
" Prayer / Inori II (2011-2017) "
Pour 2 Soprano, 2 Alto, 2 Tenor, 2 Bass
Editions Suivi Zerboni
SÉLECTION 2020
- Sélectionné pour : Le Prix de Composition Musicale 2021
> Création le 24 mars 2018 à St John’s church, Waterlooduring the London ear Festival par Helsinki Chamber Choir, dir. Nils Schweckendiek
Prayer / Inori II est une nouvelle version pour huit voix de Prayer / Inori, composée pour une chorale mixte a cappella immédiatement après le tremblement de terre qui a dévasté l’est du Japon le 11 mars 2011. Cette œuvre a été écrite en mémoire de toutes les victimes du tremblement de terre, du tsunami et de la catastrophe nucléaire. Lorsque je pense aux voix humaines, un souvenir particulièrement fort de mon enfance me revient aussitôt.
Dans mon enfance, j’entendais souvent les chants des Sutras. Ils étaient entonnés par des prêtres bouddhistes et des femmes âgées de la communauté.
Le rythme et les tonalités adoptés par les femmes étaient légèrement différents de ceux chantés par les prêtres, tout en donnant toujours l’impression d’une seule voix puissante. Le chant des Sutras est en fait une prière, mais à mes yeux, la prière est indissociable du chant.
Notre voix est notre moyen le plus direct de nous exprimer. Et je crois que le chant et la prière ont les mêmes racines.
Le poème que j’ai choisi pour mon œuvre a été écrit par Rabindranath Tagore. Il s’intitule Fruit Gathering No. LXXIX et décrit la prière. Tagore l’a initialement écrit en bengali, avant d’en faire la traduction vers l’anglais. Pour moi, ce texte parle d’une transformation depuis un murmure introverti vers le triomphe d’une liberté sans peur. J’étais en particulier attirée par l’idée d’absence de peur. J’ai en fait découvert que le rythme de notre respiration avait un effet sur nos peurs et nos souvenirs. Lorsque nous sommes effrayés, notre respiration et les battements de notre cœur s’accélèrent. Tandis que des respirations profondes nous aident à nous calmer et à diminuer notre anxiété.
À l’instar du poème de l’univers de Tagore, je me suis efforcée de représenter l’image que je me fais de la prière, en utilisant des sons comme les vibrations de la voix, les soupirs profonds et la respiration, qui nous permettent de ressentir la chaleur de la vie, ou bien sa clarté et sa froideur. Dans certaines sections, chaque chanteur épelle les mots. Tous ces moments se superposent pour générer une énergie considérable.
Dans cette composition, j’ai été attirée par l’idée que de nombreux microcosmes (chaque personne prise individuellement) peuvent former des macrocosmes. Chaque note est un ensemble de partiels et une composition est une accumulation de notes.
L’image d’êtres humains en train de murmurer une prière sur Terre et de rassembler petit à petit l’énergie pour atteindre une hauteur plus élevée me rappelle le processus d’une note fondamentale sans cesse transformée afin de révéler ses partiels et de créer un univers de sons riche.
Cologne, 23 septembre 2017, Malika Kishino (Trad.)