Biographie

Hanspeter KYBURZ

Oeuvre(s)

" Touché "

pour soprano, ténor et orchestre

Né en 1960 à Lagos, au Nigeria, Hanspeter Kyburz étudie tout d’abord la composition à Graz auprès de A. Dobrowolsky et Gösta Neuwirth avant de poursuivre des études de composition, de musicologie, d’Histoire de l’art et philosophie à Berlin (1982-1990), puis à Francfort-sur-le-Main avec Hans Zender (1990-1993).


En 1990, Kyburz est lauréat du prix de composition « Boris Blacher » et il obtient une bourse de la Cité Internationale des Arts de Paris. Depuis 1997, il est professeur de composition à l’Académie Supérieure de Musique de Berlin et, depuis 1998, chargé de cours dans le cadre des stages d’été de musique contemporaine de Darmstadt.

Le compositeur s’est totalement dissocié de ses premières oeuvres, ce pourquoi son catalogue ne commence qu’en 1993 avec des pièces pour ensemble, Cells (1993-94) et Parts (1994-95), et ne compte qu’une douzaine de titres.


Pour Kyburz, son travail de compositeur ne commence réellement qu’à partir du moment où il a pris conscience de l’importance accrue des réflexions relevant du domaine du système et de la théorie et l’intégration d’expérimentations de processus formels assistées par ordinateur. Il axe alors ses recherches sur l’élaboration de structures inédites, non linéaires.


Une des caractéristiques de son travail avec les algorithmes réside dans le fait que tout ce qui relève d’un système doit être variable et que les éléments prédéterminés doivent toujours permettre l’épanouissement de nouveaux espaces structurels.


Parmi les titres de ses oeuvres, certains attirent déjà l’attention sur le fait que, chez Kyburz, la conception de processus musicaux devient elle-même le thème de son travail. C’est le cas dans Cells : puissamment suggestive, cette musique est réalisée sous la forme d’un réseau très ingénieux de moments structurels qui se superposent. Les procédés les plus divers de concentration et de développement, mais aussi de dissolution et d’effilochement y occupent une place centrale.


Dans ses scénarios musicaux, le compositeur cherche à libérer les constellations sonores et à dégager, du moins partiellement, les énergies ménageant ainsi des moments de surprise. Ainsi dans Parts ou Diptychon (1997-98) des irruptions déconcertantes viennent interrompre un flux sonore.


Une importante innovation des oeuvres les plus récentes de Kyburz réside dans le fait que la dramaturgie générale est élaborée d’une manière encore plus variée et complexe, faisant une place plus importante aux enchevêtrements. Ses processus sont emboîtés de manière complexe et forment à chaque fois les uns avec les autres, par une démarche polyphonique, un fondu enchaîné.


D’un autre côté, ses oeuvres renferment aussi des situations musicales qui paraissent tout de suite évidentes. Il s’agit le plus souvent d’assemblage de matériel traditionnel, comme des réminiscences de genres tels que le concerto, l’oratorio dans The Voynich Cipher Manuscript (1995) pour choeur et ensemble, ou le discours de musique de chambre classique dans Danse aveugle (1997) pour flûte, clarinette, violon, violoncelle et piano.
(d’après Musica falsa n°19)


En 2003, le compositeur travaille sur une oeuvre en cours d’évolution (work in progress), Réseaux, inspirée par les oeuvres du peintre japonais Sesshu et en 2004, il compose son premier quatuor à cordes. En 2005, Kyburz crée Projektion, combinaison d’un grand orchestre (75 musiciens) et d’un ensemble (flûte, clarinette en si, cor, trompette, vibraphone, piano, violon, alto et violoncelle) qui permet un jeu alterné rapide, marqué rythmiquement par des mouvement horizontaux et verticaux et par des timbres contrastés qui produisent une grande émission d’énergie.

NOTICE

Touché, commande des Roche Commissions pour le Festival de Lucerne, a été créée le 2 septembre 2006 à Lucerne par Laura Aikin (soprano), John Mark Ainsley (ténor) et l’Orchestre de Cleveland placés sous la direction de Franz Welser-Möst. Texte de Sabine Marienberg. Le texte et la musique ont été élaborés conjointement.


« Ce morceau relate la conversation entre deux personnages, un couple, mais nous ne souhaitions pas une histoire d’intimité. Nous voulions que se soit purement formel et le plus analytique possible. La manière dont les deux personnages échangent l’information amène le propos sur un niveau plus abstrait que la véritable forme de leur échange. La question clé n’est pas tant l’échange d’information per se ou la résolution d’un conflit en des termes dramatiques, que le contraste des sentiments, l’aspect communicatif, la possibilité de mettre l’accent/marquer/souligner le rythme en une série rapide de souffle.


Le morceau s’ouvre sur un prélude, une relation très isolée et rythmiquement étonnante. Puis, doucement émerge un dialogue, basé sur la séparation mutuelle. Chaque tentative d’ouverture vers l’autre personnage est punie. Dans une deuxième partie, ils commencent à rêver l’un de l’autre, mais en parallèle. D’abord il rêve de la manière dont elle dort, puis elle rêve de la première fois où ils se sont rencontrés. Finalement ils chantent tous deux en parallèle.

(Extrait de l’interview du compositeur et de la librettiste menée par Ulrich Mosh à Basel le 16 mai 2006)


Durée : 22 minutes