One of today’s most exciting artists, Singaporean composer Diana Soh is based in Paris and works across a wide range of disciplines—from chamber and orchestral music to dance, film, choral works, and multimedia site-specific creations. Her music explores performance interactivity, theatricality, and vivid sound colour, often developed through close collaborations with performers. Known for her interest in theatre and integrating the use of technology, she often surprises her audiences and finds unique ways to address the social issues of our time in her work and “composes the impossible” (Concert Classic).
Recent highlights include The Carmen Case, a music theatre work co-commissioned by La Monnaie, La Chapelle Musicale, Gulbenkian Foundation, Théâtre du Luxembourg, and ensemble Ars Nova, staged by Alexandra Lacroix. Premiered in 2023 at Le TAP in Poitiers, it will tour to Opéra de Bordeaux and Théâtre du Luxembourg in 2024. Upcoming projects include L’avenir nous le dira, an opera for the children’s choir of Opéra de Lyon and robotised orchestra, with staging by Alice Laloy and text by Emmanuelle Destremeau, to premiere during the 2025 Lyon Festival. That same season will see a new work Songs from whence I came for electronics, mezzo Rinat Shaham, Orchestre Philharmonique de Radio France (Festival Manifeste IRCAM) and an hour long program Sous notre peau for Quatour Présages.
Vocal writing continues to be central to Diana’s work. Following Tu es Magique (Maîtrise de Radio France, Festival Présences 2022) and Ackee (Sequenza 93, Paris 2024 Olympics), she has also written La Ville-Zizi for soprano Laura Bowler, Unbroken for mezzo Rosie Middleton, and I linger lately beyond my time for soprano Claron MacFadden and Ensemble Intercontemporain (Aix-en- Provence Festival 2024). Diana will also perform with the SYC Ensemble Singers for their 60th anniversary in a new work The body electric.
2024 was a prolific year for instrumental works, with premieres including on, off and on again for solo organ (Philharmonie de Paris), And those who were seen dancing for the Arditti Quartet, and I forget to remember when I am with you, a large-scale work integrating five pieces across six organisations in the French Alps, with performances from July to October.
Earlier milestones include A is for Aiyah (Singapore Symphony Orchestra, 2018), sssh (Mettis Quartet, Aix 2018), and Zylan ne chantera plus, a monodrama with Yann Verburgh staged by Richard Brunel (Opéra de Lyon “hors les murs”, 2021). Diana was composer-in-residence at La Muse en Circuit (2012–13), Divertimento Ensemble (2019), and Opéra de Bordeaux (2023–24). Her monographic CD Still, Yet, And Again (Stradivarius) was released in 2019.
Her works have been broadcast on BBC Radio 3, France Musique, RAI, WDR, and ORF, and performed by Ensemble Intercontemporain, Klangforum Wien, Arditti Quartet, Ensemble CourtCircuit, Schallfeld Ensemble, and more. She collaborates with artists including Elise Chauvin, Emmanuelle Ophèle, Jean Rondeau, James McVinnie, and conductors Jean Deroyer, Pierre-André Valade, Fabien Gabel, Lucie Leguay and Sofi Jeannin.
Diana studied in Singapore, the USA, and France, and has worked with Ferneyhough, Sciarrino, Eötvös, Rihm, and Furrer. She received Singapore’s Young Artist Award (2015), the Impuls Composition Prize (2017), and SACEM’s Francis and Mica Salabert Prize (2021). She was composer in residence at Opera de Bordeaux during the 2023/2024 season and will be visiting professor and composer in residence at the University of Toronto for autumn 2025.
- updated January 2025
CREATION
19/06/2013, Paris, Ircam, Espace du Projection, ManiFeste. Par l'Ensemble Court-Circuit.
NOTICE
J’ai toujours accordé beaucoup d’importance à la présence physique de mes interprètes et à tout ce qui ne peut être transmis à l’oral, mais seulement ressenti au travers des gestes ou de l’aura : le langage du corps. Le musicien offre un spectacle fascinant, et pas uniquement sonore. Pourquoi, en effet, continue-t-on d’aller au concert aujourd’hui, alors qu’on peut écouter de la musique dans son salon, avec une chaîne Hi-Fi 5.1 ? Qu’est-ce qui nous fait nous lever de notre canapé pour faire l’expérience de la musique en concert ?
On dit que toute médaille a son revers, mais, quel que soit le degré de dualité et/ou de duplicité — ici entre le « voir » et l’« entendre » —, nous considérons toujours les deux faces comme un tout. C’est à cette dualité du geste musical que je veux me confronter ici, grâce à un dispositif de suivi de mouvement. J’ai voulu interroger, du point de vue compositionnel, le lien entre l’action qui produit un son et le son qui nourrit les actions — théâtre de sons et sons de théâtre. Le recours à la technologie n’est nullement une manière d’effacer l’humain mais, au contraire, un moyen de redonner à l’interprète autonomie et autorité sur les processus électroniques. Dans Arboretum : of myths and trees, la chanteuse « interprète » l’électronique : quoi qu’elle fasse, à la fois physiquement et musicalement, cela aura une influence sur la partie électronique.
