
" Observation of clouds "
SÉLECTION 2015
- Sélectionné pour : Le Coup de Coeur des Jeunes Mélomanes 2016
- Sélectionné pour : Le Prix de Composition Musicale 2015
CREATION
03/08/2012 Cesis Art Festival, Festival Hall at the Cesis Sports Complex (Lettonie), Kamer Choir and Riga Sinfonietta, cond. Normunds Šn?
NOTICE
La pièce est une odyssée extrêmement lente et surréaliste depuis les « nuages » jusqu’à la « terre » aussi bien dans le sens physique que métaphorique. La structure musicale est basée sur le canon de trois couches : cordes et voix font une opposition temporelle et tambourinante, comme étant respectivement une représentation de l’ « instrumental » et de la nature « humaine » ; pendant que les vents prennent le milieu de la scène, comme des « instruments reposants », et aident à connecter les deux oppositions en créant une douce transformation « thermodynamique » de la substance sonique. Les trois couches peuvent être appréciées comme les états de l’eau dans son cycle hydrologique (vapeur, liquide et glace) et dans son processus de conversion cyclique (évaporation, condensation, précipitation, et infiltration). Dans la course au développement musical, ces phénomènes entrent en transformation de timbre et d’harmonie, d’ondulation dans la densité de la texture micro-polyphonique, d’accumulation et de dissolution des différentes couches, de pulsation de crescendos-diminuendos dynamiques, de déclins et de flux de macro-registres et micro-intonations.
Les directions de ces changements sont guidées par la forme cyclique progressive où chaque cycle est plus long en durée et plus large en registre que le précédent, embrassant graduellement la gamme maximum du violon harmonique le plus haut possible au début, aux cordes ouvertes les plus basses des doubles-basses à la toute fin de la composition. Les harmonies sont basées sur des séquences descendantes d’une échelle diatonique, qui évoluent dans les quatre cercles des trois majeurs.
Un poème du célèbre poète letton Knuts Skujenieks donne une expression pertinente, orale et poétique à tous ces processus acoustiques et aide à élever le sens de l’œuvre à une dimension presque sacrée. Le texte chanté est néanmoins « purifié » de consonnes, ainsi disposant de sons d’attaque inutiles : le contenu est laissé aux chanteurs, qui lisent les textes entiers mais atténuent les consonnes et articulent uniquement les voyelles. La méthode similaire est utilisée dans les parties instrumentales, quand toutes les notes produites par les cordes et les vents commencent dans un silence complet, atteignent le niveau général de dynamique et s’évaporent dans le silence. Ceci crée une impression de pulsations « sous l’eau » et aide à unifier les timbres et à homogénéiser la texture. Le poème de Skujeniek n’a pas seulement été choisi pour son contenu, mais également pour la connexion du poète avec la Lituanie en tant que parenté historique, culturelle et linguistique entre nos deux pays. Cette connexion est très importante pour moi et a déjà donné lieu à des collaborations suivies avec des artistes lettons.
Comme la pluie et la neige descendent des cieux, Et n'y retournent pas Sans avoir arrosé, fécondé la terre, et fait germer les plantes, Sans avoir donné de la semence au semeur Et du pain à celui qui mange, Ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche: Elle ne retourne point à moi sans effet, Sans avoir exécuté ma volonté Et accompli mes desseins. (Isaia 55:10-11)