
" Tre Quadri (2020) "
Concerto pour piano et orchestre
Ed. Casa Ricordi
SELECTION 2021
- Sélectionné pour : Le Prix de Composition Musicale 2021
Écrites en 2020, les pièces qui composent Tre Quadri forment un concerto pour piano et orchestre classique, avec un large premier mouvement de caractère instable, suivi d’un andante central à l’allure presque suspendue, pour se terminer par un allegro en forme de scherzo.
I – November
[…] Depuis le registre aigu et cristallin du piano, qui suit de manière irrégulière une gamme chromatique descendante, on découvre les registres graves et profonds de l’orchestre ; des pianissimos imperceptibles des cordes en tremolo sul ponticello, on atteint, au travers de crescendos progressifs, une répétition d’accords dissonants en fortissimo à laquelle prennent part tous les instruments. Le titre de cette pièce s’inspire probablement des reflets automnaux dépeints par l’orchestre, d’un poème d’Edoardo Sanguineti et d’un autre poème de Nanni Balestrini, de la Toussaint et du Jour des Morts, de la pluie et du vin rouge.
Commande conjointe de la Milano Musica, de la Casa da Música de Porto, du Festival international de musique contemporaine Automne de Varsovie.
Cette pièce est dédiée à Maurizio Baglini et Tito Ceccherini.
II – Berceuse
Dans un mouvement de berceuse en sept huitièmes, cette courte pièce est entièrement construite sur l’ajout des douze gammes majeures. [...] La pièce ne quitte pas son point de départ. Un simple vernis transparent et brillant, de couleur vert clair, recouvre tout, laissant apparaître des teintes nettement chopiniennes. Par ce procédé, j’ai voulu éclairer d’un jour nouveau cette pièce tonale (qui est à la fois sérielle, dodécaphonique et modale). En ce sens, à mes yeux, la pièce est une variation sur les intentions et la vision de la tradition.
Cette pièce est dédiée à Jiji des Corsicarlins.
III – Quasi una Bagatella
Comment rendre hommage à deux des plus grands compositeurs de tous les temps ?
Je me suis déjà efforcé de répondre à cette question lorsque j’ai orchestré plusieurs œuvres pour orgue de Johann Sebastian Bach, dans Killing Bach. Mon but était de faire ressortir la construction bachienne. Lorsque Patrick Hahn et François-Xavier Roth m’ont demandé de faire une pièce qui repose sur le Concerto pour piano no 5 de Beethoven, connu sous le nom de Concerto Empereur, je me suis presque immédiatement rendu compte qu’il ne s’agirait en aucun cas d’une opération semblable : Bach construit, Beethoven détruit.
Comment pouvais-je donc à mon tour détruire un destructeur ?
Je me suis attelé à ce problème pour le circonscrire à son noyau. Je n’ai cependant pas eu besoin de beaucoup creuser : le contenu utilisé par Beethoven se résume essentiellement à des gammes et des arpèges. C’est donc de là que je suis parti. Je voulais qu’ils prennent part à la discussion, différemment de l’original, mais en conservant la même inspiration.
Contrairement à Killing Bach, dans lequel les citations directes étaient nées avant leur traitement, les références au concerto original s’intègrent dans une architecture faite de gammes et d’arpèges presque archétypaux. Depuis le titre (mimique de Fantasia quasi Sonata et de Sonata quasi una Fantasia) jusqu’aux techniques de piano utilisées, j’ai également réussi à glisser avec humour un peu de Franz Liszt, le premier grand prophète de Beethoven.
Cette pièce est une commande du Gürzenich-Orchester Köln.
Francesco Filidei