Biographie

John ADAMS

Oeuvre(s)

" Scheherazade 2 "

Pour violon et orchestre

Boosey & Hawkes

SÉLECTION 2017

L’argument initial de la pièce était une exposition à l’Institut du Monde Arabe à Paris détaillant l’histoire des « Mille et Une Nuit » et de Schéhérazade et la façon dont ce conte a évolué au cours des siècles. La brutalité occasionnelle envers les femmes, qui est sous-jacente dans un grand nombre de ses contes, m’a incité à réfléchir aux nombreuses images de femmes oppressées, abusées ou violentées que nous voyons quotidiennement dans les actualités. Dans ce conte ancien, Schéhérazade est le personnage chanceux qui, par son inventivité, est capable de sauver sa vie. Cependant, il n’y a pas grand-chose à célébrer ici lorsque l’on pense qu’elle est épargnée uniquement grâce à son ingéniosité et à sa capacité à continuer à divertir son mari pervers et meurtrier.

En pensant à une Schéhérazade de notre époque, il me vint à l’esprit des exemples célèbres de femmes dont la vie est menacée ; par exemple « la femme au soutien-gorge bleu » de la Place Tahrir, traînée dans les rues, cruellement battue, humiliée et physiquement mise à nu par des hommes enragés et violents. Ou la jeune étudiante iranienne, Neda Agha-Soltan, qui a été tuée par balle tandis qu’elle participait à une manifestation pacifique à Téhéran. Ou les femmes attaquées quotidiennement et même exécutées par des fanatiques religieux dans de nombreux pays : l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan, en tout lieu. Ces images d’aujourd’hui qui nous viennent à l’esprit ne sont pas propres au Moyen-Orient : nous voyons des exemples qui, s’ils ne sont pas explicites, n’en sont pas moins profondément dérangeants, dans toutes les régions du monde, y compris notre propre pays et même dans nos propres campus universitaires.

J’ai été ainsi brusquement frappé par l’idée d’une « symphonie dramatique » dans laquelle le personnage principal est joué par le violon solo ; et ce serait Schéhérazade.

Bien qu’elle n’ait ni scénario ni intrigue réelle, la symphonie suit un ensemble d’images provocatrices : une jolie jeune femme qui a du cran et une force personnelle ; une scène de poursuite par de « vrais croyants » ; une scène d’amour (qui sait… peut-être son amant est-il également une femme ?) ; une audience pendant laquelle elle est jugée par un tribunal de zélateurs religieux (« Shéhérazade et les Barbus »), et au cours de laquelle les hommes débattent entre eux de doctrine, et qui se déchaînent et crient après elle qui garde son calme en se défendant de leurs accusations) ; et l’évasion, la fuite et le sanctuaire », qui doit être le rêve archétypal de toute femme importunée par un ou plusieurs hommes.

J’ai composé cette pièce tout particulièrement pour Leila Josefowicz qui a été mon amie et a défendu ma musique (et comme beaucoup d’autres compositeurs) pendant près de cinquante ans. Aujourd’hui, nous avons joué mon Concerto pour Violon et mon Concerto pour Violon Amplifié, The Dharma at Big Sur, de nombreuses fois. Cette œuvre est une vraie collaboration et reflète un dialogue et un échange créatif sur plus d’une année, et dont j’espère qu’ils continueront bien après la première représentation. Je trouve que Leila est l’incarnation parfaite de ce genre de force et d’énergie maîtrisée qu’une Schéhérazade moderne pourrait posséder. 

