Biographie

Olga NEUWIRTH

Elle a étudié à l’Académie de Musique de Vienne et au Conservatoire de Musique de San Francisco. Elle s’est également formée à la peinture et au cinéma. Parmi ses professeurs privés de composition figuraient Adriana Hölszky, Tristan Murail et Luigi Nono. En 1998, elle apparaît dans des portaits-concerts au Festival de Salzbourg, l’année suivante, son œuvre théâtrale musicale Bahlamms Fest, est créée à la Wiener Festwochen et remporte le prix Ernst Krenek. Avec Elfriede Jelinek, elle créée deux pièces radiophoniques et trois opéras. Son opéra Lost Highway, basé sur le film de David Lynch lui vaut le Prix South Bank Show en 2008.

Hormis la composition, elle réalise également des installations sonores, des expositions artistiques et des courts métrages ; une de ses installations multimédia est présentée au documenta 12 à Kassel en 2007. En dehors de ses opéras, les œuvres les plus notables d’Olga Neuwirth sont le concerto pour piano locus….doublure…solus… et le concerto pour trompette miramondo multiplo.

En 2008, elle est récompensée par le Prix Heidelberg et en 2010, elle reçoit le Grand Prix de l’état Autrichien ainsi que le Prix Louis Spohr de la ville de Braunschweig. En 2012, elle termine deux opéras : The Outcast et American Lulu, et en 2015, compose une nouvelle œuvre orchestrale pour l’Orchestre Philharmonique de Vienne : Masaot/Clock without Hands. Olga Neuwirth est compositrice en Résidence du Festival de Lucerne en 2002 et 2016.

En 2018, sera créé son nouveau concerto pour flûte, Aello, un ballet mécanomorphe pour l’Orchestre de Chambre de Suède et Claire Chase (fl). Olga Neuwirth travaille actuellement sur un nouvel opéra pour le Vienna State Opera (2019).

Oeuvre(s)

" Masaot / Clocks without hands "

Pour orchestre

Ricordi - Berlin

SÉLECTION 2017

Olga Neuwirth: Vom Schaukeln der Dinge im Strom der Zeit
[The Sway of Things in the Stream of Time]
“Là où entre la Vltava, le Danube
Et la rivière de mon enfance,
Tout me voit en entier.”
Ingeborg Bachmann, Prague, janvier 1964

 

En 2010, le Philharmonique de Vienne me demandait d’écrire une œuvre orchestrale pour le 100ème anniversaire de la mort de Gustav Mahler. Devant finir deux opéras pour la fin de l’année 2011, je déclinais la proposition.

Lorsque la commande a été repoussée jusqu’à 2015, j’ai décidé que je ne voulais pas abandonner l’idée de 2010 en pensant à Mahler. Entre-temps, j’avais fait un rêve qui avait déclenché des “turbulences musicales“ pour mon œuvre orchestrale.

Mon grand-père, que je n’avais jamais rencontré et que je ne connaissais que par des photos et les histoires de ma grand-mère, m’est apparu en rêve. Dans la prairie illuminée par le soleil du Danube et ses eaux ridées, le vent emportait une myriade de brins d’herbe dans une étendue de roseaux entremêlés. Mon grand-père se tenait au beau milieu de l’herbe, et me faisait écouter des chansons sur un vieux magnétophone qui crépitait. Il dit : “Dès le début, j’étais extrêmement différent. J’étais un étranger, et je ne me suis jamais adapté à mon entourage autrichien. Toute ma vie, et j’ai eu le sentiment d’être exclu. Écoute ces chansons : c’est mon histoire.” Il avait remonté le temps et partageait avec moi ce moment.

Ce rêve m’avait tellement ému que je voulais en faire une composition écrite car, pour moi, l’écriture a toujours un lien avec la mémoire. L’idée était de faire comme si vous écoutiez quelque chose en rêve, comme si vous étiez vous-même en train de rêver tout en écoutant.

