
" Archive figurale : images, dispositifs, communauté "
Article
Texte primé (extrait)
« Force est de constater que Walker Evans et Société Réaliste, à soixante-dix ans d’écart – entre la photographie analogique et l’Internet numérique – partagent une forte propension à l’objectivité de la captation machinique. Si pour suivre Michel Foucault, il y a un sujet parlant objectivé par le langage, un sujet productif objectivé par le travail et l’économie, et un sujet vivant objectivé par les sciences naturelles, alors il y a fort à parier sur l’existence d’un sujet-trace objectivé par le dispositif qu’est la photographie. Nous aurions toutes et tous affaire à cette facette de notre subjectivité : dans nos albums de famille, sur notre page Facebook, dans les archives de tous les organismes administratifs auxquels nous sommes affiliés et bien sûr nos papiers d’identité (…) Combien de fois avons-nous ri de honte, nous sommes nous moqués de nous-mêmes, avons-nous singé notre propre figure comme devant un miroir déformant ? Chaque fois, sans en être conscients, c’est à la reproductibilité même du sujet-trace, à sa capacité d’être conservé, classé, historicisé, que nous sacrifions tout espoir de nous reconnaître, de nous plaire, de voir notre trace conformée aux autres facettes de notre subjectivité. »
Extrait de « Archive figurale : images, dispositifs, communauté », article paru dans la revue De(s)générations, n°18, « Vies anonymes », mai 2013, Saint-Étienne, Jean-Pierre Huguet Éditeur.
Toute critique doit inclure dans son discours (…) un discours implicite sur elle-même ; toute critique est critique de l’œuvre est critique de soi-même ; pour reprendre un jeu de mots de Claudel, elle est connaissance de l’autre et co-naissance de soi-même au monde.
Roland Barthes, « Qu’est-ce que la critique ? », 1963, Times Literary Supplement
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