Biographie

Philippe HUREL

© Jean Radel

 

Après des études au Conservatoire et à l’Université de Toulouse (violon, analyse, écriture, musicologie) puis au Conservatoire de Paris (composition et analyse dans les classes d’Ivo Malec et Betsy Jolas), il participe aux travaux de la "Recherche musicale" à l'Ircam 1985/86 - 1988/89. Il est pensionnaire de la Villa Medicis à Rome de 1986 à 1988. En 1995, il reçoit le Siemens Förderpreis à Münich.

Il enseigne à l’Ircam dans le cadre du Cursus d’informatique musicale de 1997 à 2001. Il est en résidence à l’Arsenal de Metz et à la Philharmonie de Lorraine de 2000 à 2002. Il reçoit le Prix Sacem des compositeurs en 2002 et le Prix Sacem de la meilleure création de l’année en 2003 pour Aura. Depuis 1991, il est directeur artistique de l’Ensemble Court-circuit. Il est professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon de 2013 à 2017.

Ses œuvres, éditées par Gérard Billaudot et Henry Lemoine, ont été interprétées par de nombreux ensembles et orchestres sous la direction de chefs tels que Pierre Boulez, François Xavier Roth, David Robertson, Ludovic Morlot, Tito Ceccherini, Jonathan Nott, Esa Pekka Salonen, Pierre-André Valade, Kent Nagano, Pascal Rophé, Christian Eggen, Lorraine Vaillancourt, Reinbert de Leeuw, Bernard Kontarsky, Johannes Stockhammer…

Après son opéra Les pigeons d’argile (livret de Tanguy Viel) créé au Capitole de Toulouse en 2014, son cycle Traits pour violon et violoncelle est créé la même année à Paris par Alexandra Greffin-Klein et Alexis Descharmes. En 2015, son cycle orchestral Tour à tour est créé à Radio France dans le cadre du festival Manifeste par l’Orchestre philharmonique de Radio-France et l'Ircam sous la direction de Jean Deroyer. Pas à pas, commande de Ernst von Siemens music Foundation, est créée la même année par l’ensemble Recherche à la Biennale de Venise. En 2015-2016 il compose Global corrosion pour l'ensemble Nikel qui a créé la pièce à Tel Aviv et So nah so fern, créé en 2019 en Belgique par l’ensemble Spectra.

En mars 2017, le quatuor Arditti crée Entre les lignes (2016-17) aux Wittener Tage für Neue Kammermusik à Witten et en octobre 2018, le quatuor Diotima donne la Première de D'autre part (2017) au Théâtre d’Orléans. Quelques traces dans l'air (2017-18) est créé en juin 2018 par Jérôme Comte, clarinette, et Johnannes Stockhammer à la tête du Philharmonisches Orchester des Staatstheaters Cottbus qui en est le commanditaire avec l’Orchestre Régional de Normandie et Buffet Crampon. En septembre 2020, le quatuor Tana crée En filigrane (2019-20)  pour quatuor à cordes et électronique au Centre G. Pompidou dans le cadre du festival Manifeste/Ircam. Périple (2019-20) sur des textes de Tanguy Viel est joué pour la première fois à la Philharmonie de Paris en 2021 par Elise Chauvin, Alain Billard et l'ensemble KDM.

En 2022, trois créations ont eu lieu à Radio France :

En spirale (2021), pour clarinette (commande EIC/Radio France), par Jerôme Comte au festival Présences 2022, Autour (2019), pour piano, (commande Radio France) par Jean-Frédéric Neuburger, et Volutes (2020-21) pour hautbois et orchestre (commande Radio France et Buffet Crampon) par Hélène Devilleneuve et l'Orchestre Philharmonique de Radio France, direction Pascal Rophé.

Enfin, la version longue et scénique de Périple (2022) a été créée au Théâtre de la Criée à Marseille en mai 2022 dans le cadre du festival Propagations.

II vient de terminer la seconde partie de So nah so fern commandée par Meitar ensemble et Court-circuit (création 2022/23 à Paris et Tel Aviv) et se consacre maintenant à une pièce pour orchestre, commande de l'Orchestre de chambre Nouvelle-Aquitaine (direction artistique Jean-François Heisser) et à un concerto pour flûte et orchestre, commande de l'Orchestre symphonique de Bochum pour le flûtiste Yubeen Kim.

