Biographie

Krystof MARATKA

Le catalogue du compositeur tchèque Kryštof Ma?atka (1972) reflète bien la polyvalence de son auteur dont les sources sont, d'une part, profondément enracinées dans la culture tchèque, et d'autre part, nourries d'un regard vers l'ensemble du monde, vers un ailleurs. Ainsi, dans l'ensemble hétéroclite de ses oeuvres, nous trouvons côte à côte des pièces comme Druhopisy - atelier d'instruments de musique populaire des pays tchèques pour orchestre (création tchèque avec l'Orchestre Symphonique de Prague en 2014), ou Praharphona - musique de l'ancienne et de la nouvelle Prague - concerto pour harpe et orchestre (création avec Kiel Philharmonic Orchestra en 2010 en Allemagne) avec d'autres oeuvres dépassant largement les frontières du temps et de l'espace, comme par exemple Astrophonia - concerto pour alto 1998-2002 (création américaine avec le Toronto Symphony Orchestra), Zv?rohra - recueil de chants anthropoïdes pour soprano et orchestre (création avec Czech Philharmonic Orchestra en 2008), Le Corbeau à quatre pattes, farce mélodramatique pour deux comédiens et ensemble instrumental inspirée des textes tragicomiques de Daniil Harms (spectacle d'1h20, Ensemble Calliopée en 2007) - ou encore Le Livre des cendres - quatuor à cordes in memoriam Z. M. (2012, Quatuor Prazak).

Etant passionné par l'art du Paléolithique et notamment par les origines de la musique, Kryštof Ma?atka compose Vábení - rituel des fossiles préhistoriques de l'Homme, oeuvre de 60 min pour choeur mixte et orchestre dont il dirige la création avec l'orchestre Sinfonia Varsovia en novembre 2012. L'oeuvre est ensuite reprise par le Toronto Symphony Orchestra, puis par le Choeur et l'Orchestre Philharmonique de Radio France pour l'ouverture du Festival du Printemps de Prague en mai 2013 ainsi qu'à la Salle Pleyel à Paris.

Il est lauréat du Grand Prix du Festival du Printemps de Shanghai (2007) pour sa pièce Chant G'hai - pour suona chinois et orchestre, qui fut interprétée en 2008 par l'Orchestre National de France au Festival Présences, et en mai 2010 par l'Orchestre Philharmonique de Radio France dans le cadre de l'Exposition Universelle de Shanghai.

La chaîne Mezzo lui a consacré un portrait-documentaire intitulé La Naissance d'un imaginaire (Karl More Productions, novembre 2007).

Source : Editions Lemoine

Oeuvre(s)

" Vabeni "

Pour choeur mixte et orchestre

Lemoine Jobert

SÉLECTION 2015

CREATION

19/11/2012, Lodz, Pologne. Tansman International Music Festival - Choir Schola Cantorum Gedanensis, Orchestra Sinfonia Varsovia, Krystof Maratka (direction).

NOTICE

Dès les temps de l'aube de l'humanité, nous observons chez l'homme le désir de dépasser la mort et de toucher la transcendance par des actes créatifs.

L'art préhistorique représente un trésor fascinant des expressions artistiques : un témoignage de la fantaisie illimitée de l'esprit humain qui réagit à sa propre existence de manière inattendue et innovante.

Vabeni est la troisième partie d'une trilogie qui s'inspire librement de l'art préhistorique. Une trilogie devenue une sorte de "Symphonie de l'Ancien Monde" dont la première œuvre est Otisk pour orchestre symphonique et la deuxième Zverohra pour soprano et orchestre. Otisk (2004) reflète les sonorités des instruments de musique du Paléolithique. Zverohra (2008) reflète la naissance du langage humain et des premières expressions vocales. Vabeni (2009/11) est une synthèse des deux concepts précédents. Cette union est également exprimée dans les trois titres : Otisk ("Empreinte" en tchèque, nom masculin), Zverohra (en tchèque, nom féminin pour "Jeu de bêtes"), Vabeni ("Attrait" en tchèque, nom neutre).

Au cœur du triptyque réside le sentiment d'une beauté inouïe devant les expressions authentiques face à l'existence et qui sont libérées des tendances temporaires des concepts du "beau" de telle ou telle civilisation. Précisément, cette liberté absolue est la clé de Vabeni.

La trame musicale de l'œuvre est tissée comme un rituel vécu en temps réel, comme une cérémonie dont nous sommes les témoins du début à la fin. Les six mouvements représentent des moments-clés qu'on franchit au cours de l'œuvre et qui s'appuient sur les six lettres du titre : v a b e n i.

Le chœur est le soliste de l'œuvre et son rôle est capital. Son caractère virtuose sculpte des situations dramatiques en évoquant des êtres archaïques dont les fossiles ressuscitent et parlent à travers des rituels intenses.

La fonction du texte de la partie chorale est purement sonore et non signifiante.

J'ai dédié l'œuvre à Vaclav Havel - post mortem, non seulement en signe de reconnaissance et de respect, mais également comme une empreinte de l'attirance des forces créatrices humaines manifestant le même désir de saisir l'existence, tant des temps préhistoriques que de nos jours.

Krystof Maratka