John Adams

" City noir "

pour orchestre

Editions Boosey & Hawkes

(Worcester, Massachusetts – 1947)
John Adams a grandi dans le Vermont et le New Hampshire où il reçoit sa première éducation musicale de son père, avec qui il étudie la clarinette et joue dans des fanfares locales. Adams a souvent dit combien les sonorités exubérantes et le rythme puissant de la marche ont profondément influencé sa personnalité musicale — parcours semblable à celui de Charles Ives à la fin du siècle dernier. En 1971, après avoir terminé ses études à Harvard avec Leon Kirchner, Adams quitte la Nouvelle Angleterre pour la Californie. Il réside depuis dans la baie de San Francisco.
Pendant dix ans, il enseigne et dirige au Conservatoire de Musique de San Francisco, et, de 1978 à 1985, il est très étroitement associé au San Francisco Symphony, dont le directeur musical Edo de Waart sera le premier défenseur de sa musique.
Bien qu'elles n'aient jamais suivi les strictes formules du minimalisme « classique », les premières pièces instrumentales d'Adams — comme les deux pièces pour piano solo de 1977 : Phrygian Gates et China Gates, ou encore le septuor à cordes Shaker loops de 1978 — utilisent de brèves cellules répétitives. Elles rendent ainsi hommage non seulement à Reich et Glass mais aussi à Terry Riley et à quelques-uns des compositeurs expérimentaux des années soixante. Mais, même dans ses compositions les plus purement minimalistes, ce qui rend les œuvres d'Adams incomparables est le haut degré d'imagination et d'invention apporté à l'écriture, ainsi que la longue et puissante progression dramatique en arche qui va bien au-delà du minimalisme.
Au cours des années soixante-dix et quatre-vingt, la musique d’Adams  joue un rôle décisif dans la constitution et la diffusion d’un courant post-moderne à l’intérieur de la tradition savante contemporaine. Réactivant le thématisme et l’harmonie issus du post-romantisme, s’appropriant le rythme des musiques traditionnelles ou l’énergie euphorisante du jazz et du rock, sa musique, tout autant imprégnée de l’esprit expérimental californien des seventies, cherche à rassembler les influences multiples traversant la culture américaine, sous une signature identifiable et en renouvelant constamment les voies d’un langage de synthèse. C’est sans doute dans le domaine symphonique que s’exprime le mieux tour à tour sa verve humoristique, faite de sauts d’humeur et de contrastes grinçants ou sa veine élégiaque teintée de nostalgie.
La collaboration, à partir de 1985, avec Alice Goodman et Peter Sellars donne naissance aux opéras les plus joués dans le monde des deux dernières décennies : Nixon In China (1984-1985) et The Death of Klinghoffer (1990-1991). Ce dernier sera porté à l'écran en 2003 par Penny Woolcock. Suivent d'autres œuvres réalisées avec Peter Sellars : en 1995, le "songplay" I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky, en 1999-2000, El Niño, sur un livret multilingue célébrant le millénium et Doctor Atomic (2005). En 2006, est créé à Vienne A Flowering Tree, opéra inspiré de la Flûte enchantée de Mozart.


•    2000 : prix des Arts de l’Etat de Californie
•    2003 : prix Pulitzer pour On the Transmigration of Souls.
•    2003 : 3 Grammy awards pour la collection  de 10 Cds du label Nonesuch The John  Adams Earbox : "Best Classical Recording" "Best Orchestral Performance", et "Best Classical Contemporary Composition".
•    2003 : Doctorat d’honneur de l’Université  de Cambridge
•    2004 : Premier Prix de composition "Michael Ludwig Nemmers"
•    2007 : Havard Arts Medal
•    2008 : Doctorat d'honneur de l'Université de Havard

NOTICE

“City Noir“est une symphonie inspirée de l’ambiance particulière des films noirs de Los Angeles, et plus spécifiquement ceux produits à la fin des années 40, début 50.

Ma musique est un hommage à l’esthétique de cette époque. Elle n’a pas de lien direct avec la musique de film de cette période.

Elle est la troisième partie d’un triptyque d’œuvres pour orchestre qui ont pour thème la vie Californienne, son paysage et sa culture.

Les deux œuvres précédentes sont “The Dharma at Big Sur“(également commandée par The Los Angeles Philharmonic) et “El Dorado“ (commandée par the San Francisco Symphony). 

“City Noir“ est une commande du Los Angeles Philharmonic en association avec le London Symphony Orchestra, Cité de la Musique et  ZaterdagMatinee.

John Adams