
" Périple "
Pour voix soprano, clarinette basse, accordéon et 2 percussions
Ed. Lemoine
SÉLECTION 2022
- Sélectionné pour : Le Prix de Composition Musicale 2024
- Sélectionné pour : Le Coup de Coeur des Jeunes Mélomanes 2023
Texte de Tanguy Viel
30’
> Co-commande : La Philharmonie de Paris et l’Ensemble KDM.
> Création : 23/01/2021 Paris, La Philharmonie, Paris – Elise Chauvin, Trio KDM.
Pour l'enregistrement, voici les précisions apportées par Ph. Hurel :
« Dans cet enregistrement, Interlude III ( ou interlude "final") est joué après Tokyo et non avant.
Soprano : Elise Chauvin, Trio KDM : Anthony Millet, accordéon
Percussion : Adelaïde Ferrière, Aurélien Gignoux (EIC)
Clarinette basse, Alain Billard (EIC)
Enregistré à la Philharmonie de Paris en février 2021, le concert ayant été annulé en raison de la Covid. »
Les sept courts poèmes qui composent Périple sont nés d'un sentiment, celui qui advient quelquefois, sans prévenir, au cœur des grandes villes, et qui prend la forme d'un ravissement : voilà que l'espace d'un instant, le flot des perceptions se rassemble en une synthèse émotive qui subjugue la sensibilité. Le poème en serait alors l'enregistrement ou plutôt la trace. De capitale en capitale, de Shanghaï à Londres, c'est cette expérience-là, que les japonais appellent "satori", que ces textes essaient de circonscrire et de scénographier. Puissent-ils à leur tour faire affleurer l'intensité du vécu qui se cache en eux.
Tanguy Viel
Après une collaboration de deux ans lors de la création de l'opéra Les pigeons d'argile (2014), j'ai gardé avec Tanguy Viel une relation intellectuelle, artistique et amicale très forte.
Composé pendant le confinement, alors que tout voyage s'avérait impossible, Périple se présente comme une suite de sept courts poèmes qui nous parlent des grandes villes.
Ces sept "poèmes" - Austerlitz, Shanghai, Berlin, New York, Londres, Rome et Tokyo - pourraient s'apparenter aux pages d'un carnet de voyage. La musique, sans illustrer les situations contées dans ces villes, suit de très près la structure formelle du texte et tente de dégager les impressions que l'auteur a pu y ressentir. Elle se fait tour à tour enveloppante et fluide, énergique, bruitée, rythmique…
La voix, est traitée de manière à ce que le texte reste le plus souvent compréhensible mais il lui arrive aussi souvent de se mêler à la texture instrumentale qui l'entoure, la compréhension du texte s'en trouvant momentanément perturbée. Par ailleurs, dans les moments où le texte se fait le plus clair, on peut observer l'utilisation d'une forme de madrigalisme, comme dans Berlin (le métro, reptile de verre), Londres (l'épaisseur du fog), Rome (l'eau gelée)…
Si la pièce est composée à partir d'objets harmoniques spectraux, l'utilisation d'instruments tempérés comme l'accordéon, le vibraphone et le marimba, m'a amené à n'utiliser que peu de micro-intervalles à la clarinette basse. La recherche d'une couleur identifiable pour toute la pièce ne s'est pas faite par "synthèse" de fréquences comme je le fais habituellement mais par un travail sur la fusion de l'accordéon avec la clarinette basse et la percussion. Par ailleurs, j'ai voulu utiliser l'accordéon dans tout son registre et ne pas le cantonner aux registres extrêmes comme c'est souvent le cas lorsqu'on veut lui donner un caractère "électronique". Ici, l'accordéon est exploité sur tout le spectre mais avec l'intention de le faire fusionner le plus possible avec la clarinette basse et la percussion que ce soit dans les parallélismes (mélismes fluides ou groupes rythmiques homorythmiques), les attaques (slaps de clarinette basse), les résonances (claviers, gongs thaï) …
La pièce, non dirigée, reste une prouesse pour les musiciens, particulièrement dans les trois interludes qui pourraient constituer une petite pièce en trois mouvements. Ces trois interludes peuvent être considérés comme des commentaires prenant leur matériau dans les mélismes de Shanghai et Berlin par exemple, les sons vaporeux de Londres et plus largement la rythmique générale des sept poèmes.
Philippe Hurel