Biographie

Emmanuel CARRERE

Oeuvre(s)

" D’autres vies que la mienne "

Roman

P.O.L., mars 2009

Né en 1957, Emmanuel Carrère s’attache à explorer de nouveaux territoires littéraires, à la lisière des genres entre le fantastique et le fait divers. Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, il est aussi scénariste et réalisateur.
 
Avec Bravoure (1984 - Prix Passion 1984 et Prix de la Vocation 1985), il met en scène Frankenstein et instaure les règles d’un étrange jeu littéraire.
 
Il poursuit dans la même veine, entre réalité et cauchemar, avec La Moustache (1986-Grand Prix 1987 de la science-fiction) où un anodin coup de rasoir entraîne le héros dans la reconquête tragique de son identité et avec Le Détroit de Behring (1987), essai sur « l’uchronie » qui réécrit l’Histoire au conditionnel, tandis que la « flambeuse » de Hors d’atteinte ? (1988), bascule dans l’irrévocable.
 
En 1993, il choisit de consacrer une biographie au maître de la science-fiction, Philip K. Dick, Je suis vivant et vous êtes morts (1993). Les deux écrivains ont en commun une œuvre imaginative qui exprime un doute permanent sur la réalité.
 
En 1995, Emmanuel Carrère publie La classe de neige (Prix Femina), un petit roman au suspense effrayant et dont le protagoniste, qui vit en imagination, annonce celui de L’Adversaire (2000).
 
Ce roman met en effet en scène Jean-Claude Romand qui a assassiné toute sa famille en 1993 après avoir vécu dans le mensonge pendant dix-huit ans.
 
La classe de neige et L’Adversaire reprennent les thèmes chers à l’œuvre d’Emmanuel Carrère : le silence, le mensonge, le déséquilibre psychique.
 
Après sept ans de silence, le romancier choisit de remonter aux sources de son histoire familiale afin d’exorciser ses vieux fantômes. Dans Un roman russe (2007), il « transgresse délibérément les ordres de sa mère, puisqu’il y révèle tout ce qu’elle veut cacher. Tout se joue dans cette tension là. C’est l’une des prouesses du roman : la mère n’est jamais présente mais l’on sent son regard par-dessus l’épaule de l’écrivain. » (Florence Noiville, Le Monde des livres, 2  mars 2007)
 
Avec D’autres vies que la mienne (mars 2009), Carrère s’est attaché à ne raconter que des faits avérés et pose la question de la vérité en littérature.
 
  « Il faut reconnaître que l'empathie, la curiosité de Carrère, sa concision brutale, sa discipline de récit, sa volonté d'entrer dans les vies des autres, son goût pour la pénombre des confessions individuelles aboutissent à un livre remarquable. Dur et noir comme une épure. » (Jacques-Pierre Amette, Le Point, 12 mars 2009)
 
« Romancier de la folie, autobiographe de la névrose, peintre de la noirceur, l'auteur de La Moustache et de La Classe de neige abdique ici, pour la première fois, ses défenses naturelles, ses mauvais sentiments, son égotisme, sa détestation de soi, son attirance pour les psychopathes et les jeux de massacre. Et il célèbre, avec quelques vies exemplaires, des vertus qui n'étaient pas dans son vocabulaire : le courage devant l'adversité, la dignité dans la maladie, la fidélité aux idéaux de gauche, la justice au service des plus pauvres, et l'amour fou. » (Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur, 5 mars 2009)