Biographie

Sean SHEPHERD

« Un compositeur passionnant de la nouvelle génération américaine » (New York Times), Sean Shepherd a été largement acclamé et a reçu des commandes de grands ensembles et interprètes aux États-Unis et en Europe. En 2012, il a été nommé Kravis Emerging Composer inaugural du New York Philharmonic et a déjà été Daniel R. Lewis Composer Fellow au Cleveland Orchestra et compositeur en résidence du Reno Philharmonic.

Sa musique a été commandée et interprétée par le New York Philharmonic, l'Orchestre de Cleveland, l'Orchestre symphonique de Chicago, l'Orchestre symphonique de la BBC, la Maison symphonique de Montréal, l'Orchestre symphonique national et l'Orchestre symphonique du Nouveau Monde, ainsi qu'avec des ensembles européens de premier plan, dont le Leipzig Gewandhaus Orchestra, Ensemble Intercontemporain, Scharoun Ensemble Berlin, Asko|Schönberg Ensemble et Birmingham Contemporary Music Group. Les chefs d'orchestre qui défendent le travail de Shepherd sont Kent Nagano, Christoph Eschenbach, Valery Gergiev, Alan Gilbert, Franz Welser-Möst, Andris Nelsons, Pablo Heras-Casado, Susanna Mälkki et Matthias Pintscher. Ses œuvres ont été jouées dans des festivals à Aldeburgh, Heidelberg, La Jolla, Lucerne, Santa Fe, Aspen et Tanglewood.

La récente œuvre orchestrale de Shepherd, Express Abstractionism, a été jouée à travers les continents par le Boston Symphony Orchestra et le Leipzig Gewandhaus Orchestra, dirigé par Andris Nelsons, et enregistré par le Boston Symphony Orchestra pour Naxos Records. Parmi les autres projets récents, citons son nouveau quintette de saxophones Sonata à 5 pour la Music Academy of the West ; Melt pour orchestre, créé au Grand Teton Music Festival, dirigé par Donald Runnicles ; Écho pour le hautboïste Nicholas Daniel au Festival d'Aldeburgh ; wideOPENwide pour la violoniste Jennifer Koh ; et Concerto pour l’Ensemble, créé à la Philharmonie de Paris, avec Matthias Pintscher à la tête de l'Ensemble intercontemporain. Les premières prévues en 2021 incluent le Quatuor à cordes n° 3 pour le Gewandhaus Quartet, une œuvre à grande échelle pour le flûtiste Joshua Smith et le percussionniste Jacob Nissly au Santa Fe Chamber Music Festival, et une nouvelle pièce majeure pour le Dresdner Festspiele et le Philharmonisches Staatsorchester Hamburg sous la direction du violoncelliste Jan Vogler et Kent Nagano.

Shepherd's Magiya, écrit pour le premier Orchestre national des jeunes du Carnegie Hall des États-Unis d'Amérique, a fait une tournée aux États-Unis et en Europe en 2013 avec Maestro Gergiev et continue de connaître un énorme succès avec des performances de plusieurs grands orchestres du monde entier.

L'éducation de Shepherd comprend des diplômes en composition et en interprétation de basson de l'Université d'Indiana, une maîtrise de la Juilliard School et des travaux de doctorat à l'Université Cornell avec Roberto Sierra et Steven Stucky. Sa musique est publiée par Boosey & Hawkes.

(Septembre 2020 © Boosey & Hawkes)

Oeuvre(s)

" Express Abstractionism (2018) "

Pour orchestre

Ed. Boosey & Hawkes

SELECTION 2021

Durant les mois qui ont mené à l’écriture des premières notes de cette pièce, j’avais énormément d’idées. Cela semble plutôt naturel, me direz-vous. Mais il ne faut pas oublier qu’il peut être difficile de trouver même une mauvaise idée, alors une bonne idée (féconde, utile, souple, nette et sincère) ressemble à une licorne qui paisse parmi les trèfles à quatre feuilles de Shangri-La. Dans mon cas, c’est chose rare d’avoir plus d’idées que nécessaires, bonnes ou mauvaises, pour une pièce.

Alors que faire de mes nombreuses idées ? Il me semble que deux choix s’offraient à moi : leur faire descendre le courant du temps qui passe, aussi rapidement que possible, l’une après l’autre ; ou bien, les empiler les unes sur les autres, comme des crêpes, ou un jeu de Tetris ou de Jenga. Ce casse-tête à deux dimensions a mené à la première bonne idée que j’ai eue pour cette pièce : à savoir me tourner vers ceux qui ont fait face à une telle énigme sur une toile ou dans l’espace, tout en décidant de n’apporter aucune fioriture aux idées initiales qui m’étaient venues (en termes de ligne, de couleur, de forme et de vide). Un certain empilement a lieu, mais je dirais que la nature de la pièce correspond davantage au premier choix : les choses se passent assez rapidement au cours de ces quatre brefs mouvements (je me rends compte, a posteriori, qu’il est bien possible que j’aie écrit une toute petite symphonie), d’où mon jeu de mots un peu trop malin : Express Abstractionism [« express » signifiant « exprimer », mais aussi « rapide »].

Outre que je suis immédiatement et invariablement attiré par leurs œuvres, ces artistes n’ont aucun lien particulier les uns avec les autres, en dehors du simple fait qu’ils travaillent surtout comme artistes abstraits (c’est-à-dire de manière non figurative, mais même cette notion reste complexe). Lee Krasner était effectivement une expressionniste abstraite (bien que, malheureusement pour moi et mes goûts personnels, elle soit probablement surtout connue pour être la veuve d’un autre expressionniste). Je classerais trois de ces artistes en tant qu’« icônes », car leurs œuvres sont reconnaissables rapidement, voire sont emblématiques de leur époque, tandis que le seul artiste encore vivant, Gerhard Richter continue d’évoluer et de déconcerter. En réalité, le fait de les réunir tous les cinq permet à chacun de déceler une exception dans toute sorte de comparaisons. Cependant, un lien qui me semble important est le rôle en général tragique joué par les événements politiques du début et du milieu du vingtième siècle dans leur vie.

En tant que citoyen, je suis rongé par les événements de notre époque et, en tant qu’explorateur de l’histoire fasciné, l’avenir me plonge dans un profond malaise, une impression que je n’ai jamais ressentie aussi fortement durant toute ma vie (certes, je suis encore jeune). En tant que personne qui s’efforce de trouver une réponse créative appropriée (voire se demande si une réponse est nécessaire), j’ai trouvé refuge dans la magie de ces idées abstraites, dans leur aspect brut total et leur puissance la plus complète face aux... complications. Du fait de notre culture, nous avons l’habitude de prendre très au sérieux ces idées, artistes, œuvres et ce mouvement, mais je trouve utile de se contenter de les regarder. Une ligne est une ligne, la couleur bleue est bleue et le pinceau qui touche la toile tient parfaitement dans la main : voilà, à mes yeux, la vérité aujourd’hui.

Express Abstractionism est dédié à mon partenaire, Jacob Goodman, dont je chéris la curiosité, les conversations, les défis et le soutien.