" Tune and Retune (2017-2018) "
Pour orchestre
Editions Ricordi
SÉLECTION 2020
- Sélectionné pour : Le Prix de Composition Musicale 2021
> Commande de Philharmonie Luxembourg et Milano Musica
> Création le 24 novembre 2018, Grand Auditorium, Luxembourg / Festival « rainy days » par l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, dir. Baldur Brönnimann.
Les origines poétiques de Tune and retune remontent à mes premières expériences d’écoute d’un orchestre. Je me souviens très bien de la forte impression que m’ont laissé les concerts symphoniques la première fois que j’y ai assisté, lorsque j’étais toute petite. J’ai ressenti comme une immense respiration de cette incroyable masse sonore et j’ai eu intensément conscience de son déploiement dans le temps. J’ai du mal à l’exprimer verbalement, mais je crois que toute personne qui aime la musique symphonique comprend ce que je veux dire.
Cette pièce est une manière de me rappeler la respiration de l’orchestre, inséparable de mes souvenirs les plus anciens.
D’un point de vue technique, l’œuvre tourne autour d’une question centrale : la temporalité intrinsèque du son et le rythme sémantique du discours musical peuvent-ils être l’expression l’un de l’autre ?
Une seconde observation qui concerne le timbre de la musique m’a également guidée.
À mes yeux, le timbre n’est ni accidentel ni un simple « effet ». Il est le porteur et permet l’écriture au travers d’un élan temporel et poétique.
Le timbre n’existe pas en dehors du rythme, tout comme la syntaxe harmonique ne peut exister en dehors du rythme.
Le timbre et l’harmonie font tous deux partie d’un même tout, car le timbre a un contenu complexe d’(in)harmonicité, exactement à l’instar du contenu harmonique symbolique d’un accord. Son « sens » se fait à l’intérieur du discours temporel.
L’orchestration classique n’est rien d’autre que la modification, l’enrichissement, la simplification ou l’altération de très nombreuses façons du discours harmonique, grâce au contenu spectral des éléments soniques à l’œuvre. Il suffit de s’intéresser à la manière dont évolue le son des cuivres lors de l’indication « d’ordinario à cuivré » pour comprendre à quel point le timbre est toujours une question d’harmonie, et donc une question de discours harmonique, et in fine de rythme et de forme.
J’avais pour ambition de tirer les conséquences les plus radicales de cette observation.
Francesca Verunelli