Masaot/Clocks without Hands peut être perçu comme une réflexion poétique sur la façon dont les souvenirs s’estompent. Cette pièce associe des fragments de mélodies, de lieux et d’expériences très différents de la vie de mon grand-père. C’est un torrent façonné de souvenirs. La composition produit une “grille“ sur laquelle des bribes de chansons résonnent et se reconstituent. Parallèlement, un “objet musical“ basé sur les battements de métronomes rend le temps audible et perceptible.

Comme un manège circulaire, ces battements de métronome apparaissent et disparaissent. Cependant, contrairement au métronome, ils ne restent pas identiques ; ils changent chaque fois en raison d’un léger décalage du contexte et de la superposition des divers tempos. Par ce “tic-tac du métronome“, par la pulsation régulée extérieurement, le temps lui-même devient un royaume subjectivement intemporel du subconscient. En fin de compte, le temps semble se dissoudre tel des horloges sans aiguilles.

Mon grand-père est né dans une ville au bord de la mer qui a connu une histoire tourmentée : à certaines époques, la ville était sous domination vénitienne, tandis qu’à d’autres époques, elle était sous la domination croato-hongroise. Il a ensuite grandi dans le bassin fluvial du Danube, à la frontière commune de la Croatie et de la Hongrie. Mon grand-père ressentait peut-être la même chose que Canetti, qui a écrit à propos de son enfance sur le Danube : “Enfant, je ne saisissais pas vraiment la diversité, mais je ne cessais jamais d’en sentir ses effets.“ Et “… Je suis constitué de nombreuses personnes dont je ne suis pas du tout conscient.“ Ainsi, pour moi, cette pièce traitait les différentes histoires (musicales) entendues et emportées vers la mer par le fleuve : dans mon cas, le Danube.

Revenons à Mahler. Après sa première mondiale, sa Première Symphonie intitulée Katzenmusik (Miaulement ou cacophonie) et critiquée pour son éclectisme. Néanmoins, c’était exactement ce qui m’intéressait ! Je voulais explorer ce phénomène musical et “l’ancien parfum des époques légendaires », en particulier l’enfance et l’adolescence de mon grand-père sur le Danube. Je voulais revenir sur le monde de l’héritage kakanien vu de ma vie d’aujourd’hui. À la recherche d’identité et d’origine ; peut-être cette pièce est-elle le “chant du cygne“ ironique et mélancolique d’un compositeur autrichien qui se sent “d’une manière négative, libre“ de composer ce qu’elle veut et se sent si proche de “l’homme sans qualité“ de Robert Musil.

Masaot/Clocks without Hands a évolué à partir du son multi-voix de mes origines fragmentées et mon désir de flux interrompus, déterminé tout au long de la pièce par des cellules alternant constamment.

Pour moi, “Heimat“ (la patrie, le pays natal) est quelque chose de nébuleux. Dans Masaot/Clocks without Hands, j’essaie de répondre à l’idée d’avoir “plusieurs patries“, en l’occurrence en composant de la musique qui est à la fois de mon pays et celle étrangère. Des sons familiers et inconnus, au-delà de toute forme de nostalgie kakanienne, dans une tentative impossible d’arrêter le temps en composant.

Olga Neuwirth

" Remnants of songs... an Amphigory "

Alto et orchestre

Editions Boosey & Hawkes

Etudie la trompette dès l’âge de sept ans.

1985–86Etudes au Conservatory of Music de San Francisco (composition et théorie avec Elinor Armer) ainsi qu’au Art College de San Francisco (peinture et film) Sa rencontre avec Adriana Hölszky, Tristan Murail et Luigi Nono constitue une stimulation précieuse pour son travail.

1987–93 Etudes de composition à la Hochschule (Conservatoire supérieur) de Musique et de Théâtre de Vienne ; classe de composition d’Erich Urbanner (Diplôme et mémoire de Maîtrise sur « L’utilisation de la musique de film dans L’amour à mort de Jean Resnais ») et études à l’Institut d’électroacoustique.

