
" Pastel Fauve "
Roman
Editions Lattès
- Sélectionné pour : Le Coup de Coeur des Lycéens 2011
Carmen Bramly a quinze ans. Elle est élève au lycée Fénelon à Paris. Elle écrit depuis son plus jeune âge, des contes et des poèmes.
Je regarde ma montre, essayant de me perdre dans le mouvement des secondes. Je ne serai pas en avance. Cinq ou dix minutes de retard. Pierre commencera à s’impatienter et n’en sera que plus heureux de me revoir.
Je marche de long en large, m’affale sur mon lit, me relève et continue de faire les cent pas. Puis je retourne dans la salle de bains me mettre une goutte de parfum et du rouge à lèvres, que j’enlève aussitôt. Ça fait trop femme, je le remplace par du gloss.
Dans la salle de bains, mes parents se préparent à leur tour. J’aime entendre le bruit du rasoir de mon père et le pschitt de l’eau de Cologne que maman vaporise dans son soutien-gorge, puis le son émis par ses lèvres lorsqu’elle répartit le rouge dont elle les a enduites. L’extrême attention que je prête depuis toujours à ces sons à peine perceptibles a fini par me doter d’une ouïe presque animale.
Nouveau coup d’œil à ma montre. C’est le moment. J’embrasse mes parents, leur souhaite par avance une bonne année, une bonne santé, toutes ces conneries qu’on se dit le 1er janvier. Ils me recommandent de bien me couvrir. Je fais oui de la tête, tout en enfilant une petite veste en coton léger. Dehors, une bourrasque de froid piquant vient me fouetter le visage, propageant à tout mon corps, en onde de choc, une nuée de frissons. J’enfourche mon vélo et pédale le plus vite possible.
« C’est la dernière nuit de l’année. Sur l’île de Bréhat, Paloma, quatorze ans, rejoint Pierre, son ami d’enfance, pour fêter le Nouvel An. Ils ne se sont pas vus depuis un an, l’adolescente s’est transformée et les rapports sont à réinventer. » (Présentation de l’éditeur)
« Son livre raconte les affres amoureuses de Paloma, 14 ans. Elle est en vacances à l'île de Bréhat, à quelques heures du Nouvel An. Comme tout ado, elle doit faire un choix cornélien : doit-elle chausser ses vieilles Converse noires ou une paire de compensées turquoise ? En revanche, la très jeune romancière évite certains écueils et épargne au lecteur les scènes crues : Ce qui s'est passé, je ne vous le dirais pas. Je déteste les détails crus, ça devient vite glauque, les mots ne devraient pas décrire ce que moi-même je ne saurais définir. Vous devez bien vous figurer qu'on a fait “l'amour”, l'expression me convient, car c'est un sentiment mis en mouvement.» (Le Figaro.fr)