Biographie

Qigang CHEN

Oeuvre(s)

" Songe d'une femme française / Invisible voices "

Pour voix, clarinette et orchestre / pour 6 voix mixtes et grand orchestre

Issu d'une famille d'artistes, Qigang Chen commençe ses études musicales dès l'enfance. Lorsque la Révolution Culturelle éclate en Chine, il a 14 ans et étudie à l'école secondaire du Conservatoire Central de Pékin. Son père, calligraphe et peintre renommé, est jugé «bourgeois», et envoyé dans un camp de concentration. Séparé de sa famille, Qigang Chen est enfermé dans une caserne pendant trois ans pour y recevoir une «rééducation idéologique». En dépit de la pression sociale et politique, Qigang Chen continue à apprendre, par correspondance, l'écriture, l'orchestration et la composition.
En 1977, la Chine restaure le système de concours d'entrée pour les écoles supérieures. Qigang Chen est admis au Conservatoire de Pékin (26 places pour 2000 candidats) en classe de composition. Après cinq ans d'études avec Luo Zhongrong, il participe au concours national où, à l'issu de 13 examens, il est classé premier et obtient ainsi l’occasion de continuer ses études de 3e cycle en composition à l'étranger.
Qigang Chen arrive en France à 33 ans. Il y réside depuis 1984 et obtient la nationalité française en 1992. Boursier du gouvernement français pendant 4 ans, il devient l’unique et dernier élève d'Olivier Messiaen (après qu’il eut quitté le Conservatoire) de 1984 à 1988. Il étudie aussi au Conservatoire de Paris avec Ivo Malec, Claude Ballif, Betsy Jolas et Jacques Castérède.
La musique de Qigang Chen est une cristallisation de deux cultures : celle de l'orient et celle de l'occident. Extrêmement sensible, belle et riche d'expériences de la vie, mélangée de douleurs et de joies, cette musique entre facilement en communication avec les auditeurs. Ses oeuvres ont été jouées par des prestigieuses formations dans le monde entier. (d’après la biographie de la Médiathèque de l’IRCAM)
Son catalogue compte une trentaine d’oeuvres allant de l’instrument seul (Hui Sheng pour orgue ou Instant d’un opéra de Pékin pour piano) à la musique symphonique (Yuan ou Wu Xing pour grand orchestre) en passant par la musique de chambre pour ensemble ou orchestre à cordes (Enchantements oubliés pour orchestre à cordes, 4 percussions, piano, célesta et harpe), la musique concertante (Reflet d’un temps disparu pour violoncelle et orchestre créé par Yo-Yo Ma et l’Orchestre National de France en 1998), la musique vocale (Iris dévoilée, pour 3 voix de femmes, 3 instruments traditionnels chinois (erhu, pipa, zheng) et orchestre) et même une oeuvre de musique mixte (Rêve d’un solitaire, commande de l’Ircam, pour ensemble instrumental ou orchestre et électronique).
En 2004, son ballet Epouses et concubines dansé par la Troupe du Ballet national de la Chine fête sa 100ème représentation dans le monde depuis sa création en 2001. Les plus grands artistes ont participé à l'aventure. Zhang Yimo qui avait déjà réalisé le film, a également mis en scène le ballet du même nom. La chorégraphie a été créée par Wang Xinpeng, un chorégraphe chinois résidant en Allemagne et, le créateur français, Jérôme Kaplan en a réalisé les costumes.
Qigang Chen est depuis 2005 le compositeur en résidence de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg. Une monographie de ses oeuvres a fait l’objet d’un disque avec l’Orchestre National de France et représente un véritable succès d’édition. Au programme: Extase pour hautbois et orchestre, San Xiao pour quatre instruments traditionnels chinois, Yuan pour grand orchestre, L’Éloignement pour orchestre à cordes. « De pièce en pièce, le décor change. Par glissements successifs, oscillant toujours entre l’orient et l’occident, Qigang Chen brouille les repères. Car ici, les références se bousculent et si l’ombre de Bernstein croise parfois celle de Messiaen, l’instrumentation – ou plutôt la couleur générale des oeuvres – créé une sorte d’arrière-pays difficilement cernable (…). Qigang Chen, en mêlant deux cultures, ne se contente pas de réaliser un habile assemblage. Il invente à sa manière un empire du milieu qui ne serait plus la Chine mythique et insondable, mais le lieu même où elle se constitue : dans le coeur des hommes qui la peuplent et la font vivre. » (Mathias Heizmann, Arte)


Songe d’une femme française, oeuvre pour voix, clarinette et orchestre, a été créée le 23 juin 2005 à Strasbourg par Sumi Jo (soprano), Paul Meyer (clarinette) et l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, sous la direction de Muhai Tang.
L’oeuvre « se compose de 4 mouvements que j’ai imaginés comme un jeu entre un homme et une femme. Au début, l’oeuvre fut conçue pour clarinette seule. Mais la présence d’un seul instrument soliste ne m’a pas satisfait en ce qui concerne le travail sur les timbres. J’ai demandé à Christine Frémaux d’écrire un poème à partir de la partition et j’ai imaginé un équilibre différent grâce à ce jeu entre la voix et la clarinette. Aucun des deux solistes ne prend l’ascendant sur l’autre.
Enfant, je me rappelle avoir entendu en Chine des pièces traditionnelles pour voix et bois. Je garde le souvenir de ces mélanges de timbres dans lesquels on finit par ne plus distinguer le son de l’instrument et celui de la voix humaine. J’ai tenté de recréer cette impression dans le premier mouvement de cet ouvrage qui s’appelle Jeu de séduction. » Les autres mouvements sont intitulés Incertitude, Dialogue de sourds et Empire.
Durée : environ 30 minutes

Invisible Voices, oeuvre pour 6 voix mixtes et grand orchestre, a été créée le 22 octobre 2005 à Stuttgart par les Stuttgart Neue Vocalsolisten et le SWR Stuttgart Radio Symphony Orchestra, sous la direction de Roger Norrington.
Cette pièce ne dispose pas les chanteurs debout devant l’orchestre mais les disperse au sein de celui-ci, mêlés aux bois et aux cuivres, utilisant les voix comme des instruments à vent. Tel est le premier sens d’Invisible Voices. Le deuxième sens est plus psychologique : en chacun de nous, il y a une ou plusieurs voix (ce peut-être une mélodie, un timbre ou des bruits de la nature) existants inconsciemment. Ces voix nous accompagnent, nous influencent et nous guident vers certaines expressions vocales ou musicales. Un son est comme une odeur ou un parfum, qui parvient parfois à nous ramener mystérieusement vers notre vie passée. Invisible Voices désigne aussi la voix de l’au-delà. C’est une pièce mélancolique. (extrait du programme) « Avec l’âge, la mémoire se charge, et le temps restant se réduit. Tout se mélange : Orient, Occident, passé, présent » (Q. Chen)
Durée : environ 21 minutes