Biographie

Samy MOUSSA

Le chef d'orchestre et compositeur, Samy Moussa a régulièrement collaboré avec plusieurs orchestres et ensembles : Radio Symphonieorchester Wien, Sinfonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, Sinfonieorchester des Mitteldeutschen Rundfunks Leipzig, Radio-Sinfonie-Orchester Frankfurt, Orchestre symphonique de Montréal, CBC Radio Orchestra Vancouver, Orchestre national de Lorraine, Hamilton Philharmonic Orchestra et Vancouver Symphony Orchestra. En 2010, Samy Moussa a été nommé directeur musical de l'Ensemble INDEX à Munich.

Vastation, son deuxième opéra, sur un livret de l'écrivain Toby Litt, a été créé à la Biennale de Munich en 2014, sous la direction du compositeur, avec le Philharmonisches Orchester Regensburg et fut repris à Ratisbonne. Son premier opéra, L'autre frère, a été créé à la 12e Biennale de Munich en 2010. Ses œuvres pour orchestre sont défendues par des musiciens de renom tels que Kent Nagano, qui lui a commandé cinq pièces pour orchestre pour l'Orchestre symphonique de Montréal dont, entre autres, A Globe Itself infolding pour orgue et orchestre (2014) ou, dernièrement, la Symphonie n°1 Concordia (2016-17). Sa musique est connue pour sa clarté et sa puissance ainsi que son orchestration raffinée, son art de la direction est caractérisé par un style énergique et inspiré.

Samy Moussa a participé à des master-classes de direction d'orchestre avec Pierre Boulez et Peter Eötvös. Il a étudié la composition et la direction d'orchestre à l'Université de Montréal avec pour professeur principal José Evangelista. En parallèle, il suivait des cours de direction en République Tchèque avec Paolo Bellomia. Il a été invité à étudier en Finlande avec Magnus Lindberg et Kaija Saariaho dans le cadre du Summer Sounds Festival international. En 2007, Samy Moussa s'installe en Allemagne où il s’inscrit à la Hochschule für Musik und Theater München et étudie avec Matthias Pintscher et Pascal Dusapin. Il suit également des cours de Salvatore Sciarrino au Voix Nouvelles de Royaumont.

Samy Moussa a été chef assistant de l'Orchestre Symphonique de Francfort et de l'Ensemble Modern. Il a reçu le Bayerischen Kunstförderpreis 2012 pour son travail avec l’INDEX Ensemble et s’est vu attribuer le Composer’s Prize 2013 de la Ernst von Siemens Music Foundation. Il a été déclaré « Compositeur de l’année » au Québec en 2015, année où Pierre Boulez lui a commandé une nouvelle pièce orchestrale – Crimson – pour le Festival de Lucerne 2015. En 2017, il reçoit le Prix Hindemithn, récompense qu’il reçoit des mains de Christoph Eschenbach. 

Samy Moussa vit à Paris et à Berlin. Sa musique est publiée par les Éditions Durand (Universal Music Publishing Classical).

Source : Universal Music

Oeuvre(s)

" Ahania's Lament "

Pour soprano et orchestre

SELECTION 2019

« Sans la foi, il ne peut pas y avoir d’art »

Pour le compositeur et chef d’orchestre canadien Samy Moussa, qui s’est vu remettre le prix Hindemith du SHMF l’année dernière, la musique est une expression personnelle ainsi qu’une expérience physique : C’est avec force et emphase que le jeune Canadien organise les couleurs chatoyantes des grands ensembles, à l’aide desquelles il arrive le mieux à donner une forme concrète à ses visions musicales. Moussa, qui a, entre-autres, étudié auprès de José Evangelista, Matthias Pintscher et Pascal Dusapin, apprécie le geste dramatique : Il se sert de la dimension physique du son et préfère voir ses auditeurs saisis à l’échelle émotionnelle que composés à l’échelle intellectuelle. Le fait qu'il se concentre sur l’idée profondément romantique de « l’inspiration » complète parfaitement le tableau : « Quand je compose pour mettre en œuvre mes pensées musicales, je me fie principalement à mes ‘connaissances’, c’est-à-dire aux outils techniques et esthétiques », explique-t-il. « Mais ces outils ne sont cependant pas suffisants pour écrire une musique qui me satisfasse. Pour donner un sens à une composition, on a besoin d'une intuition profonde. Les ‘connaissances’ ne servent donc que de méthode pour exprimer des contenus qui, je l’espère, vont au-delà des notes.

Bien que je ne pense pas que l’inspiration soit à l’origine de ces contenus, mon imagination joue un rôle majeur pour leur donner forme. La foi y joue un rôle important – la foi en une idée, en une figure ou, encore plus souvent, en une expérience métaphysique. Grâce à des processus de réflexion continus, cette foi est transformée en vérité potentielle, dont le but est la communication. Pour cela, il est nécessaire d’établir une relation avec le mystère. C’est pourquoi je reconnais le pouvoir de transformation de la musique, qui a lieu à deux niveaux différents : au niveau ontologique, créatif et au niveau de la réception. En tant qu’artiste, qui pense de cette façon, il m’est impossible d’être nihiliste, que ce soit dans mon travail ou dans ma vie. Sans la foi, il ne peut pas y avoir d’art, du moins pas dans la façon dont je l’apprécie. »

Il est évident qu'un compositeur comme Moussa soit prédestiné à se pencher sur les textes prophétiques d’un auteur tel que William Blake. Car le poète anglais et adepte du mysticisme de la nature avait confiance dans la puissance de l’imagination et la supériorité de l’émotionnel, ce qui se reflète, entre autres, dans son poème épique « Le Livre d’Ahania » de 1795. Blake y raconte avec une intention allégorique la façon dont laquelle Fuzon, « premier fils engendré et dernier-né » d’Urizen, se soulève contre le père et, telle une incarnation de la passion, se bat contre la raison et les conventions (Urizen). Dans cette parabole mythique, Blake transféra l’histoire biblique de la libération d’Israël de la captivité égyptienne à l’établissement du décalogue et de la crucifixion dans sa propre cosmologie. La fin du poème est constituée par la lamentation d’Ahania (de la joie sensuelle et spirituelle) sur la séparation de son ancien amant Urizen. Par son intensité et sa mélodie, rappelant le « Cantique des Cantiques », ce passage est l’un des passages les plus poétiques des « livres prophétiques » de Blake.