La soprano est donc une figure centrale — tour à tour soutenue et contredite par l’ensemble. En tant que corps musical, en tant qu’instrument de musique, sa mécanique reste secrète, mais elle n’en incarne pas moins un personnage, en même temps que le texte qu’elle chante. C’est cette mécanique secrète que la capture de geste permet d’explorer. J’ai noté et composé une série de gestes que la chanteuse doit exécuter en plus de son chant. Si tout est écrit, c’est elle qui contrôle (interprète), grâce à ses mouvements de main, l’exécution des traitements électroniques sur la harpe et le piano, tandis que les sons de la flûte sont un prolongement de ce qu’elle chante.
Naturellement, l’écriture de la musique comme des gestes est subordonnée à l’état psychologique des personnages du mythe qui sert de support à la pièce : Daphné et Apollon. Ce mythe est bien connu : pour se venger des railleries d’Apollon, Eros le fait tomber amoureux de la nymphe Daphné, tout en suscitant un dégoût total chez cette dernière. Pour échapper aux assauts du Dieu, Daphné se transforme en laurier.
La version qu’en donne Jamie R. Currie – écrivain, poète, philosophe et musicologue anglais — est une narration moderne, plus ou moins abstraite. En écrivant, il avait à l’esprit la statue qu’en a tiré Gian Lorenzo Bernini (1598-1680) en 1625, que l’on peut voir aujourd’hui à la villa Borghese à Rome : le geste d’Apollon, prêt à toucher Daphné, la moue de dégoût, le cri silencieux qui apparaît sur le visage de celle-ci, la jeune fille effarouchée déjà à moitié métamorphosée.
Arboretum est un terme botanique qui désigne une collection d’arbres destinés à l’étude scientifique. Ici, c’est une métaphore pour la forme de la pièce qui présente trois versions du mythe. Qu’ont en effet en commun arbres et mythes, sinon une structure, et un inlassable développement arborescent. Les figures du mythe sont protéiformes et inconstantes : chaque époque projette sur elles ses propres nuances et métaphores pour mieux illustrer les enjeux sociétaux du jour. Le mythe me sert ici à la fois de caisse de résonance et de métaphore du réel : son choix est donc à la fois sans importance (j’aurais pu en choisir un autre) et absolument crucial car il confère à l’œuvre sa cohérence et sa forme.
La pièce est en trois parties, chacune offrant une perspective différente sur la scène — dans un langage et une syntaxe différents également.
Dans la première partie, Apollon rêve — j’en fais quant à moi un ivrogne, accoudé au bar, tentant de dissoudre ses problèmes dans l’alcool. Vient ensuite la fuite de Daphné : le texte est au présent, remémoration de la poursuite, discours affolé, mots précipités, sans grand souci de sens. Dans la troisième et dernière partie, c’est le chant du laurier : on n’entend plus que les craquements de l’arbre, seule voix qui reste à la pauvre Daphné — crissement des racines et des branches, bruissement des feuilles.
Le mythe d’Apollon et Daphné n’est pas pour moi une histoire d’amour éternel, mais bien plutôt une histoire de possession et d’éternels regrets.
Diana Soh, propos recueillis par Jérémie Szpirglas, ManiFeste 2013.
I linger lately beyond my time est une réponse libre à Eight Songs for a Mad King de Sir Peter Maxwell Davies avec un livret de Randolph Stow basé sur les mots de George III.
Notre version, avec le texte de James R. Currie et la musique de Diana Soh, permet d'entrer dans le monde de son épouse et en contrepartie de la reine Charlotte.
Sa vie de régente a marqué le passage au monde moderne, un monde où l'appel à la libération est omniprésent et où, pourtant, partout sur scène (au nom du progrès et de la libération de l'art), les femmes sont montrées comme des folles.
Comment écrire un texte sur quelqu'un qui essaie de tenir le coup ?
Et comment écrivez-vous de la musique sur la raison et sur la remise en question de l'hypothèse selon laquelle il s'agit toujours d'états extrêmes ? C'est ce que nous nous efforçons de faire.
Co-commande du Festival d'Aix en Provence et de l'Ensemble Intercontemporain, ce concert monologue sera interprété par Claron McFadden et l'Ensemble Intercontemporain le 5 juillet 2024 à l'Hôtel Maynier d'Oppède dans le cadre du Festival d'Aix-en-Provence 2024.