Biographie

Filippo PEROCCO

© Giancarlo Rado

"Dans la confusion des langages qui traversent tout l'art d'aujourd'hui, y compris la musique, dans la multiplicité ou en l’absence des règles qu’un compositeur doit choisir ou inventer pour s’imposer, Filippo Perocco a choisi de se démarquer et de regarder ce qui se passe. Il se glisse, donc dans les interstices des formes consolidées à la fois par la tradition et par les avant-gardes: il étudie l'espace qui s'écoule entre l'émission sonore et sa manifestation et le scrute just’avant qu’il ne soit aperçu, lorsqu’il n’est pas encore une pièce d’une construction mais qui est déjà un sujet disponible à inventer de nouvelles formes. Il est placé dans la zone neutre qui prépare la connaissance, puis saute sur scène pour nous dire, avec la musique, non pas la permanence ou la substance des choses, mais leur fragilité perpétuelle et leur insaisissabilité "

de la motivation du prix Franco Enriquez

BIOGRAPHIE

Compositeur, conducteur et organiste.
Il a participé aux 40ème et 41ème Ferienkurse von neue Musik Darmstadt.
Il a été compositeur en résidence au Centre européen des arts de Dresde, à l’AARome et compositeur invité à l'Université de Boston, Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, Université Tufts, Université de New York, Conservatoire de Lugano
En 2009, il a reçu la bourse Fulbright Grant.
En 2016, il est compositeur en résidence à l'Institut culturel italien à Paris.

Aquagranda, une oeuvre commandée et soutenue par le Teatro La Fenice, inaugure la saison de l'opéra 2016/2017 du théâtre vénitien et reçoit le prix spécial du XXXVI de la Critica Musicale "Franco Abbiati" 2017.
Toujours en 2017, il a été récompensé dans la XIII édition du “Prix Franco Enriquez” pour un art et une communication d'engagement social et civil.

Ses œuvres sont commandées par Biennale Musica di Venezia, ENPARTS, Eclat,
Siemens Foundation, Traiettorie, Milano Musica, Rai Nuova Musica, Fondation Salabert, Maggio Musicale Fiorentino, OPV, Teatro Lirico Sperimentale di Spoleto, Villa Romana, MdI Ensemble, L’Imaginarie, Ludus Gravis, Ravenna Festival, Associazione Scarlatti, Mata Festival,Tilt Brass, Sentieri Selvaggi, Taschenopern Salzsburg, Klang21, Incontri Asolani, Teatro Olimpico di Vicenza, Finestre sul ‘900, Divertimento Ensemble, Ex Novo, Brighton Festival, Kaida, VokalensembleNeueMusik, Astra concerts, Altri Canti, Brinkhall Summer Concert, ECHO.

Ses œuvres sont exécutées par Holland Symphonia, Dresdner Sinfonikern, Young Janáček Philharmonic Orchestra, Sinfonia Varsovia Orchestra, Orchestre Nationale de Lorraine, Orchestra d’Archi Italiana, ORT, Orchestre Mitteleuropa, Scharoun Ensemble Berlin, ModernArtEnsemble, Orchestra del Teatro La Fenice, Dresden Sinfonietta, Virtuosi Italiani, Vocal Modem, CoroinCanto, Ixion, Aleph, Argento,Knights, Accroche Note, Algoritmo, Kaida.

Il est présent dans des expositions internationales telles que Gaudeamus, Manca, Aspekte Salzsburg,Time of Music, Acanthes, Warsaw Autumn, Musica Strasbourg, Nuova Consonanza, American Film Festival, Unerhörte Musik, Timisoara International Music Festival, Contemporanea Udine, Theatre Dunois Paris, Musica/Realtà, Cantiere di Montepulciano, BEAMS, Zèppelin, Axes, De IJsbreker, Logos Foundation Ghent, Tufts New Music Festival, Rencontres Lunel, C. N. de la Música México, New London Wind Festival, Boston Harp Festival, Review of Belgrade.

En tant que directeur, tout en poursuivant son activité avec l’ensemble L’arsenale, il a collaboré avec plusieurs ensembles (Neue Vocalsolisten, Ensemble U, MdI ensemble, Ensemble Prometeo, OPV, Orchestra Teatro Comunale di Bologna, ExNovo Ensemble, EuropaChorAkademie, OENM, United Instruments of Lucilin, Mannheimer Schlagwerk, Argento, ACME, Ecce, Metropolis) e festivals (Venice Biennale, Traiettorie, AngelicA, Mata Festival, Estonian Music Days, Festival Hörfest Neue Musik,Taschenopern Festival, American Film Festival, Unerhörte Musik, Rassegna Nuova Musica, Tufts New Music Festival, Amici della Musica, CZ95, Compositori a Confronto, Bargemusic, Festival Suggestioni, New Music Brandeis) et Universités (Harvard University, Johannes Gutenberg-Universität Mainz, Brandeis University, Northeastern University, Estonian Academy of Music and Theatre).
Il est cofondateur et directeur artistique de l’ensemble L'arsenale (Premio Abbiati – 2016).
Il est publié par SZ Sugar, ArsPublica e Doblinger.

Oeuvre(s)

" SE LE NUVOLE  "

Pour orchestre

Publication : Suvini Zerboni

SÉLECTION 2024

...notes générales...

Que faire si un mot ou une image ne laisse aucun répit ?
C'est arrivé pour moi avec les nuages, en 2020, lorsqu'ils guidaient mon cycle de miniatures (toujours en cours) pour piano et résonateur intitulé Nuvolette.
La matière de la première Nuvoletta circule, transformée, dans cette ?uvre pour orchestre. Un processus suspendu, presque harnaché sur lui-même, dans quatre salles hypothétiques dans lesquelles le corps sonore semble précipiter, s'évaporer, saturer et redevenir éphémère, en apesanteur comme la miniature originale du piano.

La pièce entière, dans laquelle reviennent mes vers à bois habituels (les débris, le cantilène, la précarité), repose sur le caractère presque vocal qui persiste dans les relations entre les différents instruments.
Un résidu qui veut résister.

Chaque ligne est en équilibre précaire constant avec une autre, tissant un flux continu de résonances et d’allitérations.
Une sorte de messe chorale faite d'ombres, de fonds, de dégradés qui renvoient aux éclairs d'un chant imaginaire entonné par les nuages.

...aux interprètes...

Il existe souvent des relations dynamiques dans l'équilibre, dans les territoires du ppp, minces et précaires, dans lesquels aucun instrument ne doit dominer l'autre avec l'intention de synthétiser un corps sonore compact, toujours changeant et suspendu.
Il faut prêter attention à la messa di voce et aux relations microtonales (indiquées par des altérations en dessous ou aigues) entre plusieurs paires quasi-unisoniques. Ces variations d'intonation, tantôt fixes, tantôt fluctuantes, n'ont pas une valeur « spectrale » mais plutôt une valeur « affective-timbrale ».

Toute transformation ne doit jamais être forcée et doit contenir la charge primitive du chant.

Les différents paramètres sont tracés, établis, recherchés (hauteur, dynamique, rythme, relations de toutes sortes, attaque, transformation et déclin, fonds, écarts d'intonation et autres).
Ils ne suffisent pas.

Il est nécessaire que chaque interprète enquête sur ce qu'il y a à l'intérieur de la note, en essayant de surmonter toute forme de musculature, d'évidence, de typicité.
Ces pages ne demandent pas d'athlétisme instrumental (ce que l'on entend habituellement comme de la virtuosité) mais le désir de rechercher une tension foisonnante même dans ce qui peut paraître ordinaire et connu. Tout vit dans le chant intérieur du musicien.