Biographie

Alexander GOEHR

Né à Berlin, Alexander Goehr déménage en Grande-Bretagne, alors âgé de quelques mois seulement. Sa mère est pianiste de formation classique, et son père, chef d'orchestre pionnier de Schoenberg, Messiaen et Monteverdi. Alexander grandit dans une famille en contact permanent avec des compositeurs, tels que Mátyás Seiber et Michael Tippett.

Il étudie la composition au Royal Manchester College of Music, avec Richard Hall et se lie d'amitié avec de jeunes compositeurs comme Peter Maxwell Davies et Harrison Birtwistle et avec le pianiste John Ogdon, avec qui il fonde le New Music Manchester Group. Un événement majeur dans le développement de Goehr a été la première britannique de la Turangalîla-Symphonie d'Olivier Messiaen, dirigée par son père en 1953. Son attirance pour la musique non-occidentale a été déclenchée par la rencontre avec la musique de Messiaen combinée avec l'intérêt pour les modes médiévaux. Cela a largement influencé ses premières compositions musicales : Songs for Babel (1951) et la Sonate pour piano, op. 2, dédiée à la mémoire de Prokofiev, décédé la même année.

En 1955, Goehr quitte Manchester pour étudier à Paris avec Messiaen. Devenu l'ami de Pierre Boulez, il s’implique dans le mouvement d'avant-garde sérielle de ces années-là. Il expérimente la technique de Boulez du bloc sonore, notamment dans son premier Quatuor à cordes (1956-1957).

De retour en Grande-Bretagne, Goehr se fait remarquer en tant que compositeur avec l'exécution de sa cantate The Deluge en 1957, dirigée par son père. Il reçoit une commande d'une nouvelle cantate, Sutter's Gold pour chœur, baryton et orchestre.

Encouragé par son amitié avec le chef de chœur John Alldis, qui s'est fortement engagé dans la nouvelle musique, Goehr compose ses Two Choruses en 1962, où il utilise pour la première fois la combinaison de la modalité et du sérialisme, ce qui restera sa principale ressource technique pendant les 14 ans qui suivent. Sa recherche d'un modèle du sérialisme qui pourrait permettre la liberté d'expression a conduit à sa célèbre Little Symphony, op. 15 (1963).

Les années soixante ont vu Goehr fonder le Wardour Castle Summer School avec Peter Maxwell Davies et Harrison Birtwistle en 1964, et surtout, c'est le moment où Goehr commence à se préoccuper de l'opéra et du théâtre musical. En 1966, il écrit son premier opéra, Arden Must Die (Arden Muss Sterben), à partir d'une pièce de Brecht.

En 1967, il fonde le Music Theatre Ensemble, et en 1971, il termine un cycle en trois partie de la musique pour le théâtre - Tryptich - composé de trois œuvres : Naboth's Vineyard (1968) et Shadowplay (1970) et la Sonata about Jerusalem (1971).

En 1968-69, il est compositeur en résidence au New England Conservatory of Music, à Boston, et continue d’enseigner à l'université Yale en tant que professeur de musique associé. Goehr retourne en Grande-Bretagne en tant que professeur invité à l'université de Southampton (1970-1971). En 1971, il est nommé professeur de musique à l'université de Leeds puis celle de Cambridge jusqu'à sa retraite en 1999. À Cambridge, il est devenu membre du Trinity Hall.

La dernière décennie est annoncée par l'opéra Kantan and Damask Drum de 1999, créé à l'Opéra de Dortmund, le Quintette avec piano (2000), la Fantaisie pour violoncelle et piano (2005), Symmetries Disorder Reach (2007), Marching to Carcassonne (2003), Manere pour violon et clarinette (2008). Également écrit en 2008, Since Brass nor Stone pour quatuor à cordes et percussion (2008), est un mémorial à Pavel Haas. Inspiré par un sonnet de Shakespeare, dont elle emprunte son titre, cette œuvre est représentative de l'inventivité de Goehr dans les compositions de musique de chambre de cette époque. Goehr revient ensuite à l'opéra avec Promised End, inspiré par le roi Lear de Shakespeare, mis en scène en 2010 par English Touring Opera.

En 2004, Goehr reçoit un doctorat d'honneur en musique de l'université de Plymouth.

 

Oeuvre(s)

" Between the lines "

Symphonie de chambre pour 7 musiciens

Schott

SÉLECTION 2015

CREATION

28/05/2014 : Berlin, Philharmonie, Kammermusiksaal (D) par Scharoun Ensemble ; Mitglieder der Berliner Philharmoniker.

NOTICE

I Alla Marcia - II Scherzando - III Lento - IV Alla Marcia

La composition est monothématique, c’est à dire qu’elle a un unique sujet, à savoir la fugue jouée au commencement. Elle réapparaît sous une forme ou une autre, tout au long de la composition, uniquement contrastée par, encore comme une fugue, des épisodes de matériaux reliés mais pour autant différents. Chaque « mouvement », chacun avec sa propre vitesse et mesure sous-jacente, est relié au premier de façon augmentée ou diminuée ; c’est-à-dire que le Sujet apparaît à chaque section plus rapidement ou plus lentement qu’il ne l’est au début. Je ne pense pas qu’aucune pièce décrite en tant que Symphonie de Chambre puisse cacher sa généalogie dérivée de La Symphonie de chambre nº 1 de Schönberg opus 9. Cette composition est célèbre premièrement pour sa structure en un seul mouvement unifié en quatre parties et deuxièmement pour la difficulté à équilibrer les cordes solos et une section de vents riche et complète. J’espère que ma composition, écrite sur la base de l’Octuor de Schubert à laquelle s’ajoute un cornet, un second cor et un tuba, n’encourra pas les mêmes difficultés. Que dire de plus ? L’expression commune « lire entre les lignes » suggère que le lecteur comprenne ce qu’il lise, que l’auteur du poème ou de la prose ou même de la lettre n’a pas voulu ou a voulu mais n’a pas pu épeler. Mais écouter entre les lignes ? Ecouter les notes, les mélodies et les rythmes, mêmes les harmonies et faire quelque chose de tout cela ? N’est-ce pas suffisant ? Est-ce que mon titre prétend qu’il y ait quelque chose de plus à obtenir ? Je n’aime pas l’explicit et l’évident dans la musique du passé, je cherche le nœud dans la corde ; ou plutôt je ne cherche pas mais parfois trouve où, contre toute attente, cela mène. Cette composition écrite pour l’Ensemble Scharoun est pour A. qui sans le savoir lui à donner son titre.

Alexander Goehr (trad.)