Biographie

Frédéric BRUN

Oeuvre(s)

" Perla "

Roman

Editions Stock

Bourse Goncourt du premier roman.
Le premier livre de Frédéric Brun débute presque comme un conte, surprenant par sa lumineuse douceur à parler de sa mère, Perla, déportée à Auschwitz et qui en revint, oui, mais atteinte d'une « incurable angoisse » dont l'enfant serait l'intime dépositaire : « Je reste comme Perla, perdu dans des brumes sans réponse. » « Comment l'humanité a-t-elle pu produire Auschwitz et Novalis ? » La question émerge de ces brumes, posée au long de pages où se côtoie ce que l'Allemagne a produit de pire et de meilleur.


Epris de culture allemande, Brun alterne de talentueuses descriptions des portraits de poètes et tableaux de Caspar David Friedrich, reproduits ici, avec la prose calme où il reprend langue avec cette mère tant aimée, en la ponctuant de photos de camps de la mort. Face aux lieux, l'auteur doute pourtant du bien-fondé de sa parole sur ce qu'il n'a pas vécu, mais l'empathie avec laquelle il décrit ce que sa mère n'a jamais pu lui raconter, en une poignante page et demie, suffit à assurer du contraire. Au risque, parfois, de la naïveté d'un constat, il s'autorise et se regarde changer en écrivant ce livre bouleversant de sincérité.


Lectures, documents, passé familial sont convoqués dans cette méditation sur la mort, tandis que la vie déboule au présent. Entre cri et chuchotement, ce fruit, mûr de la douleur que Frédéric Brun a su rendre sage en confiant son héritage à ces pages, n'est pas un livre de plus d'un fils de survivant, mais celui du fils de Perla, entré par et pour elle en littérature.


( Valérie Marin La Meslée, Le Point , 29 mars 2007)


En ouvrant ce bref récit à la fois désenchanté et laconique, on pense à la première phrase de « l'Etranger » : « Aujourd'hui, maman est morte. » Celle de Frédéric Brun, 46 ans, se prénommait Perla. Elle aurait dû disparaître en 1944. Le destin a voulu qu'elle survécût. Mais ce fut un sursis long et douloureux. Assaillie par des crises terribles et assommée par une dépression qui dura un demi-siècle, elle finit par mourir et, pour la première fois, son visage parut apaisé. Juive polonaise, Perla était née près de Cracovie, là-même où elle allait connaître l'enfer. Entre-temps, elle était devenue française. Le 31 juillet 1944, elle fut déportée à Auschwitz. La moitié de son convoi fut gazé à l'arrivée. Tatouée et rasée, Perla fut épargnée par Mengele. Elle n'a jamais voulu parler des sept mois qu'elle passa derrière les barbelés. La dépression fut ensuite sa seule expression. Maintenant qu'elle est enterrée, son fils, qui attend un enfant, lui rend un dernier hommage.


« Aux photos d'Auschwitz prises par Perla lors d'une visite en 1984, Frédéric Brun ajoute quelques tableaux de Caspar David Friedrich, comme s'il voulait que le romantisme allemand eût raison du nazisme et Hölderlin, de Hitler. Car une certaine forme de candeur ajoute à l'émotion de ce premier texte où un adulte redevient l'enfant qui, face à la mer de nuages, embrasse sa mère éternelle. » (Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur, 22 février 2007)