Biographie

Rebecca SAUNDERS

© Astrid Ackermann

Compositrice anglaise, Rebecca Saunders réside aujourd’hui principalement à Berlin. Elle étudie d’abord le violon puis poursuit des études de musique à l’Université d’Édimbourg. Elle continue sa formation de composition auprès de Wolfgang Rihm à la Musikhochschule de Karlsruhe de 1991 à 1994, et auprès de Nigel Osborne à Édimbourg de 1994 à 1997. Des prix de l’Académie des arts de Berlin en 1995 et de la Fondation Ernst von Siemens en 1996 lui permettent de travailler à New York et à Bruxelles.

L’œuvre de Rebecca Saunders est récompensée en autres des prix Busoni Förderspreis, de musica viva, du Prix Paul Hindemith, du Prix de musique de chambre de la Royal Philharmonic Society en 2008, du Prix GEMA Deutscher Musikautorenpreis en 2010, du Prix Mauricio Kagel en 2015.

En 2009 elle est nommée membre de l’Académie des arts de Berlin et compositrice de la Staatskapelle de Dresden pour la saison 2009-2010. Elle enseigne à régulièrement à l’académie d’été de Darmstadt et à l’Impuls Academy de Graz. Depuis 2011, elle enseigne la composition à la Hochschule für Musik, Theater und Medien de Hannovre.

Son catalogue, varié, tient l’une des ses particularités de l’utilisation d’instruments mécaniques, comme les boîtes à musique dans Crimson – Molly’s Song 1 (1995), pièce inspirée du monologue de Molly Bloom d’Ulysse de Joyce, ou Chroma (2003), œuvre spatialisée, variable selon les lieux où elle est interprétée, et dont la perception est fonction de la mobilité du public. L’espace et le silence interrompant des énoncés concis sont des paramètres fondamentaux de la conception musicale de Rebecca Saunders. En 2003 est aussi créée sa première œuvre scénique, Insideout pour “installation chorégraphique”, réalisée en collaboration avec Sasha Waltz.

En 2001, avec Albescere, Rebecca Saunders aborde la musique vocale. Les voix y font fonction d’instruments, comme partie de l’ensemble instrumental et sans texte. Viendront ensuite Miniata, 2004 et company (2008), pour chœur et ensemble. En 2007, elle écrit pour les Neue Vokalsolisten Soliloquy, pour six voix a cappellaSkin, pour soprano et ensemble, est créé en 2016 lors des Donaueschinger Musiktage par Julie Fraser et le Klangforum Wien sous la direction de Titus Engel.

L’importance de la spatialisation perdure dans Stirrings Still I (2006) et II (2008), Murmurs (2009), Stasis (2011), Yes (2017) par la répartition des instrumentistes dans les salles. Plusieurs de ces œuvres récentes sont consacrées à la musique instrumentale : de la musique de chambre – fletch pour quatuor à cordes, créé en 2012 par le quatuor Artitti, Stasis II pour quatuor pour vents, percussions et piani créé par l’ensemble Musikfabrik en 2014 - aux concertos Still (2011) pour violon, Ire pour violoncelle, cordes et percussion (2012) et Alba (2014), pour trompette et orchestre.

En juin 2018, elle participe au festival et académie de l’IRCAM, ManiFeste, pour la création française de sa pièce Skin, pour soprano et treize instruments, au Centre Pompidou de Paris, et la représentation de Fury à l’Église Saint-Merry. L’Ircam lui commande une autre pièce The Mouth, pour soprano et électronique, pour le festival ManiFeste 2020.

En 2019, Rebecca Saunders reçoit le Prix de la Musique de la Fondation Ernst Von Siemens.
 

© Ircam-Centre Pompidou, 2020, mise à jour le 15 juin 2023

Sources
Site personnel de la compositrice ; Robert Adlington, « Rebecca Saunders », The new Grove Dictionary of Music and Musicians, Oxford University Press, 2007 ; éditions Peters.