1993/94 Etudes avec Tristan Murail à Paris ; participation au stage d’informatique musicale de l’Ircam à Paris.

1994 Membre du jury de la Biennale du nouveau théâtre musical de Munich ; membre du forum des compositeurs aux cours d’été de Darmstadt ;  « Prix Publicity » de l’Austro Mechana pour une production CD.

1996 Invitée du DAAD à Berlin.

1998 Deux concerts portraits présentent Olga Neuwirth au festival de Salzburg dans le cadre de la série « Next Generation ».

1999 Prix d’encouragement de la Fondation Ernst von Siemens à Munich ; Prix Hindemith du Festival de musique du Schleswig-Holstein.

1999 Création de la première grande pièce de théâtre musical  « Bählamms Fest » (Livret : Elfriede Jelinek d’après Leonora Carrington) lors des Festwochen de Vienne en 1999 ; Le prix Ernst Krenek lui a été décerné pour cette œuvre.

2000 Ecrite pour Pierre Boulez et le London Symphony Orchestra, son œuvre « Clinamen Nodus » a été jouée en tournée mondiale après sa création à Londres en mars ; elle est maintenant disponible sur CD.

Compositrice en résidence au Koninklijk Filharmonisch Orkest van Vlaanderen, à Anvers.

2002 Compositrice en résidence au Festival de Lucerne (avec Pierre Boulez).

2003 Création de l’œuvre de théâtre musical « Lost Highway » d’après le film du même titre de David Lynch (livret d’Elfriede Jelinek et Olga Neuwirth), Automne Styrien 2003 (Steyrischer Herbst) en coproduction avec « Graz, Capitale culturelle 2003 » et le Théâtre de Bâle. Le CD Hybrid a paru en 2007 chez KAIROS

2002–05 Diverses musiques de théâtre et de film.

2004 « …ce qui arrive… », idée et musique d’Olga Neuwirth, Texte et voix : Paul Auster ; Ensemble Modern – avec Georgette Dee ; Video : Dominique Gonzales-Foerster.

2005 « ...le temps désenchanté...ou le dialogue aux enfers » installation sonore sur la place Igor Strawinsky, commande du Centre Pompidou et de l’IRCAM, à Paris, accompagné d’un court métrage, essai d’Olga Neuwirth basé sur un fragment du film de René Clair « Paris qui dort »

Vidéoclip sur les trois chansons « no more secrets, no more lies » avec Georgette Dee et l’Ensemble Modern. Exposition-portrait « la puissance de la parole » avec Valie Export et Elfriede Jelinek au NYC – Austrian Cultural Forum.

2006 Olga Neuwirth est élue membre de l’Académie des Arts de Berlin.

Création de son concerto pour trompette « …miramondo multiplo… » pour le soliste Håkan Hardenberger et le Wiener Philharmoniker, sous la direction de Pierre Boulez, au Festival de Salzburg 2006.

2007 Février: Création aux Etats-Unis de « Lost Highway » à NYC et Oberlin. Participation à l’exposition Documenta 12 de Kassel avec l’installation sonore (et un film) « …miramondo multiplo… ». Création de la musique du film « Diagonal Symphony » de Viking Eggeling dans le cadre du Ultraschall Festival de Berlin.

2008 Première anglaise de « Lost Highway » par l’English National Opera au Young Vic (Mise en scène : Diane Paulus). Prix des Artistes de la ville d’Heidelberg. Création de « Kloing ! » pour piano automatique, piano et film au Kunstfest Weimar (pianiste : Marino Formenti). Musique pour le film "Das Vaterspiel" de Michael Glawogger (Premiere: 8.2. 2009 Berlinale; Zoopalast).

2009 Musique pour le film « Das Vaterspiel » de Michael Glawogger (montré à la Berlinale). Création de son concerto pour alto et orchestre, « Remnants of Songs … an Amphigory », au Musikprotokoll Graz.

2010 Prix de Musique « Louis Spohr » de la cité de Braunschweig ; Grand Prix National d’Autriche.

 

Source : Boosey & Hawkes