Biographie

Michel GONNEVILLE

Oeuvre(s)

" Intendami chi po "

Pour 4 solistes vocaux

Michel Gonneville, né à Montréal en 1950, étudia très tôt le piano. À l'âge de 18 ans, après
quelques chocs musicaux importants - Ravel, puis Messiaen, Boulez, Tremblay, Xenakis et Stockhausen, il s'orienta de façon décisive vers la musique (baccalauréat en musique) à l'École Vincent-d'Indy, où il fut étudiant de 1968 à 1972, et l'année d'après, plus spécifiquement vers la composition alors qu'il s'inscrivit aux cours d'analyse et de composition de Gilles Tremblay au Conservatoire de musique de Montréal (premiers prix dans les deux sujets en 1974 et 1975).
Les séminaires de Stockhausen auxquels il assista en 1974 le convainquirent d'aller travailler avec celui-ci. Grâce à des bourses du Conseil des Arts du Canada et du ministère de l'Éducation du Québec, il suivit les cours de composition de Stockhausen à Cologne pendant trois semestres ; il travailla aussi au studio de musique électronique de la Musikhochschule de cette même ville, sous la direction de Hans Ulrich Humpert. Il devint ensuite l'élève et l'assistant personnel d’Henri Pousseur à Liège. Au cours de ces trois années d'études en Europe, il eut aussi pour professeurs Johannes Fritsch, Rolf Gehlhaar et Frederick Rzewski.
Bénéficiant de subventions, de commande du Conseil des Arts du Canada et de bourses d'aide à la création du ministère des Affaires culturelles du Québec, il a composé pour Louis-Philippe Pelletier, Michael Laucke, Robert Leroux, le Groupe 7, l'Ensemble d'Ondes de Montréal, la SMCQ, le duo Vallières-McCutcheon et la Société Radio-Canada. Ses oeuvres ont été jouées à Montréal, Québec, Toronto, Winnipeg, Metz, Cologne, Bonn, Liège et Paris.
Pour Gonneville, la recherche esthétique passe par la recherche sur les moyens de transmettre le Beau, sur le langage, la technique. Ses efforts en ce sens s'inscrivent dans les chemins ouverts par les plus récentes oeuvres et théories de Stockhausen et de Pousseur, et qu'empruntent aussi beaucoup de jeunes compositeurs d'ici et d'ailleurs. Sur ces chemins, les conquêtes de la musique la plus nouvelle dialoguent avec des notions anciennes (et fondamentales) comme la mélodie, la consonance, les rythmes pulsés, la répétition...
On peut entendre les résultats de ces recherches plus particulièrement dans Contribution... , Variations «Auras» et Le sommeil, le regard, le choix. (1988, CAPAC – SOCAN, avec l’aimable autorisation du CMC)
Michel Gonneville est compositeur agréé du CMC (Centre de Musique Canadienne)et membre de la LCComp (Ligue canadienne de compositeurs). En 1994, il a reçu le Prix Serge-Garant de la Fondation Emile-Nelligan pour l’ensemble de son oeuvre. Depuis 1997, il enseigne la composition et l’analyse au Conservatoire de musique du Québec à Montréal.
Influencé à ses début par les techniques sérielles, il a vite su cultiver ses propres champs d’action où mélodie, thématisme, harmonies consonantes et dissonantes se conjuguent de façon inhabituelle, jetant ainsi une nouvelle lumière sur les thématiques extra-musicales qui l’inspirent, cherchant toujours à concilier cette passion de la recherche avec un désir profond d’immédiateté et de communication. Ainsi, sa musique fait-elle dialoguer les notions anciennes (mélodie, consonance, répétition) avec les conquêtes de la musique la plus nouvelle tout en visant la cohérence, la solidité structurelle et formelle. Chacune de ses oeuvres renouvelle une partie de son bagage technique : formes quasi-monodiques (Rôles, qui obtint un prix au Concours national des jeunes compositeurs de la SRC en 1975, Le Sommeil, le regard, le choix) ou superpositions contrapuntiques complexes (Baustelle, S'entendre comme bois et métal).
Parmi ses oeuvres plus récentes, citons Régions éloignées (1995), pour ensemble de 18 musiciens, bande et dispositif de traitement en direct, Le cheminement de la baleine (1998) pour clarinette solo, ondes Martenot solo et 18 musiciens, Le messager (1999), pour orchestre et narrateur, commande de l’Orchestre symphonique de Montréal, Suivre la trace, perdre le fil (2000), commande du quatuor Molinari, Microphone Songs (2001) pour voix, six instrumentistes et traitement, écrit pour l’ensemble Crash de Dublin, et Intendami chi po pour contre-ténor, 2 ténors et baryton, écrit pour le Hilliard Ensemble et créée par eux dans le cadre du festival Montréal Nouvelles Musiques le 2 mars 2005.
La commande de Intendami chi po s’inscrit dans le cadre du projet élaboré par MNM et le Hilliard ensemble de présenter un concert marquant le 700ème anniversaire de naissance de Pétrarque. «J’ai choisi de porter mon attention sur des textes rares, la plupart du temps reliés à la politique. J’ai finalement arrêté mon choix sur une strophe de la célèbre canzone Italia mia (CXXVIII), écrite dans l’indignation causée par la vente de la cité de Parme où demeurait temporairement le poète en 1342. (…) La strophe en question va au delà du circonstanciel (voire même au-delà de l’intérêt personnel) pour rejoindre les sources du « mal » et ainsi acquérir, par la sagesse de ses accents, des résonances proprement contemporaines. »*
Michel Gonneville a choisi quelques phrases issues d’autres poèmes et a écrit quelques lignes en « pseudo-italien » afin d’unifier l’ensemble. « C’est assez tardivement que m’apparut l’image unificatrice : celle d’un quadruple Pétrarque (incarné par les quatre chanteurs) entrant dans son studio, fort préoccupé par la strophe de la canzone qu’il désire terminer, cherchant mots et rimes presque au hasard des sonorités, sans se soucier du sens ; ou déclamant vigoureusement les passages dont il est le plus sûr ; ou encore, écrivant nerveusement les mots qu’il se répète à haute voix ; baignant finalement dans la sensualité de la conclusion qu’il a trouvée…, ce qui lui permettra de quitter le studio léger et soulagé. »*
« Sur le plan musical, l’oeuvre est basée sur quatre mode heptatoniques intimement interreliés. Des mélodies, accords et harmonies issues de ces modes ont été, selon leur degré de tension et de consonance, associés aux différentes subdivisions sémantiques de la strophe, telles que les révélait l’analyse : un rappel de l’inévitabilité de la mort, la source du mal, la nécessité de la conversion, la récompense de la paix. »(* Michel Gonneville)
Durée : environ 10 minutes