Biographie

Kristine TJØGERSEN

© Felix Dol Maillot

Kristine Tjøgersen est titulaire d'une maîtrise en composition de l'Université Anton Bruckner de Linz en Autriche, où elle a étudié avec Carola Bauckholt, et d'une maîtrise en clarinette de l'Académie norvégienne de musique, où elle a étudié avec Hans Christian Bræin.

En tant que compositrice, elle s'intéresse particulièrement à l'interaction entre le visuel et l'auditif et à la manière dont ils s'influencent mutuellement.

Ses œuvres ont été interprétées par, entre autres, Arditti Quartet (UK), Ensemble Recherche (DE), Cikada ensemble, SWR and WDR Symphonieorchester (DE), BBC Scottish Symphony Orchestra (UK) et Bergen Philharmonic Orchestra dans des festivals comme ECLAT (DE), Tectonics (UK), Wittener Tage für neue Kammermusik (DE) et festival Ultima.

En 2018, elle a représenté la Norvège à la tribune des compositeurs en Hongrie et en 2019 aux Journées mondiales de la musique à Tallinn. En 2019-2020, elle a été membre de l'Akademie der Künste à Berlin et en 2020, elle a reçu le prix du compositeur Arne Nordheim, ainsi que le prix Pauline Hall pour sa pièce d'orchestre Bioluminescence.

En 2021, elle a reçu le prix de “l'œuvre de l'année“ de la Société norvégienne des compositeurs pour son Concerto pour piano. En 2022, elle a remporté la Tribune internationale des compositeurs à Palerme avec sa pièce pour orchestre Between Trees.

La pratique compositionnelle de Kristine Tjøgersen se caractérise par la curiosité, l'imagination, l'humour et la précision. À travers son travail, elle crée des situations auditives inattendues et absurdes en jouant avec la tradition, aboutissant souvent à une étrangeté particulière. Son travail ouvre des perceptions du monde comme complexe, vivant et en constante évolution et ne se dirigeant pas vers un point culminant final.

 

Oeuvre(s)

" Between Trees "

Pour orchestre

SÉLECTION 2022

14’

> Création : 29/10/21 - Norwegian Radio Orchestra, dir. Otto Tausk.

Dans l’œuvre pour orchestre Between Trees, je voulais décrire ce qui peut se passer entre les arbres, en emmenant les auditeurs dans une excursion sonique. Un voyage pendant lequel la forêt n’est pas observée de loin, mais donne au public la sensation d’être en son sein.

La pièce commence par le bruit d’un écureuil en train de manger, puis nous sommes conduits sous terre. Cet endroit regorge de racines connectées dans un réseau de fils fongiques. Ces fils relient les arbres et les plantes pour leur permettre de communiquer : c’est pour ainsi dire l’Internet de la forêt. Ils grandissent par pulsation ; une vie rythmique et pulsante qui se déploie sous nos pieds. L’ouverture est donc énergique et légère, comme la communication entre les arbres. Ensuite, nous revenons au-dessus du sol. Nous entendons des battements d’ailes et différents oiseaux : piverts, merles, coucous, chouettes et pies.

La pièce thématise également la relation entre l’homme et la nature, ainsi que notre présence en son sein. Notre conscience alterne entre des moments de présence et d’observation des environs et des moments de rêverie. L’esprit s’égare peut-être et l’on fredonne une mélodie, mais nous sommes ramenés au présent par les pépiements de moineaux dans un arbuste.

La pièce alterne entre de belles mélodies et une force rythmique, et je souhaitais créer une œuvre pour orchestre avec des caractéristiques musicales de chambre dont l’instrumentation soit détaillée. De nouvelles techniques de jeu ont été mises au point en collaboration étroite avec différents musiciens de l’Orchestre de la radio norvégienne, parmi lesquelles de l’eau dans des cuivres, un son à plusieurs couches pour les bois et des harpes et cordes préparées. Cette pièce m’a permis de revenir à mes racines et à mon passé de clarinettiste. Il a fini par devenir tout naturel de réfléchir à ce que je préfère dans le répertoire d’orchestre classique et découvrir ce qui me manque dans le répertoire moderne. C’est pour cette raison que j’ai voulu retrouver le son chaud d’un quatuor de cors et un magnifique solo de hautbois.

Cette pièce a été écrite pour l’Orchestre de la radio norvégienne, a été initiée par le programme KUPP et est dédiée à ma mère.

Kristine Tjøgersen