Rytis Mažulis (né en 1961) a étudié la composition auprès du professeur Julius Juzeliūnas au Conservatoire de musique de Lituanie, aujourd’hui l’Académie lituanienne de musique et de théâtre, dont il est diplômé en 1983. Il y enseigne depuis 1989 et a dirigé le département de composition entre 2006 et 2014. De septembre 1998 à avril 1999, il a été artiste en résidence à l’Akademie Schloss Solitude à Stuttgart.
Compositeur majeur de la scène musicale contemporaine lituanienne, Mažulis s’est vu décerner en 1988 le prix Tyla (« Silence ») pour son œuvre de musique de chambre Miegas (« Sommeil »), ainsi qu’un prix du Fonds culturel lituanien pour l’ensemble de son répertoire de musique vocale et instrumentale. Il a été distingué à trois reprises au concours annuel des meilleures compositions organisé par l’Union des compositeurs lituaniens, dans la catégorie vocale : ajapajapam (2002), Forma yra tuštuma (« La forme est le vide », 2006) et Coda (2011). En 2004, il a reçu le Prix national de la culture et de l’art de Lituanie, l’une des plus hautes distinctions culturelles du pays.
Les œuvres de Rytis Mažulis ont été interprétées dans de nombreux festivals internationaux consacrés à la musique contemporaine, parmi lesquels : Nyyd (Tallinn, 1991), Musikhøst (Odense, 1992), Deutschlandfunk (Cologne, 1992), Printemps de Prague (1995), Festival de musique de chambre de Norrtälje (1995), De Suite Muziekweek (Amsterdam, 1995), Minimalismes (Berlin, 1998), Klang Raum (Stuttgart, 1998), 53e Arbeitstagung de l’Institut für Neue Musik und Musikerziehung (Darmstadt, 1999), MaerzMusik (Berlin, 2003), Melos-Ethos (Bratislava, 2005), Huddersfield Contemporary Music Festival (2006, 2007), Festival 40/20 (Linz, 2008), Images Sonores (Liège, 2007), ISCM World Music Days (Vilnius, 2008), Automne de Varsovie (2010), Tectonics (Glasgow, 2018), Sacrum et Profanum (Cracovie, 2022), The Wall of Sounds (Palerme, 2023), Exnovo musica (Venise/Mestre, 2024), Gaida (Vilnius, 2024), ISCM World New Music Days (Lisbonne, 2025). Ses compositions ont également été présentées lors de concerts dans de nombreux centres musicaux, notamment à Varsovie, Gdańsk, Karlsruhe (ZKM), Düsseldorf, Stuttgart, New York, Londres, Tokyo, Riga, Rēzekne, entre autres.
La musique de Rytis Mažulis, à la fois radicale et conceptuellement rigoureuse, est fréquemment décrite à l’aide d’oxymores tels que « maximalisme minimaliste », « simplicité complexe » ou « stase dynamique ». Certains de ses opus explorent des structures élaborées à partir d’un unique demi-ton, déployé avec une densité extrême et une précision mathématique. Ses œuvres, souvent perçues comme des rituels sonores hypnotiques, suspendent la perception du temps et de l’espace chez l’auditeur.
Le label belge Megadisc Classics a consacré quatre albums monographiques à son œuvre entre 2004 et 2010 — Cum essem parvulus, Twittering Machine, Form is Emptiness, Musica Falsa —, soulignant la singularité de sa démarche compositionnelle. Sa musique a été interprétée par des interprètes et ensembles de renommée internationale, en Lituanie comme à l’étranger : Arne Deforce, Anton Lukoszevieze, Manuel Zurria, Robert Fleitz, Tuomas Pyrhönen, Ewa Liebchen, Nobutaka Yoshizawa, Erik Carlson, Susanna Phillips, Helena Bugallo, Amy Williams, The Hilliard Ensemble, Court-Circuit, Pierrot Lunaire, Apartment House, The New York Miniaturists Ensemble, le New Vocal Music Collective Mélos, entre autres.
Source : Centre d’information musicale de Lituanie (Music Information Centre, LT).
Note d’intention
Cette œuvre s’inscrit dans le prolongement de mes recherches récentes sur les rapports entre structure et contingence dans le processus compositionnel. Elle interroge la manière dont des paramètres strictement organisés — tels que la hauteur ou le rythme — peuvent coexister avec des éléments relevant de l’intuition ou d’une logique post-systématique.
J’y explore l’application d’une progression numérique rigoureuse, destinée à engendrer une transformation extrêmement graduelle de certains paramètres musicaux. Cette approche vise à produire un continuum perceptif dans lequel le changement s’opère à un niveau presque imperceptible, favorisant une écoute immersive.
Le titre de la pièce reprend le terme rhétorique circulatio, emprunté au vocabulaire de la musique baroque. Cette figure mélodique repose sur l’idée de rotation ou de mouvement cyclique – traditionnellement définie comme une ligne qui monte et descend en boucle. Cette notion trouve ici une résonance formelle dans la structure de l’œuvre, construite autour de cycles rythmiques en accélération/décélération progressive et de lignes ascendantes continues.
Par ailleurs, l’étymologie du mot circa (latin pour « environ », « à peu près ») ajoute une dimension supplémentaire : elle suggère une tension fertile entre précision et approximation, entre rigueur formelle et liberté expressive, entre cohérence systémique et ouverture éclectique.