Biographie

Jean-Marie Gustave LE CLEZIO

Oeuvre(s)

" Poisson d'or "

Roman

Né en 1940 à Nice d'une famille bretonne qui avait émigré à l'Ile Maurice, Le Clézio gardera toujours dans son imaginaire la dimension de l'ailleurs au croisement de deux langues et de plusieurs cultures. L'écriture et le voyage seront pour lui les deux formes d'une même attitude dans l'existence : le choix d'être entre deux mondes.
Le Clézio s'est acquis de bonne heure un prestige unanime avec la parution, en 1963, du Procès-Verbal pour lequel il obtint le Prix Renaudot. Ce roman inaugure une série de livres qui tous se caractérisent par l'expression d'une certaine angoisse face à l'agression du monde moderne : La Fièvre (1965), Le Déluge (1966), L'Extase matérielle (1967), Terra Amata (1967), Le Livre des fuites (1969), La Guerre (1970).
Bien que Le Clézio ne se soit jamais soucié d'être d'avant-garde, sa démarche est contemporaine aux tentatives des années 1960 de désencombrer les voies du roman traditionnel. Son écriture procède souvent par accumulation, par inventaire minutieux et fasciné du réel. Il introduit souvent dans ses textes des slogans publicitaires ou des dessins naïfs. Sa phrase est rapide, obsédante. Poursuivi par son inquiétude, l'écrivain cherche, au milieu de ses mots, une issue.
D'où le sentiment pour le lecteur d'une écriture fébrile, inventive, multipliant les audaces formelles pour frayer un chemin à l'homme dans un monde qui l'aliène.
Le port de Nice, la Méditerranée ont alimenté des rêves qui n'étaient pas seulement des rêves d'enfance mais des rêves d'ailleurs qui le conduiront chez les indiens du Panama et du Guatemala. Dès lors, les récits de Le Clézio vont témoigner dans leur écriture apaisée de ce changement intérieur qui affecte l'auteur.
La rupture devient manifeste avec Voyage de l'autre côté (1975) où, comme pour Michaux, le voyage est avant tout une plongée mentale.
En 1976, il publie Les Prophéties du Chilam Balam, traduction d'un livre sacré du peuple maya ; en 1978, L'inconnu sur la terre, sorte de "traité des émotions appliquées" et Mondo et autres histoires, recueil de contes légèrement naïfs.
Qu'il s'agisse de fragments, de nouvelles ou de romans, le cheminement de Le Clézio paraît irréversible : après l'effroi panique de ses premiers livres, sa langue s'est apaisée pour acquérir une sorte de consistance minérale, immobile, aux singuliers pouvoirs d'envoûtement. De plus en plus prédominent l'attention au particulier, la description de la beauté du monde. Il s'agit dans les derniers récits de raconter la quête d'un être à la recherche de lui-même, de l'accession à l'infini, à l'universel. Le rêve mexicain (1988) résume le projet humain de Le Clézio : l'harmonie entre l'homme et le monde.
Cette harmonie, nous la retrouvons avec La Quarantaine (1995 ; Prix Littéraire France Television, Prix des Téléspectateurs 1996), hymne à la lumière, au bonheur et à la poésie (essentiellement celle de Rimbaud) - mais aussi avec La Fête chantée (1997), histoire de
sa communion avec les Mexicains. A l'écart des grands courants de l'industrialisation, Jean-Marie Le Clezio trouve en ces peuples une harmonie, une manière d'être, un respect de l'autre, qu'il n'a rencontrés nulle part ailleurs.
Avec Poisson d'or (1997), l'écrivain renoue avec "cette très douce et très poétique obsession de la nature du langage, traité comme l'essence même du récit et non seulement comme l'instrument de communication habituel. Poisson d'or est l'histoire d'un éveil de la sensibilité, une aventure moderne avec ses surprises et, en même temps, une quête de l'auteur" (Alain Bosquet).
En 1997, Le Clézio publie également, avec sa femme Jemia, un album de photos accompagné de textes lyriques à la gloire du Sahara : Gens des nuages.