Biographie

Dieter AMMANN

Dieter Ammann a baigné dans le milieu musical dès son enfance. Il entame ses études musicales à l’Akademie für Schul und Kirchenmusik à Lucerne et étudie au même moment plusieurs semestres à la Swiss Jazz School de Berne. Il travaille quelque temps comme musicien d’improvisation et de jazz en se produisant dans des festivals internationaux, notamment à Cologne, Willisau, Anvers et Lugano. Les sessions d’enregistrements et de studio lui font rencontrer des artistes de divers horizons, dont Eddie Harris et Udo Lindenberg. Il suit ensuite un cursus de théorie et de composition à la Musik-Akademie de Bâle et participe à des masterclasses données par Wolfgang Rihm et Witold Lutosławski. 

À partir des années 1990, Dieter Ammann se consacre à la composition. Il a reçu de nombreux prix nationaux et internationaux qui ont récompensé ses œuvres pour orchestre et de musique de chambre (notamment par le Aargauer Kuratorium, le premier prix de la compétition internationale de composition organisée par la IBLA Foundation de New York, la bourse Franz Liszt attribuée par Weimer, Capitale européenne de la culture, le premier prix de la compétition des Jeunes compositeurs européens de Leipzig et le prix des compositeurs décerné par la fondation de musique Ernst von Siemens de Munich en 2008). Il a été compositeur en résidence du Festival de Lucerne en 2010, et en 2013 au Wittener Tage für neue Kammermusik et au Sommerliche Musiktage Hitzacker, ainsi qu’en 2015 au Festival reMusic de Saint-Pétersbourg. Ses œuvres pour orchestre ont été dirigées par Pierre Boulez, Valery Gergiev, Jonathan Nott, Peter Rundel, Peter Hirsch et Jürg Henneberger. Dieter Ammann est professeur de théorie et de composition à l’École de musique de Lucerne et il enseigne à l’Université des Arts de Berne. 

 

© Droits réservés

Oeuvre(s)

" The piano concerto (2019) "

Gran Toccata

SÉLECTION 2020

Commande de BBC Radio 3, Boston Symphony Orchestra, Konzerthaus Wien, Lucerne Festival, Münchner Philharmoniker et Taipei Symphony Orchestra. 

Création le 19 août 2019, au Royal Albert Hall London, par Andreas Haefliger, piano et BBC Symphony Orchestra, dir. Sakari Oramo.

La longue genèse du concerto pour piano est étroitement liée au soliste Andreas Haefliger. Lorsque nous nous sommes rencontrés, il y a maintenant des années, nous nous sommes immédiatement rendu compte de nos affinités. Andreas m’a un jour suggéré de lui écrire un concerto pour piano. Au départ, sa proposition ne m’a pas enchanté, car je savais que l’écriture d’une telle œuvre ne me prendrait pas des mois, mais des années. Deux raisons me poussaient à penser cela. Ma manière de travailler, scrupuleuse et perfectionniste, est la principale raison pour laquelle même la création d’une œuvre de musique de chambre peut prendre jusqu’à deux ans. La musique qui en résulte est dense, très énergique et très souvent accompagnée de rythmes élevés.

J’avais pleinement conscience que les efforts demandés par un concerto pour piano, qui en lui-même est un petit orchestre, et par un grand orchestre seraient encore plus longs. Lorsque j’ai commencé en 2014 à travailler sur Glut, une œuvre pour orchestre, il me semblait que mon subconscient avait déjà accepté le défi que me lançait Andreas, car j’ai décidé d’y intégrer le piano comme instrument d’orchestre. Ces expériences ont été un pas important de plus vers le concerto pour piano, dont j’ai commencé l’écriture à la fin de l’année 2016.

Cette pièce s’ouvre sur un seul battement solitaire qui entraîne rapidement une réaction de l’orchestre. L’orchestre n’est visiblement pas un simple accompagnement passif, il regarde le soliste droit dans les yeux. Ce jeu entre deux partenaires compatibles crée une progression dramaturgique captivante ponctuée de nombreux rebondissements surprenants. En tant que spectateur, j’aime être entraîné dans des rythmes très différents et être exalté par la musique. En tant que compositeur, je condense toute cette « vision de tonalités » afin qu’elles puissent devenir porteuses de forte énergie. Cette grande densité dans les partitions du piano et de l’orchestre ainsi que l’entrelacement des deux demande une grande virtuosité de la part de tous les musiciens. Au cours du drame musical, le soliste peut même être avalé par l’orchestre pour devenir un rouage dans la « machine orchestrale ». Le piano tisse des liens avec différents groupes d’instruments, notamment avec le marimba et le vibraphone pour former un unique instrument.

En raison de son attitude de meneur, le piano se convertit parfois en instrument de percussion et montre toute l’étendue de sa virtuosité rythmique grâce à ses motifs percussifs (d’où le sous-titre). Par moments, la musique ralentit pour respirer dans des moments statiques ou intimement chatoyants, avant de poursuivre sa route, revigorée. L’harmonie offre également une portée large, dans laquelle l’orchestre peut déployer l’étendue de toutes ses nuances. Il y a des accords consonants et lumineux, mais aussi des sons durs qui se regroupent en bruits retentissants, lors desquels les accords impulsifs rencontrent les micro-intervalles.

Vers la fin du voyage musical, le soliste, dans un moment de contemplation intérieure, cite un thème doux aux tonalités de chorale, issu de ma première composition.

Cependant, comme toujours dans l’art, l’effet et le message de l’œuvre sont distillés entre les notes et au-delà des mots. Les spectateurs sont invités à les découvrir par eux-mêmes, de manière personnelle et en toute subjectivité. Bien que la majeure partie du concerto ait été écrite pendant la nuit, voire jusqu’au petit matin, il en résulte une musique lumineuse, dédiée aux personnes à l’esprit alerte.

Dieter Ammann 

 

(traduction)