Biographie

Danièle SALLENAVE

Oeuvre(s)

" Nous on n'aime pas lire "

Récit

Editions Gallimard

Née en 1940, Danièle Sallenave est normalienne et agrégée de Lettres. Traductrice de l'italien (La Divine Mimesis de P. P. Pasolini, Le fou impur de Roberto Calasso…) et enseignante en littérature à l’Université de Nanterre, elle a également collaboré au journal Le Monde, à la revue Le Messager européen et aux Temps Modernes.

D’abord théoricienne, elle fonde la revue Digraphe avec Jean Ristat en 1974. Ses oeuvres tentent d'analyser les grandes questions de notre temps et dénoncent le fanatisme religieux et le communautarisme : Le drame du monde moderne , loin d'être rationnel, est un mélange de haute technologie et de superstition. Nous avons à la fois confiance en la technique et besoin de nous rassurer dans des rites de retour identitaire.   (Dieu.com, 2003) 

Afin de lutter contre l’intégrisme et le communautarisme, elle prône la culture. Dans Le Don des morts (1991), elle fait l’éloge de la lecture comme transmission émancipatrice de l’héritage des générations antérieures et dans Lettres mortes (1995), propose une culture élitaire pour tous. De même, en 1997, elle publie A quoi sert la littérature ? : ouvrir un livre, c'est se placer dans une continuité, une histoire, devenir citoyen d'une Cité idéale et cependant pas du tout abstraite, où sont en jeu la liberté de penser et d'écrire, la liberté de juger, le jeu

En tant que romancière, Danièle Sallenave poursuit d’abord une recherche formaliste (Paysages de ruines avec personnages, 1975). Son roman Les Portes de Gubbio (1980 - Prix Renaudot) mêle narration, lettres, articles et citations dans une réflexion sur l’art, l’artiste et la liberté. Elle reprendra ce thème dans Les trois minutes du diable (1994).

Son style devient ensuite plus dépouillé et intimiste mais la mémoire et le temps restent les thèmes centraux aussi bien de ses nouvelles (Un printemps froid, 1983) que de ses romans (La vie fantôme, 1986 ; Conversations conjugales, 1987 ; Adieu, 1988).

L’auteur s’attache à des figures féminines avec L’amazone du grand dieu (1997) qui conte le destin de Marie Guyart, religieuse missionnaire, ou avec D'amour (2002) dans lequel, « à travers les portraits de Pierre, d'Odette, de son oncle, de son père, de ses grands-parents, Danièle Sallenave peint son autoportrait. Absolument poignant. » (Jean-Pierre Tison, Lire, mai 2002)

Autre destin de femme, celui de La Fraga (2005 - Grand Prix Jean Giono), où une jeune Américaine découvre, en même temps que Venise, sa vocation de peintre et la liberté. Dans ce roman d’apprentissage, « Danièle Sallenave, au meilleur de son écriture, avec une sûreté de trait, une sensualité du regard, une ampleur de vue remarquables, restitue les étapes de cette existence à la fois limpide et tourmentée. » (Jean-Claude Lebrun, L’Humanité, 12 mai 2005)

En 2005, la romancière reçoit le Grand Prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre et, l’année suivante, revient au théâtre avec Quand même (2006 - Prix Marguerite Duras), long monologue sur la beauté et la nécessité de l'art dramatique.

Castor de guerre (2008) « n'est pas une biographie [...] C'est un portrait, dans lequel Beauvoir est confrontée à elle-même et à l'histoire du XXe siècle... Si l'on ne connaît pas Simone de Beauvoir, on la découvre dans sa complexité, si on a tout lu d'elle on la retrouve avec bonheur, on voit mieux comment elle s'est choisie […] Et pourquoi elle voulait "tout", à la fois écrire et vivre, voir le monde, s'enchanter de la beauté des paysages, des odeurs, de toutes les sensations. » (Josyane Savigneau, Le Monde des Livres, 11 janvier 2008)

Dans son dernier livre, Danièle Sallenave poursuit une réflexion sur des sujets qui lui tiennent à cœur : la pédagogie, l'institution scolaire, la langue française et son enseignement et le sectarisme de certains théoriciens de l'école. Nous on n’aime pas lire (janvier 2009) est un « récit et [une] analyse passionnants de sa confrontation, à l’occasion d’une opération en ZEP, avec une génération d’élèves qui considère la lecture dans sa seule perspective utilitaire et voit en la culture une marque superflue de snobisme. Gardons-nous de perdre la dimension laïque, séculière, de l’appel à la lecture. Sinon ce seront les religions qui récupéreront ce besoin. » (Alexis Brocas, Le Magazine Littéraire, février 2009)