Toivo TULEV est né en 1958 à Tallinn-Nõmme, en Estonie.
Il est l’auteur de nombreuses œuvres orchestrales, vocales et pour orchestre de chambre : des concertos pour instruments solo, des symphonies, des cantates et des oratorios.
Tulev a reçu sa formation musicale à Tallinn avec Anti Marguste, Eino Tamberg et Sven-David Sandström à Stockholm.
L'intérêt de Tulev pour les traditions musicales orales occidentales et orientales l'a amené à poursuivre ses études dans ce domaine.
Il a été professeur et chanteur de chant grégorien et a participé à différents groupes vocaux dédiés à la musique ancienne, notamment Scandicus, Vox Clamantis, mais aussi l'Estonian Philharmonic Chamber Choir.
Depuis 2005, Tulev dirige le département de composition de l'Académie estonienne de musique et de théâtre et, depuis 2008, il est professeur de composition.
Collaborations
Orchestre symphonique national d'Estonie, Orchestre de chambre de Tallinn, Opéra et ballet nationaux d'Estonie,
Radio Kamer Filharmonie Underholdnings Orkestret, Brno Symphony Orchestra, Athelas Sinfonietta, NYYD Ensemble, Nieuw Ensemble, Atlas Ensemble, Court-Circuit, Tallinn String Quartet, Ensemble Sarband, Hoca Nasreddin Trio, Arditti Quartet, entre autres.
Il a également collaboré avec le Netherlands Chamber Choir, l'Estonian Philharmonic Chamber Choir, l’Ars Nova de Copenhagen, le Danish Radio Vocal Ensemble, Musicatreize, le Latvian Radio Choir, le Crossing Choir et les chefs d'orchestre Kaspars Putninš, Paul Hillier, Daniel Reuss, Tõnu Kaljuste, Martyn Brabbins, Donald Nally, Olari Elts, Risto Joost, Ed Spanjaard et Dennis Russell Davies.
Performances, publications
La musique de Tulev a été jouée dans de nombreux festivals et salles, notamment au NYYD Festival (Tallinn), Nuova Consonanza (Rome), Warsaw Autumn, Third Practice (Richmond, États-Unis) ; Time of Music (Finlande), Gaida (Vilnius), Arena (Riga), Oslo Church Music Festival, Vale of Glamorgan Festival (Royaume-Uni), Month of Modern (Philadelphie), Holland Festival, 20 Lieux sur la Mer (Marseille), März Musik (Berlin), Ultima (Oslo), Noon to Midnight (Los Angeles), etc.
Ses œuvres ont été publiées sur des CD par la radio estonienne (be lost in the call, 2004) et Harmonia Mundi (Songs, 2008), Naxos (Magnificat, 2018) et Navona Records (Dawn, Almost Dawn 2025). Les partitions de Tulev sont publiées par les éditions du Théâtre des voix.
Parmi les œuvres les plus récentes de Tulev, citons Fireflies vanish, there is nothing more (2024) pour orchestre symphonique ; From the Dusk of the Leaves, Meanwhile, Peeks Void (2025) pour flûte et piano ; Beloved, beloved pour soprano, flûte, piano et orchestre de chambre (2025) sur un fragment de texte d’Inayat Khan.
Prix, résidences
Quatre de ses œuvres Opus 21 pour orchestre de chambre (1996), Concerto pour violon et orchestre (2002), Flute concerto Deux ( 2006) et I said, who are you, he said - You (2010) ont été sélectionnées parmi les dix compositions recommandées lors de la Tribune internationale des compositeurs à Paris et à Barcelone.
En 2001 et 2003, Toivo Tulev a reçu le prix annuel de la Fondation pour la musique de la Fondation culturelle estonienne ; en 2002, la bourse Live and Shine de la Fondation culturelle ; en 2006, le prix annuel de musique du Conseil estonien de la musique. En 2016, Tulev a reçu le prix Lepo Sumera et en 2017 le LHV modern composition prize Au-tasu.
Saison 2004-2005 : Compositeur en résidence au Chœur de chambre philharmonique d'Estonie et saison 2007-2008 : Compositeur en résidence à l'ensemble vocal danois Ars Nova.
En 2015, Tulev a reçu une bourse Fulbright pour un projet de recherche Between the Audible and the Inaudible à l'université de Dartmouth.
Der Herr ist mein getreuer Hirt II, pièce pour voix, violon, piano et cordes sur un texte de Kornelius Becker, a été créée le 20 janvier 2005 à Talinn par le Nargen Opera Choir, H. Traksmann (violon), J. Toots (piano) et les cordes de l’Orchestre de chambre de Talinn placés sous la direction de T. Kaljuste.
Comme dans Der Herr ist mein getreuer Hirt I, pour contretenor, violon et piano, Toivo Tulev choisit de maintenir un tempo très lent du début à la fin de la pièce renforçant ainsi le caractère sacré des deux oeuvres.
Durée : environ 7 minutes
Fireflies vanish, there is nothing more
(Les lucioles disparaissent, il n’y a rien plus rien)
Mon bon ami m'a demandé : « Quelle est la musique que tu écris ? ».
« Je ne sais pas, je ne sais vraiment pas », ai-je répondu.
Pourtant, après le passage de harpe final que j'ai entendu - Fireflies vanish, there is nothing more - je me suis souvenu du dernier haïku de Kaga no Chiyo :
L'eau claire est fraîche
Les lucioles disparaissent
Il n’y a plus rien
Toivo Tulev a composé une nouvelle pièce pour l'Orchestre Symphonique National d'Estonie. Le titre Fireflies vanish, there is nothing more a été donné par le compositeur après l'achèvement de la pièce. Ces lignes sont extraites d'un haïku de la poétesse japonaise du XVIIIème siècle Kaga no Chiyo. Tulev s'est également servi du même auteur dans des compositions antérieures.
Le début de l'œuvre est étonnamment rapide et vif - ce qui est inhabituel pour Tulev - mais d'autant plus adapté au tempérament de Olari Elts. Les quintolets rapides des bois font vibrer l'air.
Il ne s'agissait pas d'une musique d’atmosphére ou statique : elle était délibérée et active, progressant avec une clarté saisissante le long d'une échelle chromatique ascendante.
Tulev a déjà parlé de son admiration pour la poésie du mystique catholique Saint Jean de la Croix et a mentionné un de ses dessins représentant l'ascension et le voyage sur le mont Carmel.
Et que rencontre-t-on au sommet ? Qu'y trouve l'homme ou l'âme humaine ? Rien. «Nada, nada, nada, nada, nada, nada, y aún en el monte nada», écrivait Saint Jean de la Croix.
J'avais vécu quelque chose de similaire dans le final de Black Mirror de Tulev (2016, lauréat du Prix Au-tasu), lorsque le chanteur aux pieds nus du Trio Hoca Nasreddin, Nikolai Galen, a poussé un cri extatique vers les cieux.
Fireflies vanish, there is nothing more se termine cependant sur une note plus optimiste. Le dernier solo de harpe de Kaisa Helena Žigurs était tout sauf désolé - c'est plutôt comme si elle avait ajouté un point d'interrogation invisible à la fin du haïku de Chiyo : Tout se termine ?