Biographie

Kim THUY

Oeuvre(s)

" Ru "

Roman

Editions Liana Levi

Kim Thúy a quitté le Vietnam avec d’autres « boat people » à l’âge de dix ans. Elle vit à Montréal depuis une trentaine d’années. Son parcours est hors du commun. Elle confie avoir fait toutes sortes de métiers – couturière, interprète, avocate, restauratrice – avant de se lancer dans l’écriture. Ce roman a obtenu le Grand Prix RTL-Lire 2010.

« Une femme voyage à travers le désordre des souvenirs : l’enfance dans sa cage d’or à Saigon, l’arrivée du communisme dans le Sud-Vietnam apeuré, la fuite dans le ventre d’un bateau au large du golfe de Siam, l’internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, les premiers frissons dans le froid du Québec. Récit entre la guerre et la paix, Ru dit le vide et le trop-plein, l’égarement et la beauté. De ce tumulte, des incidents tragi-comiques, des objets ordinaires émergent comme autant de repères d’un parcours. En évoquant un bracelet en acrylique rempli de diamants, des bols bleus cerclés d’argent ou la puissance d’une odeur d’assouplissant, Kim Thúy restitue le Vietnam d’hier et d’aujourd’hui avec la maîtrise d’un grand écrivain. » (Présentation de l’éditeur)

Je suis venue au monde pendant l’offensive du Têt, aux premiers jours de la nouvelle année du Singe, lorsque les longues chaînes de pétards accrochées devant les maisons explosaient en polyphonie avec le son des mitraillettes. J’ai vu le jour à Saigon, là où les débris des pétards éclatés en mille miettes coloraient le sol de rouge comme des pétales de cerisier, ou comme le sang des deux millions de soldats déployés, éparpillés dans les villes et les villages d’un Vietnam déchiré en deux. Je suis née à l’ombre de ces cieux ornés de feux d’artifice, décorés de guirlandes lumineuses, traversés de roquettes et de fusées. Ma naissance a eu pour mission de remplacer les vies perdues. Ma vie avait le devoir de continuer celle de ma mère.

« Pas un mot au-dessus de l'autre. Peu de descriptions et, pourtant, des images fortes qui viennent se greffer dans l'esprit du lecteur. Comme celles où l'on voit ces réfugiés s'entasser à 2 000 dans un camp qui devait en accueillir 200. Ou celles, plus saisissantes encore, des vers de terre blancs jaillissant de la glaise pour tapisser le sol déjà recouvert de déjections. Kim Thúy épargne au lecteur le misérabilisme et la complaisance ; elle évoque les odeurs, une mèche de cheveux, un vêtement... Elle prouve que l'on peut échapper au communisme, à la noyade, aux pirates, à la dysenterie, mais aussi au vide identitaire qui frappe les apatrides. Elle fait ainsi une remarquable entrée en littérature. » (François Busnel, Lire, janvier 2010)