Biographie

Tzvetan TODOROV

Oeuvre(s)

" La littérature en péril "

Essai

Editions Flammarion

Né en 1939 à Sofia (Bulgarie), Tzvetan Todorov émigre en France en 1963 pour fuir le communisme et poursuivre ses études. Fervent défenseur des traditions humanistes, Todorov est à la fois philosophe, sémiologue, linguiste et historien. Il est l'auteur de nombreux ouvrages traitant de littérature, d'histoire, de politique et de morale.

Tzvetan Todorov est d'abord remarqué pour Théorie de la littérature textes des formalistes russes (1966), qui a largement contribué à la diffusion de la poétique contemporaine. Suivront Littérature et signification (1967), qui a fait de lui un des pionniers de la renaissance de la rhétorique; Introduction à la littérature fantastique (1970), grâce à laquelle il acquiert une certaine notoriété, confirmée en 1972 par son Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage. Avec Roland Barthes et Gérard Genette, il devient l’un des grands théoriciens de la philosophie structuraliste.

En 1968, il intègre le Centre de recherches sur les arts et le langage du CNRS, dont il deviendra directeur en 1983.


En 1978, à l'occasion d'une tournée de conférence au Mexique, il commence à s'intéresser à la conquête de l'Amérique par les Espagnols et à se passionner pour le problème de la compréhension de l'Autre. Il s'interroge sur la diversité des cultures et des perceptions humaines, et sur les conséquences de cette diversité dans l'histoire des relations internationales. Cette réflexion l'amène à relire Montaigne, Montesquieu, Constant, Tocqueville... et à se poser comme un humaniste au sens le plus traditionnel du terme : « C'est en philosophe qu'il se met en quête d'une vision morale de l'histoire et qu'il s'interroge par exemple sur les grandes tragédies du XXe siècle (Face à l'extrême, 1991 ; Mémoire du mal, tentation du bien, 2000). C'est en politique qu'il s'implique également dans les questions d'enseignement, partisan convaincu d'une nécessaire réforme de l'école. C'est aujourd'hui en essayiste qu'on lit Todorov dont les travaux cherchent à définir les contours contemporains d'un libéralisme humaniste (Le Jardin imparfait, 1998). » (Emilio Balturi, Amazon)

Les réflexions de Todorov, à partir des années 80, portent principalement sur l’altérité - la question du « nous » et des « autres » - ainsi que sur la question de la mémoire et du devoir de mémoire, notion, pour lui, d’une ambiguïté redoutable : « Marquer les crimes contre l'humanité par une catégorie d'exception nous incite à les séparer des autres conduites humaines, et à les rendre encore plus incompréhensibles. » (In Mémoire du mal, tentation du bien). Il se bat contre la pensée manichéenne et écrit des pages essentielles sur les faiblesses des postures moralisatrices ou humanitaires qui transforment le mal en malheur et les principes en émotion compassionnelle : « Faire la morale aux autres n’a jamais été un acte moral. »

Par ailleurs, Todorov se passionne pour la peinture flamande sur laquelle il a beaucoup écrit : Eloge du quotidien (1993, essai sur la peinture hollandaise du XVIIe) qui raconte l’introduction de la vie quotidienne dans la peinture ou la découverte de la beauté dans les gestes les plus humbles et Eloge de l’individu qui porte sur l’individualisation de la représentation dans la peinture flamande de la Renaissance.


En 2005, il fait paraître avec son épouse, Nancy Huston, Le chant du bocage. Illustré par le photographe Jean-Jacques Cournut, ce livre donne à voir l’âme du pays «  où l'on vit dans un autre temps qui, au lieu de s'emballer semble se dilater, s'ouvrir, s'offrir. »


Todorov vient de publier La littérature en péril (Flammarion, 2007) dans lequel il brosse un panorama de l’enseignement de la littérature au fil des siècles. Dans cet essai qui provoque de nombreuses polémiques, il s’attaque à la fois à l’école - qui « n’apprend pas de quoi parlent les œuvres mais de quoi parlent les critiques » - et à la conception étriquée de la littérature coupée du monde dans lequel on vit. Plutôt qu’une négation de la représentation, la littérature devient une représentation de la négation. L’essayiste y prône un retour aux humanités.


Le livre fait bien sûr débat car l’auteur proteste aujourd’hui contre une conception de l’analyse littéraire qu’il juge trop formelle mais qu’il a lui-même contribué à établir et diffuser. Il précise toutefois : « Dans mon esprit – aujourd’hui comme naguère –, l’approche interne (étude de la relation des éléments de l’œuvre entre eux) devait compléter l’approche externe (étude du contexte historique, idéologique, esthétique). La précision accrue des instruments d’analyse allait permettre des études plus fines et plus rigoureuses ; mais l’objectif ultime restait la compréhension du sens des œuvres. »


Tzvetan Todorov rappelle cette évidence : si nous aimons les livres, nous autres simples lecteurs, c'est parce que nous cherchons dans le roman de quoi donner sens à notre vie.