Biographie

Masahiro AOGAKI

© Reuben Jelleyman

Masahiro Aogaki étudie la composition à l’Université des arts de Tokyo (Tokyo Geidai), où il obtient un master dans la classe d’Ichiro Nodaïra. Depuis 2017, il étudie au Conservatoire de Paris (CNSMDP) dans la classe de Stefano Gervasoni, et dans celle des nouvelles technologies de Luis Naón, Yan Maresz, Grégoire Lorieux, Yann Geslin et Oriol Saladrigues, où il obtient son diplôme avec mention Très Bien à l’unanimité en 2022.

Dans son processus compositionnel récent, il s’intéresse tant à la redéfinition des identités instrumentales, vocales ou textuelles, qu’à la contextualisation de langages musicaux préexistants. Ses partitions ont été interprétées par l’Orchestre de Picardie, l’Orchestre de Caen, l’Ensemble Intercontemporain, l’Ensemble Court-Circuit, l’Ensemble Muromachi, l’Ensemble Next, Collettivo_21, le Duo Jeux d’Anches, entre autres. Il a participé à diverses master classes et reçu les enseignements de Tristan Murail, Allain Gaussin, Philippe Manoury, Jean-Luc Hervé, Marco Momi, Jaime Reis, Joji Yuasa, Hiroyuki Ito et Misato Mochizuki.

Il a bénéficié des bourses de la Fondation culturelle de Meiji Yasuda, de la Fondation Nomura, de l’Agence pour les affaires culturelles du Japon, de la Fondation Kakehashi et du Centre International Nadia et Lili Boulanger.

En 2022-23, il suit le cursus de composition et d’informatique musicale de l’IRCAM où il étudie notamment avec Pierre Jodlowski et Simone Conforti.

Son premier concert a eu lieu à Paris en juillet 2023.

 

Oeuvre(s)

" Dé-monologue - Cinq poèmes de Ghérasim Luca  "

Pour Soprano, flûte, ensemble de 18 musiciens et électronique

I. Héros-Limite, pour électronique
II. La Morphologie de la Métamorphose, pour soprano, flûte et ensemble 
III. Autres secrets du vide et du plein, pour soprano et ensemble
IV. Passionnément, pour soprano, flûte basse, ensemble et électronique
V. Auto-détermination, pour soprano, tête de flûte, ensemble et électronique 


Dé-monologue est un cycle de cinq pièces, fondé sur des poèmes de Ghérasim Luca (1913-1994). Énigmatique et tragique, ce poète roumain a abandonné son vrai nom, son pays natal et sa langue maternelle pour écrire presque exclusivement en français. À l’âge de 80 ans, il se suicide dans la Seine, laissant ces quelques mots derrière lui : "Puisqu’il n’y a plus de place pour les poètes dans ce monde". 
Dé-monologue, c’est-à-dire un monologue décomposé ou encore un démonologue, c’est- à-dire celui qui étudie les démons ; c’est dans cette ambiguïté sémantique que se situe ma pièce. 
Ce mot-valise est central dans l’œuvre de Luca. Il incarne une profusion de pensées désordonnées qui se bousculent, un état schizophrénique qui donne lieu à un trouble dissociatif de l’identité. Ma pièce peut se comprendre comme un individu virtuel, déchiré en cinq sous- personnalités. Indépendantes les unes les autres, elles tissent des rapports fragiles entre elles à travers des mots, des syllabes ou des phonèmes. 
Souvent caractérisés par du bégaiement et des glissements phonétiques, les poèmes de Luca explorent une forme de primordialité de l’oralité se situant à l’origine du langage. Pour cela, il abandonne toute cohérence discursive et sémantique. 
Dans la partie électronique de ma pièce, j’ai utilisé des enregistrements de sa voix et lui ai donné un rôle de soliste invisible qui dialogue avec les deux solistes présents sur scène, à savoir la soprano et le flûtiste. Cette interaction entre solistes « visibles » et « invisibles » renvoie encore une fois à cette identité trompeuse et fluctuante qui caractérise mon travail depuis plusieurs années. 
Masahiro Aogaki