Ecrivain, journaliste, dessinateur et cinéaste, Vassilis Alexakis est né en 1943 en Grèce. A l'âge de 17 ans, il arrive en France et entre à l'Ecole de journalisme de Lille. Après un retour en Grèce en 1964, il fuit à nouveau son pays après le coup d’Etat des colonels. En 1968, il entre au Monde des Livres où il restera 15 ans.
En 1974 paraît son premier ouvrage écrit en français, Le sandwich. Suivront La tête de chat (1978) ; Talgo (2003), traduction en français d’un petit roman (une longue lettre écrite par une bovary athénienne à son amant) qu’Alexakis avait écrit en grec en 1982, année de son divorce, et Contrôle d’identité (1985).
Dans Paris-Athènes (1989), on trouve déjà tout ce qui fera la grandeur de l’écrivain : la quête des mots. « Petite odyssée à travers deux langues, évocation bouleversante des drames et des bonheurs qu'engendre un tel voyage, Paris-Athènes, est plus que cela : la quête d'un moi qui fuit sans cesse et que seule la littérature permet d'appréhender, de sauver peut-être. » (présentation de l’éditeur).
C’est l’histoire d’un va-et-vient incessant entre deux jardins, celui de l’enfance, situé dans le quartier de Callithéa à Athènes, et le jardin du Luxembourg, où le narrateur erre péniblement, soutenu par ses béquilles. Il vient de subir une grosse opération, mais qui n’intéresse plus personne, sauf la dame qui tient les toilettes du jardin, un clochard nommé Ricardo, la directrice du théâtre de marionnettes et un vieil homme à cheveux blancs qui ressemble à Jean Valjean. La solitude fait peu à peu surgir autour de lui tous les héros de son enfance, ceux qui ont réellement fréquenté le Luxembourg, comme Jean Valjean et les trois mousquetaires, mais aussi Tarzan qui ne comprend pas pourquoi on construit des maisons autour des jardins alors qu’il y a tant de places dans les arbres, des orphelins, des pirates, des Indiens et Richelieu qui surveille tout ce petit monde à travers les fenêtres du Sénat. Il y a aussi la mort, représentée par une marionnette géante vêtue de blanc qui a des pattes de poulet à la place des mains, et une belle Italienne coulée dans du bronze.
Le bruit du monde parvient assourdi jusqu’au jardin : on entend les cris des jeunes gens qui manifestent place de la Constitution à Athènes, on apprend que Zorba a dansé dans le Bundestag devant les députés allemands. Comme les romanciers aiment bien envoyer leurs personnages sous terre, dans les égouts ou dans les terriers, l’histoire finira dans les catacombes. Jean Valjean aura la bonté de porter le narrateur sur son dos. Comme on le devine, le personnage central du roman est la littérature.