Biographie

Amélie NOTHOMB

© Olivier Dion

Oeuvre(s)

" Ni d'Eve ni d'Adam "

Roman

Editions Albin Michel

Née à Kobé, au Japon, en 1967, Amélie Nothomb a passé son enfance et son adolescence en Extrême-Orient. Elle débarque en Europe « dans la douleur » à l’âge de 17 ans. Après des études de philologie ancienne en Belgique, elle retourne au Japon où elle travaille comme interprète. Elle vit aujourd’hui entre Bruxelles et Paris. C’est l’écriture, dit-elle, qui lui a permis de survivre.
 
Ecrivain surdoué, Amélie Nothomb acquiert le succès à 25 ans avec Hygiène de l’assassin (1992), roman pervers et cruel qui met en scène, dans un face à face sans merci, un Prix Nobel de littérature misanthrope et misogyne, et trois journalistes venus l’interviewer à l’annonce de sa mort prochaine. Déjà, l’écrivain exploite ce qui sera sa touche personnelle, point commun à toute son œuvre: l’humour noir, la fantaisie, la gravité et la théâtralité. Excellant dans l’écriture de dialogues, ses deux premiers romans Hygiène de l’assassin et Sabotage amoureux (1993) seront brillamment adaptés au théâtre. En 1994, elle franchit le pas et écrit sa première pièce: Les combustibles.
 
Les catilinaires (1995) montre des caractères qui se détraquent devant l’inattendu tandis que Péplum (1996), roman à l’imagination débridée, se présente sous la forme d’un dialogue forcené entre un chercheur du futur, éminent spécialiste de l’Antiquité romaine, et la narratrice qu’une hypothèse folle a conduite à anticiper sur une réalité: les scientifiques du futur sont responsables de l’éruption du Vésuve en 79 après JC!
Retour à l’humour noir avec Attentat (1997) où, avec une candeur féroce et une cruauté enfantine, Amélie Nothomb met en scène une sorte d’Elephant Man et le mène au crime passionnel. Le regard de l’autre est encore exploré dans Mercure (1998) ou, plus exactement, le thème de la « réflexion »: celle de l’image et celle de la pensée.
 
« Une écriture directe, un ton cruel et un humour ravageur sont sa marque de fabrique. Et chacun de ses romans explore le masochisme et le sadisme de ces vies qui débordent de sentiments. Exister à tout prix. » (M-L Delorme, Magazine littéraire, nov. 1999) Exister à tout prix, c’est bien le maître mot de Stupeur et tremblements (1999, Grand prix du roman de l’Académie française). La romancière y décrit la société japonaise à travers l’entreprise où elle tente de travailler malgré les humiliations. A travers cette tragi-comédie humaine, adieu douloureux au pays de son enfance, l’écrivain prône la désobéissance salvatrice.
 
Métaphysique des tubes (2000) propose encore un récit à la première personne: son autobiographie de zéro à 3 ans! Jouant avec l’absurde qui prend sous sa plume une réalité tangible, Amélie Nothomb propose une apologie de la volupté et oppose le plaisir à la mort. Mais sous l’humour perce cette poésie de l’horreur qui est le style même de la romancière et, sans doute, sa vision du monde que l’on retrouve dans Cosmétique de l’ennemi (2001) où elle fête le dixième anniversaire d’un assassinat, commis deux fois à dix ans d’intervalle!
 
Le rapport au corps est aussi un thème omniprésent dans ses livres, des corps souffrants, pathologiques, laids, gros, maigres, des corps martyrisés comme dans Robert des noms propres (2002) où, pour l’amour de la danse, la fille accepte de briser son corps tandis que sa mère l’encourage à maigrir jusqu’à l’autodestruction. La laide opposée à la belle dans un duel d’humiliations parfois délicieuses dans Antéchrista (2003). Et toujours cette faim d’une romancière qui a connu les vertiges de l’anorexie, cette faim qui la dévore et qu’elle décrit dans Biographie de la faim (2004) : « Suraffamée, je le suis plus que quiconque. (…) J’avais faim de Nishio-san, de ma sœur et de ma mère. J’avais faim du regard de mon père. ..»
 
Avec Acide sulfurique (2005), la romancière s’attaque à la téléréalité. Une chômeuse, devenue la kapo Zdena, tombe amoureuse d’une étudiante à la beauté stupéfiante, prisonnière du camp de concentration télévisé. Le bien et le mal en couple fatal, la victime et le bourreau, la belle et la bête aussi.
 
Dans Journal d’hirondelle (2006), Amélie Nothomb renoue avec la figure de l’assassin : suite à une déception amoureuse, un homme perd toute capacité à ressentir la moindre émotion. Il quitte son travail de coursier pour devenir tueur à gages. Tuer devient pour lui le seul moyen d’exister, une véritable jouissance. Mais tandis qu’il est chargé d’assassiner un ministre et sa famille, il tombe sur le journal de la fille qu’il vient d’abattre. Sa lecture changera à jamais son destin.
 
Avec Ni d’Eve ni d’Adam (Albin Michel, Prix de Flore 2007), Amélie Nothomb revient au pays du soleil levant, pour y raconter ses amours avec un jeune homme très singulier, avec sa plus belle verve et une pudeur délicieuse mêlée d’ une pointe d’ironie.
« On trouvera de tout dans cette idylle entre l'Orient et l'Occident: la recette de l'okonomiyaki et les secrets de fabrication des bières belges, la peinture époustouflante du mont Fuji et la description hilarante des mœurs au pays du Soleil-Levant, l'analyse de l'impitoyable système éducatif japonais et l'extraordinaire dignité des habitants de Hiroshima, la passion sans retour de ce pauvre Rinri et la naissance d'une romancière à la liberté chevillée au cœur. » (Marianne Payot, L’Express du 30/08/2007)