Biographie

Stefano GERVASONI

Après avoir fréquenté le Conservatoire Giuseppe Verdi à Milan, Stefano Gervasoni étudie auprès de György Ligeti en Hongrie (1990), puis il suit le cursus IRCAM de composition et d'informatique musicale à Paris (1992). Il est artiste en résidence à la Villa Medici à Rome en 1995-1996. Il reçoit des commandes, notamment de la WDR, le SWR, l'Orchestre Nazionale della RAI, le Münchner Kammerorchester, le Festival d'Automne à Paris, Radio France, l'IRCAM, Ensemble Intercontemporain, festival Maerzmusik à Berlin, Ars Musica Bruxelles, Festival Musica à Strasbourg, Suntory Hall à Tokyo…

Son catalogue, publié par Ricordi et Suvini Zerboni, comprend une soixantaine de pièces allant du solo à l'effectif orchestral, et de nombreuses œuvres vocales. Un opéra bouffe, Limbus-Limbo est créé en Festival Musica en 2012.

Lauréat de nombreux prix, il reçoit en 2018 celui de la Fondation Serge Koussevitzky pour la musique. Il enseigne au Darmstadt Ferienkurse, à la Fondation Royaumont (Paris), à l'Université Toho de Tokyo, au Festival international de Campos do Jordão au Brésil, au Conservatoire de Shanghai, à l'Université Columbia (New York), à l’Université Harvard (Boston) et au Festival international de musique Takefu. Il est compositeur en résidence au Conservatoire de Lausanne (2005) et à la Yellow Barn Summer Academy (Vermont, 2016). Depuis 2006, Stefano Gervasoni enseigne la composition au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.

Le musicologue Philippe Albèra publie en 2015, Stefano Gervasoni. Le parti pris des sons, aux Editions Contrechamps. Son dernier CD, Pas perdu, est publié en 2018 par Winter & Winter.

Source : Site de S. Gervasoni (oct 2018)

Oeuvre(s)

" In die Luft Geschrieben "

Pour mezzo-soprano, harpe, célesta, percussion et orchestre à cordes

SÉLECTION 2019

In die Luft geschrieben («Écriture dans l'air») est un cycle vocal de lieder basé sur des épitaphes écrites par Nelly Sachs, entre 1943 et 1946, dédié aux personnes disparues à la suite des horreurs commises par les nazis. Quinze de ces œuvres poétiques n’ont été découvertes qu’après la mort de la poétesse et ont été publiées à titre posthume en 2010.

« Cette composition est l'une de mes premières dans lesquelles l'engagement envers la société civile est évident. Disons qu’il est énoncé pour la première fois en termes non équivoques, à travers la poésie de Nelly Sachs et le ton de cette poésie. C’est un ton qui parle avec une force particulière, dissimulé par l’apparence d’un registre linguistique simple et tragiquement léger, comme l’air dans lequel les cendres d’un nom sont dispersées. Des vers où les blessures de l'histoire sont des traces presque disparues, voilées poétiquement par des mots à déchiffrer, d'une violence absolue, mais d'une délicate expression poétique. C’est ce qui fait de la voix de Nelly Sachs la voix de nous tous. C’est un avertissement pour l’humanité future : un péché est entré dans l’histoire et doit être expié par tous. Cet enseignement doit être inscrit dans les fondements de la civilisation future. Mais même aujourd'hui, la raison résiste à assumer ses responsabilités et à tirer des leçons de l'histoire ; elle résiste à l’idée de prendre des décisions en faveur de la vie des gens collectivement, dans le monde entier, pour la défense du bien commun. Sur le plan musical, c’est le ton que j’ai toujours recherché dans la création de ma musique. C’est le même ton, si clair, que nous entendons dans la poésie de Nelly Sachs, en particulier dans les épitaphes de In die Luft geschrieben. Les épitaphes ont été mis sur une musique qui coule sans interruption, et ils constituent un voyage errant. Ils sont divisés en groupes reliés par des interludes de réflexion musicale. »

Stefano Gervasoni