Oeuvre(s)

" Périple "

Pour voix soprano, clarinette basse, accordéon et 2 percussions

Lemoine

SÉLECTION 2022

Texte de Tanguy Viel

30’

> Co-commande : La Philharmonie de Paris et l’Ensemble KDM.

> Création : 23/01/2021 Paris, La Philharmonie, Paris – Elise Chauvin, Trio KDM.

Pour l'enregistrement, voici les précisions apportées par Ph. Hurel :

« Dans cet enregistrement, Interlude III ( ou interlude "final") est joué après Tokyo et non avant.

Soprano : Elise Chauvin, Trio KDM : Anthony Millet, accordéon

Percussion : Adelaïde Ferrière, Aurélien Gignoux (EIC)

Clarinette basse, Alain Billard (EIC)

Enregistré à la Philharmonie de Paris en février 2021, le concert ayant été annulé en raison de la Covid. »

Les sept courts poèmes qui composent Périple sont nés d'un sentiment, celui qui advient quelquefois, sans prévenir, au cœur des grandes villes, et qui prend la forme d'un ravissement : voilà que l'espace d'un instant, le flot des perceptions se rassemble en une synthèse émotive qui subjugue la sensibilité. Le poème en serait alors l'enregistrement ou plutôt la trace. De capitale en capitale, de Shanghaï à Londres, c'est cette expérience-là, que les japonais appellent "satori", que ces textes essaient de circonscrire et de scénographier. Puissent-ils à leur tour faire affleurer l'intensité du vécu qui se cache en eux.

Tanguy Viel

 

Après une collaboration de deux ans lors de la création de l'opéra Les pigeons d'argile (2014), j'ai gardé avec Tanguy Viel une relation intellectuelle, artistique et amicale très forte.

Composé pendant le confinement, alors que tout voyage s'avérait impossible, Périple se présente comme une suite de sept courts poèmes qui nous parlent des grandes villes.

Ces sept "poèmes" - Austerlitz, Shanghai, Berlin, New York, Londres, Rome et Tokyo - pourraient s'apparenter aux pages d'un carnet de voyage. La musique, sans illustrer les situations contées dans ces villes, suit de très près la structure formelle du texte et tente de dégager les impressions que l'auteur a pu y ressentir. Elle se fait tour à tour enveloppante et fluide, énergique, bruitée, rythmique…

La voix, est traitée de manière à ce que le texte reste le plus souvent compréhensible mais il lui arrive aussi souvent de se mêler à la texture instrumentale qui l'entoure, la compréhension du texte s'en trouvant momentanément perturbée. Par ailleurs, dans les moments où le texte se fait le plus clair, on peut observer l'utilisation d'une forme de madrigalisme, comme dans Berlin (le métro, reptile de verre), Londres (l'épaisseur du fog), Rome (l'eau gelée)…

Si la pièce est composée à partir d'objets harmoniques spectraux, l'utilisation d'instruments tempérés comme l'accordéon, le vibraphone et le marimba, m'a amené à n'utiliser que peu de micro-intervalles à la clarinette basse. La recherche d'une couleur identifiable pour toute la pièce ne s'est pas faite par "synthèse" de fréquences comme je le fais habituellement mais par un travail sur la fusion de l'accordéon avec la clarinette basse et la percussion. Par ailleurs, j'ai voulu utiliser l'accordéon dans tout son registre et ne pas le cantonner aux registres extrêmes comme c'est souvent le cas lorsqu'on veut lui donner un caractère "électronique". Ici, l'accordéon est exploité sur tout le spectre mais avec l'intention de le faire fusionner le plus possible avec la clarinette basse et la percussion que ce soit dans les parallélismes (mélismes fluides ou groupes rythmiques homorythmiques), les attaques (slaps de clarinette basse), les résonances (claviers, gongs thaï) …

La pièce, non dirigée, reste une prouesse pour les musiciens, particulièrement dans les trois interludes qui pourraient constituer une petite pièce en trois mouvements. Ces trois interludes peuvent être considérés comme des commentaires prenant leur matériau dans les mélismes de Shanghai et Berlin par exemple, les sons vaporeux de Londres et plus largement la rythmique générale des sept poèmes.

Philippe Hurel