Biographie

Unsuk CHIN

© Jérôme Schlomoff 2010

Oeuvre(s)

" Gougalon "

Scène de théâtre de rue pour ensemble

Editions Boosey & Hawkes

Unsuk Chin s’initie très jeune au piano et à la théorie musicale. Elle entre ensuite à l’Université nationale de Séoul où elle suit des cours de composition avec Sukhi Kang jusqu’en 1985. Elle se produit comme pianiste aux Pan Music Festivals.

Sa composition Gestalten est retenue pour les journées mondiales de la musique de la Société internationale de musique contemporaine au Canada en 1984 et pour la Tribune internationale des compositeurs de l’Unesco à Paris. Une bourse du DAAD lui permet de suivre des cours avec Geörgy Ligeti à l’académie de musique de Hambourg de 1985 à 1988. Depuis 1988, elle vit à Berlin et travaille au studio électronique de l’Université Technique.

Ses pièces sont jouées dans de nombreux festivals et cycles de concerts principalement en Angleterre, en France, en Corée du Sud, en Finlande et récemment en Scandinavie. Son œuvre la plus jouée, Akrostichon-Wortspiel (1991), a été programmée dans quinze pays et interprétée par de grands ensembles comme l’Ensemble Modern, le Birmingham Contemporary Music Group, le Nieuw Ensemble, l’Ensemble Asko, l’Ensemble Ictus, l’Orchestre philharmonique de Los Angeles et l’Orchestre Philharmonia.

Elle est compositrice en résidence pour l’Orchestre symphonique de Berlin en 2001/2002 et reçoit une commande pour son  Concerto pour violon, créé en janvier 2002 à la Philharmonie de Berlin par Viviane Hagner, sous la direction de Kent Nagano.

Parmi ses œuvres principales, notons également Fantaisie mécanique et Xi, commandes de l’Ensemble intercontemporain, ParaMetaString, commande du Kronos Quartet, un Concerto pour piano écrit pour Rolf Hind, Miroir des temps, commande, de de la BBC pour l’Ensemble Hilliard et l’orchestre philharmonique de Londres, Kalà, co-commande par les orchestres symphoniques de la Radio danoise, de Gothenburg et d’Oslo.

Unsuk Chin obtient de nombreux prix ; en 1985, le grand prix du concours international Gaudeamus (Amsterdam) pour son œuvre Spektra ; en 1993 et le premier prix du concours pour les œuvres pour orchestre en commémoration du cinquantenaire du gouvernement de Tokyo pour Santika Ekataka. En 2004/2005, elle compose Cantatrix sopranica, commandée par le London Sinfonietta, le Los Angeles Philharmonic New Music Group, le Festival St Pölten (Autriche), l’Ensemble intercontemporain et Musikfabrik. Elle est compositrice en résidence pour l’orchestre philharmonique de Séoul de 2006 à 2008. Alice au pays des merveilles, un opéra inspiré du livre de Lewis Carroll a été créé à l’Opéra de Bavière à Munich en juin 2007 et sur une série d’Etudes pour piano. Les œuvres de Unsuk Chin sont publiées exclusivement chez Boosey & Hawkes.

© Ircam-Centre Pompidou, 2008

 

CREATION

9 octobre 2009, Berlin – Allemagne. Konzerthaus, Großer Saal, par l'ensemble Modern, direction : Johannes Kalitzke

NOTICE

I. Prologue – Ouverture dramatique du rideau

II. Lamentation du Chanteur chauve

III. La diseuse de bonne aventure au dentier

IV. Dance autour des cabanes

 

Le titre provient duVieil Haut allemand signifiant : embobeliner ; faire des mouvements ridicules; tromper quelqu'un au moyen de la magie ; dire la bonne aventure.

Le titre se réfère à un moment Proustien que j'ai éprouvé – de façon totalement inattendue - pendant mon premier séjour en Chine en 2008 et 2009 durant lequel j’ai visité - entre autres -  Hong-Kong et Guangzhou.

L'atmosphère des vieilles et pauvres habitations avec leurs allées étroites, sinueuses, ses vendeurs alimentaires ambulants et ses marchés – le tout proche des écrans vidéo géants, des constructions ultramodernes et scintillantes des centres commerciaux – ont fait ressurgir à l’esprit des expériences d'enfance longtemps oubliées.

Cela m’a beaucoup rappelé Le Séoul des années 1960, la période après la Guerre de Corée et avant la modernisation radicale. Des conditions qui n'existent plus aujourd'hui en Corée du Sud. J’ai le souvenir particulier d'une troupe d’artistes que j'ai vue plusieurs fois enfant dans une banlieue de Séoul.

Ces musiciens amateurs et acteurs voyageaient de village en village pour imposer l’auto-médication - qui au mieux était inefficace. Pour séduire les villageois, ils se mettaient en scène en chantant, dansant et faisant des cascades diverses.

Je me rappelle encore que les intrigues avaient presque toujours un rapport avec l'amour non récompensé et que l'héroïne finissait inévitablement par se suicider.

Tout cela faisait preuve d’amateurisme et était kitsch, cependant cela a réveillé des émotions incroyables parmi les spectateurs : c'est à peine surprenant, considérant que c'était pratiquement le seul divertissement dans une vie quotidienne marquée par la pauvreté et des structures répressives. Les jeux électroniques et les jouets (pour ne pas mentionner l'art tout court) étaient bien sûr inconnus.

Donc, le village entier était présent pour ce "grand événement," une circonstance dont d'autres ont aussi désiré profiter : diseuses de bonne aventure, charlatans et colporteurs de voyage. Parmi ceux-là, on trouvait des négociants de perruque auprès de qui les jeunes filles pouvaient gagner de l'argent pour leur famille en sacrifiant leurs nattes.

Gougalonne se réfère pas directement à la dilettante et minable musique de ce théâtre de rue. Les mémoires décrites ci-dessus fournissent simplement un cadre, de même que les titres des mouvements qui n’ont pas de rôle explicatif.

Cette oeuvre a pour objet "une musique folklorique imaginaire" qui est stylisée, cassée en elle et primitive seulement en apparence.

Unsuk Chin (traduit de l’anglais)