Oeuvre(s)

" Wound "

Pour ensemble et orchestre

Peters

SÉLECTION 2023

38'

> Commande de la Fondation Ernst von Siemens pour la musique,
de l'Orchestre de la Suisse Romande, de l'Ensemble inter-contemporain,
de la Casa da Música Porto et de Radio France

> Première exécution par l'Ensemble inter-contemporain, l'Orchestre de la Suisse Romande
sous la direction de Jonathan Not lors du concert musica viva - räsonanz
au Prinzregentheater de Munich le 29 septembre 2022.

wound /wuːnd/ (Blessure)

Nom     1. lésion d'un organisme, impliquant généralement une division ou une rupture du tégument ou de la membrane muqueuse, due à une violence extérieure ou à une action mécanique plutôt qu'à une maladie.
             2. une atteinte aux sentiments, à la sensibilité, à la réputation, etc.

Verbe    Infliger une blessure à (quelqu'un ou quelque chose) ; blesser ; faire mal.

[Pré-10C : OE wund ; O. Frisian wunde ; OG wunta ; ON und ; Goth. wunds]

Wound (Blesser)

Couper, déchirer, briser, ouvrir, percer la peau ou la chair ; mortifier, affliger, offenser. De la violence, défigurée et défigurante.
Une lésion incrustée dans la peau - une tache, une marque de différence.
La surface imparfaite, les bords effilochés, les fissures dans le placage.
L'implication de la vulnérabilité : l'exquise fragilité et l'imperfection qui font de nous des êtres humains.
Le silence est la toile sur laquelle le poids du son laisse sa marque.
Le son déchire la surface du silence, ou en retire la peau, zoome et tombe dans le monde souterrain, à la recherche de ce qui se trouve à l'intérieur.

« Cette vengeance corporelle. Une véritable destruction concertée et systématique de la grâce. Chaque promesse découverte trop tard n'est qu'un putain de mensonge mal raconté. La promesse d'intimité et la promesse de beauté se sont envolées pour laisser place à une brute hyperréaliste...
Chaque follicule est une soupape ou un mince tuyau de laiton dans un vaste instrument respiratoire ...
J'ai voulu parler d'une cursive composée d'un seul trait - écrit dans la peau, sur la peau et sous la peau ; un trait de peau morte, teintée, enroulée, dessinée sur le sol le plus sensible. Maintenu en place dans une proximité brute et dermiteuse ».

Air for Concrete, A primer for Cadavers de l'artiste britannique Ed Atkins

R. Saunders, août 2022

Texte traduit de l’anglais

" Skull "

Pour 14 instruments

Ed. Peters

SÉLECTION 2024

Skull a été composé en 2023 pour grand ensemble. Il constitue la dernière partie d'un triptyque avec les œuvres Skin (2016) et Scar (2019). Les trois compositions peuvent être jouées séparément ou ensemble.

Dans Skull, l'instrumentation diffère grandement des autres œuvres. Le piano et la guitare électronique sont remplacés par un orgue électrique analogique Korg BX3, choisi pour sa flexibilité et sa sonorité saisissante.

Skull est l'œuvre la plus longue, d'une durée de 38 minutes, et c'est avec elle que j'ai cherché une unité formelle cohérente pour le triptyque. Simultanément, et en contraste frappant avec Skin et Scar, Skull poursuit un réseau complexe de polyponie lyrique s'étendant du tout premier son au fermata final.

Skull s'inspire partiellement de Skin et Scar, en établissant des points de référence éphémères et en réfléchissant sur des fragments timbriques, des gestes individuels et des sons inhérents aux œuvres précédentes.

Ces fragments sont à la fois diffus et condensés, transformés et mutés, et cherchent à explorer la surface extérieure du corps acoustique jusqu'à la limite de l'intime, de la conscience - pour ainsi dire, jusqu'à l'essence squelettique qui se trouve à l'intérieur.

Cette citation tirée du livre Hard-boiled Wonderland and the End of the World de Haruki Murakami élucide cette image centrale :

« Le crâne est enveloppé d'un profond silence qui semble être le néant lui-même.

Le silence ne réside pas à la surface, mais est maintenu comme de la fumée à l'intérieur.

Il est insondable, éternel, une vision désincarnée jetée sur un point dans le vide ».

Commandée par l'Ensemble Modern, le Festival Acht Brücken | Musik für Köln, Oslo Sinfonietta, Ensemble Contrechamps, La Biennale di Venezia, la première mondiale a eu lieu le 01.05.2023 à la Philharmonie de Cologne dans le cadre du Festival Acht Brücken, par l'Ensemble Modern, sous la direction de Bas Wiegers.

Rebecca Saunders