (1977), l'Ile (1988)...
En 1995, Marie-Claire Blais publie Soifs (Prix du Gouverneur Général en 1996), roman dans lequel les voix des personnages, de jeunes intellectuels et artistes, s'entremêlent pour dire les malheurs de ce temps. Ecrit sans ponctuation, le roman aspire le lecteur et l'on finit totalement conquis par cette vertigineuse apnée littéraire.
Elle vient de faire paraître, en mars 2002, Dans la foudre et la lumière qui constitue le deuxième volet de cette vaste fresque de la fin du XXe siècle et de l’aube du nouveau millénaire.
Nous retrouvons ici, entre autres, les personnages de Soifs et pénétrons à nouveau dans leur imaginaire hanté par le crime, l’injustice, la guerre, les sectes, les prisons, les épidémies... Mais reste l’art, la vision lumineuse des artistes. L’art et la lumière, la lumière
traversée d’espoir.
Ecrivain humaniste, Marie-Claire Blais jette sur le monde un regard élégiaque. Dans la foudre et la lumière est une incantation, une prière, un hymne à la fragile splendeur de la terre et à la force rédemptrice de l’art.